Chapitre III : ombre dissimulée.

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PDV Madeleine :

Un sifflement continu résonne dans mes oreilles, m'empêchant de me concentrer sur mon interlocuteur. Les yeux larmoyants de fatigue, je frotte mes paupières du revers de ma main afin de me maintenir réveillée. Cette nuit ne m'a pas accordé un sommeil réparateur. Archie s'est réveillé plus de fois que d'habitude, pleurant et tremblant dans mes bras.

J'ai passé des heures à me questionner sur l'événement qui aurait pu déclencher une nouvelle crise. J'ai passé en revue les derniers jours, mais je ne comprends pas pourquoi les cauchemars refont continuellement surface.

Heureusement, après plusieurs heures de crises, Archie a fini par se rendormir.

Mais ce ne fut pas mon cas.

— Encore une nuit difficile ? me demande Madame Bunet, la psychologue d'Archie.

Sa question me force à détourner le regard d'Archie qui dessine calmement sur la table près de nous. Je ne m'étais même pas rendu compte que je le fixais. Depuis qu'il a été kidnappé, j'ai beaucoup de mal à le laisser sans surveillance.

Même l'instant de quelques secondes.

— En effet, je suis désolée, je m'excuse poliment, légèrement gênée de ne pas l'avoir écoutée. Ce sont les cauchemars d'Archie qui sont revenus cette nuit.

Malgré ses nuits agitées, Archie est étrangement éveillé et de bonne humeur. Je suis étonnée qu'il soit aussi dynamique aujourd'hui. Habituellement, après une nuit comme celle-ci, c'est compliqué pour lui de ne pas somnoler dans la journée.

— Je m'inquiète pour lui, je me confie en baissant le ton afin de ne pas attirer l'attention d'Archie. Il ne me parle toujours pas. Il se réveille régulièrement la nuit et peine parfois à se rendormir. J'ai essayé d'écouter vos conseils, et j'ai mis en place des routines strictes pour qu'il ne soit pas perturbé. Mais j'ai l'impression que chaque jour est pire que le précédent.

Au début des thérapies, j'étais persuadée que ce serait l'histoire de quelques semaines. J'ai pensé que, petit à petit, les cauchemars disparaîtraient et que cela ne serait qu'une passade. Nous redeviendrons une famille, et pourrions reprendre notre vie passée. Mais malgré le temps qui passe, je ne vois aucun changement.

— Ah, et aussi, je dis en me souvenant d'un détail important, les cauchemars ne sont plus les seules choses étranges désormais. Archie m'a donné ceci hier soir, je dis en lui tendant le dessin qu'Archie m'a offert dans la salle de bain.

Madame Bunet tend une main pour attraper le dessin, ne prononçant pas le moindre mot.

— Je ne sais pas s'il s'agit d'un message qu'il essaye de me faire passer, ou d'un simple dessin... mais j'ai pensé qu'il serait préférable de vous en avertir.

J'observe son visage fermé, l'angoisse me nouant l'estomac. Je ne suis pas sûre qu'elle prenne très au sérieux cette nouvelle habitude d'Archie, je n'arrive pas à lire en elle.

— Je me suis mise à regarder par la fenêtre pour voir si quelqu'un nous observait, j'avoue, mal à l'aise. J'ai verrouillé quatre fois la porte d'entrée au cas où je me serais ratée la première fois. J'ai l'impression d'être constamment observée, je souffle avant de laisser un rire nerveux m'échapper. Je crois que je suis en train de devenir folle. Ce dessin m'a complètement rendue parano. Je souffle en me massant les tempes, avant de laisser un rire frustré m'échapper. Vous allez penser que je suis naïve, n'est-ce pas ?

La psychologue ne dit rien pendant plusieurs secondes. Elle glisse le dessin sur la table qui nous sépare avant de se redresser pour m'observer.

— Parlons un peu de vous, si vous le voulez bien.

HEARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant