Amélia ferma la porte du sous-sol d’un coup sec, son cœur battant si fort qu’elle avait l’impression qu’il allait exploser. Les ténèbres de cette maison semblaient vouloir la dévorer toute entière. Ses mains tremblaient encore en tournant le verrou, comme si cela pouvait réellement la protéger de ce qu’elle venait de voir. L’ombre… ce murmure… tout cela n’avait rien d’humain. Mais c’était réel. Trop réel.
Elle se laissa tomber sur une chaise dans le salon, tentant de reprendre son souffle. Les souvenirs des dernières minutes tourbillonnaient dans son esprit : le cercle, l’amulette, cette chose qui l’avait regardée comme si elle la connaissait depuis toujours.
Elle sortit la lettre qu’elle avait trouvée dans la boîte. Son pouls s’accéléra à nouveau alors qu’elle relisait les mots, essayant de trouver un indice. Mais l’écriture soignée ne lui donnait aucune réponse. Elle avait encore l’impression que tout cela n’était qu’un puzzle, chaque pièce la menant un peu plus profondément dans un mystère qu’elle n’avait jamais cherché à résoudre.
Amélia se leva finalement, incapable de rester immobile plus longtemps. Elle devait comprendre ce qu’il se passait ici, avant que cette maison ne la fasse sombrer dans la folie. Ses pas la menèrent vers la bibliothèque familiale, une petite pièce à l'arrière de la maison où son père passait des heures à lire. L’endroit sentait toujours le papier ancien et le cuir, des parfums rassurants dans cette atmosphère oppressante.
Les étagères ployaient sous le poids de livres épais, beaucoup d’entre eux étant des ouvrages d’histoire, de mythes et de légendes locales. Elle n’y avait jamais vraiment prêté attention quand elle était enfant. Mais maintenant, elle savait que les réponses pouvaient être là, cachées entre ces pages jaunies par le temps.
Son regard s’arrêta sur un livre particulier, différent des autres. Une couverture en cuir noir, usée par les années, sans titre. Il était placé en hauteur, presque caché derrière d’autres ouvrages plus récents. Amélia dut se hisser sur la pointe des pieds pour l’attraper. Dès qu’elle l’eut en main, elle sentit une étrange énergie émaner du livre, comme si quelque chose de sombre était emprisonné à l’intérieur.
Elle l’ouvrit avec précaution, dévoilant des pages couvertes de symboles étranges, semblables à ceux qu’elle avait vus dans le sous-sol. Ses doigts glissèrent sur les illustrations inquiétantes, des cercles tracés à la main, des invocations en latin, et des créatures qui ne semblaient appartenir à aucune réalité connue. Amélia frissonna. Ce livre n’aurait jamais dû être ici.
Une page attira soudain son attention. Elle montrait une amulette identique à celle qu’elle avait vue en bas, entourée de flammes et de figures sombres. Au bas de l’illustration, une phrase en latin était inscrite : “Umbra domus revelatur, et sacrificium requiritur.”
Même sans une connaissance approfondie du latin, elle comprit rapidement le sens des mots : “L’ombre de la maison se révèle, et un sacrifice est nécessaire.”
Son cœur manqua un battement. Un sacrifice ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? Ses pensées se bousculaient, essayant de trouver une logique dans cet enfer. Tout dans cette maison pointait vers un secret caché, une vérité bien plus sombre qu’elle ne l’avait imaginé.
Alors qu’elle refermait le livre, un bruit de pas légers résonna dans le couloir. Amélia se figea. Cette fois, ce n’était pas une ombre, ce n’était pas un murmure distant. Quelqu’un—ou quelque chose—marchait dans la maison. Les pas étaient lents, calculés, comme si la présence voulait qu’elle sache qu’elle n’était plus seule.
Le bruit se rapprochait, venant de l’entrée. Amélia, la gorge nouée, serra le livre contre elle. Elle jeta un coup d’œil rapide autour de la bibliothèque, cherchant une cachette ou une arme, n’importe quoi qui pourrait la protéger. Ses yeux se posèrent sur une lourde lampe en métal posée sur une table. Elle l’attrapa d’une main tremblante, espérant ne pas avoir à s’en servir.
Les pas s’arrêtèrent juste devant la porte de la bibliothèque.
Amélia retint son souffle. Le silence qui s’installa était encore plus oppressant que le bruit des pas. Elle se tenait là, au milieu de la pièce, le cœur battant à tout rompre, prête à affronter ce qui allait entrer. La poignée de la porte se tourna lentement, et la porte s'ouvrit avec un léger grincement.
Mais personne n’entra.
L’ouverture béante ne laissait voir que l’obscurité du couloir. Amélia attendit, pétrifiée, que quelque chose apparaisse. Mais rien. Elle s’avança doucement, la lampe toujours en main, jusqu’à la porte. Elle jeta un coup d’œil dans le couloir désert.
Il n’y avait personne.
Et pourtant, elle savait qu’on l’observait.
Elle fit un pas dehors, le livre toujours serré contre elle. Le couloir s’étendait dans une obscurité oppressante, chaque coin plongé dans les ténèbres. Mais quelque chose attira son regard. Au bout du couloir, une faible lumière brillait sous la porte de la chambre de ses parents. Cette porte qu’elle avait laissée fermée en quittant l’étage.
Amélia sentit une nouvelle vague de frissons l’envahir. Elle ne voulait pas y retourner, pas après ce qu’elle avait vu plus tôt. Mais quelque chose semblait l’appeler, l’attirer vers cette chambre. Un murmure, presque imperceptible, flottait dans l’air.
— Amélia…
Cette voix. Douce, distante. Elle semblait venir de très loin, peut-être d'un rêve oublié. Mais elle la reconnaissait. C’était la voix de sa mère. Ses jambes bougèrent avant même qu’elle ne puisse réfléchir. Elle monta les escaliers, ses pieds glissant légèrement sur les marches, ses yeux fixés sur cette lumière qui émanait de sous la porte.
Quand elle atteignit la chambre, elle se retrouva face à cette lumière douce, dorée, qui illuminait la pièce. À l'intérieur, tout était étrangement calme, presque paisible. Amélia entra, laissant la porte se refermer derrière elle.
Au milieu de la chambre, une silhouette l’attendait.
C’était une femme, vêtue d’une robe blanche, dos tourné à Amélia. Ses longs cheveux bruns tombaient en cascade le long de son dos, et même si elle ne pouvait voir son visage, Amélia la reconnut immédiatement.
— Maman ?
La silhouette ne bougea pas, mais Amélia sentit les larmes monter à ses yeux. Tout en elle voulait croire que c’était sa mère, que tout cela n’était qu’un mauvais rêve, que la maison ne cachait rien d'autre que des retrouvailles. Mais alors que la femme commença lentement à se tourner vers elle, Amélia comprit que la vérité était bien plus effrayante que cela.
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L'ombre de la maison oubliée
HororSa parle de deux fille prénommé Amelia et Aline dans L'ombre de la maison oubliée