𝕊𝕙𝕚𝕟𝕖 for me (ℳ𝒾𝓃𝓁𝒾𝓍 )

Chapitre 5

Felix

Les clairs obscurs des rayons de lune confèrent à son profil une beauté mythique. Un nez droit digne d'une statue. Une bouche aux lèvres parfaitement dessinées. Une mâchoire fine. Minho n'est pas seulement beau... il est l'incarnation de la beauté. Qu'il sourit, qu'il soit agacé. Qu'il soit attentif ou dans ses pensées. Qu'il ait la peau sèche ou perlée de gouttes de sueur. Qu'il soit maquillé, comme lors de son arrivée à l'aéroport, ou qu'il soit la peau nue, comme maintenant.

Il est tellement beau que je peine à croire qu'il soit réel. Peut-être n'est-il qu'une invention de mon esprit ? Cela expliquerait pourquoi beaucoup ne le voient pas. Leurs regards glissent sur lui comme s'il n'était qu'un anonyme dans une foule dense.

Comment est-ce seulement possible ? Je ne comprends pas. Je ne conçois pas qu'on ne puisse pas le voir. Parce que je le vois. En permanence. Partout. Et sa beauté n'est pas la seule responsable ! Il possède une prestance folle. De l'humour. Il est aussi très humble. Et drôle. Et doué dans ce qu'il fait. Et très drôle, aussi. Et musclé. Et sexy. Et classe. Et drôle, vraiment drôle !

Et bon sang, ce petit sourire en coin lorsqu'il sort un beau mot ! Il me remplit de joie et de félicité : à ses côtés, j'ai l'impression de briller.

— Quoi ? J'ai quelque chose sur le visage ?

Il bat des paupières, chasse une poussière imaginaire de sa joue dans un geste très félin : en grattant du bout des doigts, plusieurs fois. S'il se comporte comme ça pendant deux mois, mon cœur ne va jamais tenir. Je ne vais jamais tenir.

— Cute ! murmuré-je, attendri malgré moi.

— Qui, moi ? Je suis pas cute ! Tu sais qui est cute ? Mes chats. Ils sont très cutes.

Il se tourne subitement vers moi, inquisiteur.

— Tu te souviens de mes chats, n'est-ce pas ? s'enquiert-il en secouant ses baguettes. Je t'en ai parlé cet après-midi.

— Oui, je me souviens. Tu en a... deux, c'est ça ?

Ses yeux s'arrondissent autant que sa bouche. Outré, il claque la langue.

— Deux ? J'en ai trois ! Tu ne m'écoutais pas ou quoi ? Pourtant, c'est toi qui voulais à tout prix parler ! Tu sais quoi ? Je ne te dirais plus rien.

Un rire monte dans ma gorge, qui s'éteint avant de sortir (heureusement !) lorsque je constate qu'il ne plaisante absolument pas. Il a l'air sincèrement et profondément choqué.

OK, Felix, note bien ça : les chats sont un sujet sensible avec Minho. Mais puisqu'il est lui-même un chat, ça tombe sous le sens.

Sauf que maintenant, je ne sais plus comment faire pour relancer la conversation. Il mange en silence, penché sur le tupperware, les yeux perdus dans le vague. Mes deux tentatives de lui parler se heurtent à un mur. Meurent dans le bruit du ressac. Je n'insiste pas : déjà qu'il n'a pas l'air de m'apprécier, si en plus je deviens lourdingue...

Peut-être que j'ai fait quelque chose pour lui déplaire. Peut-être qu'il préférerait juste une tente seul. Ou peut-être qu'il n'a simplement pas envie de nouer de liens affectifs avec ses collègues.

Il faut que je lui demande ses limites.

— Minho...

Il pivote à demi vers moi avant de se détourner aussitôt.

— Si tu as fini de manger, je vais rendre les boîtes.

Sans attendre ma réponse, il s'empare des deux tupperwares et détale à petits pas rapides.