The Moretti Legacy : Entwined in blood

Chapitre 10

Paloma

Le premier son que j'entends est celui de mon réveil strident, coupant le silence de ma chambre encore plongée dans la pénombre. D'une main lasse, j'attrape mon téléphone sur la petite table de chevet et j'éteins l'alarme. Pendant un instant, je reste allongée, les yeux mi-clos, écoutant le bourdonnement lointain de la ville qui se réveille elle aussi. L'air est encore frais, et je prends une grande inspiration avant de repousser la couverture et de me lever.

Je me dirige vers la salle de bain, laissant la lumière tamisée inonder la pièce. Le miroir reflète mon visage légèrement marqué par la fatigue, mais je ne m'attarde pas sur mon reflet. Je prends une douche rapide, l'eau chaude dénouant les muscles tendus de mon corps. Les pensées commencent à s'éparpiller dans mon esprit, mes réflexions s'égarent sur la journée à venir.

Chaque matin, la même question s'impose : combien de fois vais-je croiser son regard aujourd'hui ? Ce regard glacial qui me laisse un goût amer à chaque fois. Je secoue la tête pour chasser cette pensée, refusant de laisser Monsieur Gianni envahir mes pensées dès l'aube. Je dois rester concentrée, forte.

Je me maquille ensuite, optant pour un maquillage simple mais soigné. Un fond de teint léger, une touche de mascara pour ouvrir mon regard, et un peu de baume à lèvres pour un effet naturel. Mon uniforme est déjà prêt, soigneusement repassé la veille. Je l'enfile, ajustant le col et lissant les plis de la jupe.

Avant de quitter ma chambre, je passe un dernier coup de brosse dans mes cheveux et inspire profondément. Le parfum familier du café que ma mère prépare déjà emplit l'air, apportant un réconfort silencieux. Je me dirige vers la cuisine, un léger sourire aux lèvres, prête à commencer la journée, même si le poids de celle-ci commence déjà à se faire sentir.

Je sors de ma chambre et trouve ma mère déjà assise à la table, une tasse de café fumant entre les mains. Ses yeux, fatigués mais bienveillants, se posent sur moi. Je lui souris doucement.

« Buenos días, mamá » ("Bonjour maman"), dis-je en m'approchant pour déposer un baiser sur sa joue.

« Buenos días, mi niña » ("Bonjour ma fille"), répond-elle avec un sourire léger. Son regard se voile un instant, une lueur d'inquiétude que je connais trop bien. Je la rassure d'un geste avant de prendre une gorgée rapide de café et de ramasser mes affaires.

Je sors de la maison, et l'air frais du matin me frappe doucement. Le soleil commence à s'élever, projetant une lumière dorée sur la rue encore tranquille. Bella m'attend déjà, appuyée contre sa voiture, un sourire éclatant aux lèvres. Ses cheveux bruns sont attachés en une queue de cheval haute, et ses yeux pétillent de cette joie de vivre qui m'a toujours fascinée.

Bella est la première amie que j'ai eue en arrivant aux États-Unis, et depuis, nous sommes inséparables. Je me souviens de notre première rencontre, quand je parlais à peine l'anglais et que tout me semblait étranger et hostile. Bella, avec son sourire chaleureux et sa capacité à rendre chaque instant léger, avait été la première à m'accueillir sans jugement. Elle m'avait aidée à m'intégrer, m'avait appris les subtilités de la langue, et m'avait même défendue plus d'une fois quand certains se moquaient de mon accent.

« T'es prête pour une autre journée de folie ? » lance-t-elle, taquine, en ouvrant la portière passager pour moi.

« Aussi prête que possible, » je réponds en riant, glissant sur le siège. La voiture démarre, et la chanson "New Rules"  de Dua Lipa commence à résonner doucement à travers les haut-parleurs, un vieux morceau entraînant qui me rappelle nos escapades durant notre adolescente.

« Tu te souviens de cette chanson ? » demande Bella, augmentant le volume et se mettant à chanter avec exagération. Sa voix faussement dramatique me fait éclater de rire.