Le passage

Prologue

       Noir, il faisait noir et mes yeux, qui étaient censés voir ne voyaient rien. Le noir total, le noir abyssal, impossible de s'y retrouver, impossible à surmonter. Juste le noir, le noir absolu. La panique envahit chacune des cellules de mon corps, je ne voyais rien, rien de rien, ou suis-je ? je fermais les yeux, calme. il fallait que je me calme. je tendis alors l'oreille, si mes yeux ne marchaient plus, mes oreilles si. Je me concentrais intensément, et ne bougeais plus. J'attendis, j'attendis peut-être 5ans ou peut-être simplement 5minutes, ma concentration était telle que ma notion du temps disparue. Ma vie ne se résumait plus qu'à écouter. Écouter pour se sortir de là, écouter pour ne pas se perdre. Et puis..., un pas, puis deux... mes oreilles se dressèrent et je rouvris les yeux. Soudain quelqu'un appela, je sursautais, qui étais-ce ? Etais-ce moi que l'on appelait ? Mais, étrangement je ne me rappelais pas avoir un jour eu un nom. Je ne me souvenais que d'une chose : personne ne devait approcher la sorcière, ma maîtresse. Un couloir s'ouvrait devant moi, un couloir sombre avec, sur les murs, des tableaux montrant une scène de pendaison ou de crime, ses tableaux auraient effrayé n'importe qui, pas moi, j'avais une mission et j'allais l'accomplir. Soudain, au bout du couloir, une lumière, pale et tremblante. Cette lumière portée par une petite humaine très mignonne mais que j'allais devoir tuer. Puis apparu soudain, derrière la petite, quatre loups : l'un était bien bâti et avait un pelage blanc ivoire, celui qui se tenait à côté de lui était grand mais très maigre. Cependant une lueur dans son regard m'avertit, il était rusé. Il y avait aussi une petite louve en retrait, comme si elle me connaissait. Enfin le dernier loup ou plutôt la dernière louve, car c'était une fille, elle aussi, était fine et musclée. Je voyais dans ses mouvements souples et agiles, qu'elle était sans doute possible, la meilleure chasseuse du groupe. A côté de la fille se dressait maintenant un jeune garçon blond aux yeux si clair qu'ils paraissaient blancs. Il se tenait devant la fille de manière à la protéger. Un léger bruissement d'aile. Je levais brusquement la tête et vis une minuscule mésange, un bon goûter semble-t-il. Ensuite, un garçon aux cheveux marron en bataille fit son apparition. Mais combien étaient-ils au juste ? mes chances de victoires raccourcissaient à chaque nouvelles entrées. Puis la jeune fille du tout début prit la parole, dans ma langue ce qui me surpris beaucoup :

« Cœur d'argent, nous sommes tes amis, tu te souviens ? »

Cœur d'argent... ça devait être mon nom. Mais, non... Je ne me souvenais de rien, et je pense qu'elle essayait de m'ensorceler pour que je la laisse passer. Hors de question ! La maitresse avait demandé à être tranquille :

« Je ne vous connais pas, La sorcière, veut être tranquille et vous n'allez certainement pas rompre cette tranquillité. » Assenai-je d'une voix coupante et dure. Je m'assis et lovais ma queue autour de moi pour appuyer mes paroles.

La louve qui était en retrait tressaillit et son regard, quand je le croisais, avait une teinte vert gris mais au fond, une tristesse infinie. Ce fut juste avant qu'une pierre ou autre chose me tape l'arrière de la tête. Une tête se pencha au-dessus de moi : le loup blanc, il semblait désoler. Puis autre choc, plus violent cette fois. Choc brutal, mais ce n'est pas cela qui m'acheva. Je ne me rappelais pas, et pourtant j'avais l'impression de connaître ses individus et en ce moment un seul mot flotta dans ma conscience avant que je ne sombre dans l'abîme de l'inconscience : trahison . Trahison...