Chapitre 9

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Gianni

La salle de réunion est imprégnée d'une tension sourde, presque oppressante, qui pèse sur chaque personne assise autour de la longue table en acajou. Des visages fermés, des regards sévères. Mon père – Vincenzo Moretti, que je ne nomme jamais autrement que "père" – se tient à l'autre bout de la table, silencieux, le visage impassible mais ses yeux, eux, flambent de colère froide.

Il prend la parole sans préambule, sa voix résonne, claire et tranchante comme une lame. « Dante a compromis notre stratégie. Son impulsivité nous coûte cher. »

Un silence suit, lourd, appuyé. Mon frère Lorenzo, assis à ma droite, est le premier à briser cette accalmie tendue. Sa voix est basse mais précise, presque mécanique, comme s'il détaillait un problème technique : « L'attaque de Dante an mis en péril l'entrepôt de Carlos que nous avions mis sous surveillance. Nous avions une chance d'attraper Carlos en restant discrets, mais maintenant, nous sommes vulnérables. » Lorenzo s'arrête un instant, comme pour mieux mesurer ses mots avant de poursuivre. « Deux de nos  hommes ont été capturés. Ils pourraient révéler des informations sensibles sur nos transactions financières, les emplacements de nos stocks, et même nos prochaines connexions d'armes. »

Je capte les regards échangés entre les Ferrari et les Bianchi, les sourcils froncés, les mâchoires serrées. Les alliés ne cachent pas leur frustration. Dante, lui, reste silencieux, la tête baissée, l'esprit visiblement absent. Depuis quelque temps, sa consommation de drogue s'intensifie, et cela se lit dans ses yeux rougis, dans ses gestes nerveux. Je me demande si, dans sa tête embrumée, il réalise seulement l'étendue de sa faute.

L'atmosphère est glaciale, chaque mot s'enfonce dans l'air lourd de cette pièce lambrissée, où les murs, ornés de tableaux anciens, semblent renfermer tous les secrets de notre famille. Je sens la colère gronder en moi, se mêler à l'agacement de voir cette situation nous glisser entre les doigts à cause de l'irresponsabilité de Dante, décuplée par son besoin incessant de se détruire.

Je me redresse légèrement, lançant un coup d'œil à mon père, puis aux autres autour de la table. « Je vais m'occuper de cet homme que nous avons retenu. Je me rends à l'entrepôt. » Mon ton est froid, tranchant. Il n'y a rien à ajouter.

Père acquiesce d'un bref mouvement de tête, mais je perçois toujours la lueur de désapprobation dans ses yeux quand il se tourne vers Dante. Le message est clair, et Dante le comprend : ici, les erreurs se paient chèrement.

La réunion prend fin dans une tension palpable, Vincenzo levant un regard accablé sur Dante, la déception marquée dans chacun de ses traits. Je me lève sans un mot, mes pensées enchaînant déjà le plan d'action nécessaire pour rectifier les erreurs de mon frère. Matteo se tient derrière moi, impassible, prêt à agir.

Sans un regard en arrière, je quitte la pièce, suivi de Matteo. À l'extérieur, une voiture noire nous attend, silencieuse et discrète, prête à nous emmener à l'entrepôt où le prisonnier de Carlos est retenu depuis un mois. Je monte à l'arrière, Matteo me suivant de près et refermant la portière derrière lui.

Nous roulons en silence, la ville s'effaçant peu à peu dans le rétroviseur alors que la voiture s'aventure dans des quartiers de plus en plus sombres et délabrés. Le ronronnement du moteur berce le silence tendu, chacun plongé dans ses pensées. Matteo garde son calme habituel, tandis que la frustration de cette journée me pèse.

Le chauffeur finit par s'arrêter devant un entrepôt isolé. Le bâtiment, avec ses murs sombres et son odeur d'humidité, s'impose comme une ombre menaçante, éloigné des regards indiscrets. Un endroit dédié aux secrets et aux silences.

Je descends de la voiture et m'avance d'un pas résolu, Matteo à mes côtés, prêt à m'assister. Dans cet entrepôt, une vérité se cache, et je suis déterminé à l'extraire, coûte que coûte.

The Moretti Legacy : Entwined in blood Où les histoires vivent. Découvrez maintenant