La silhouette se tourna lentement vers Amélia, mais quelque chose n’allait pas. Ce n’était pas sa mère, du moins pas celle qu’elle se souvenait. Le visage de la femme était flou, comme un reflet dans un miroir brisé, ondulant et changeant à chaque instant. Une partie d’elle semblait humaine, mais l’autre... était autre chose, quelque chose qui n’aurait jamais dû exister dans ce monde.
Amélia sentit son cœur se serrer, l’effroi montant en elle comme une vague insurmontable. Ses jambes refusaient de bouger, comme figées par une force invisible, la clouant sur place face à cette apparition. Pourtant, une partie d’elle voulait encore croire. Ce n’était qu’une illusion, un rêve, un cauchemar éveillé. Mais les ombres dans cette maison n’étaient pas des rêves. Elles étaient bien réelles.
La silhouette tendit une main vers elle, pâle et tremblante, et les lèvres de cette chose s’ouvrirent dans un murmure étouffé.
— Amélia… pourquoi es-tu partie ? murmura la voix. C’était la voix de sa mère, mais déformée, comme si elle venait de très loin, à travers des siècles de silence. Tu aurais dû rester…
Amélia recula d’un pas, secouant la tête, incapable de formuler une réponse. Elle se souvenait des disputes, des secrets que ses parents gardaient toujours enfouis, et surtout de cette dernière nuit avant leur disparition. Cette maison… elle avait toujours été un lieu de mystères. Mais jamais elle n’aurait imaginé une horreur pareille.
— Ce n’est pas toi… souffla-t-elle enfin, sa voix brisée par la peur. Ce n’est pas ma mère.
La silhouette sembla vaciller, et soudain, un changement s’opéra. Le visage flou s’étira, se déformant en quelque chose de grotesque et monstrueux. Les traits humains disparurent, remplacés par un masque de ténèbres et de terreur. L’ombre qui se tenait devant elle n’était plus une simple illusion, c’était une entité bien plus ancienne, bien plus maléfique.
Le sol sous les pieds d’Amélia se mit à vibrer légèrement, comme si la maison réagissait à la transformation de la créature. Le murmure de la voix devint un râle profond, guttural, qui résonnait dans chaque recoin de la pièce.
— Tu aurais dû rester… et te taire.
Les murs semblèrent se resserrer autour d’elle, l’air devenant lourd et difficile à respirer. Amélia sentit l’étau de la panique se refermer sur elle. Elle savait que rester ici plus longtemps serait fatal. Il fallait fuir, maintenant.
Sans réfléchir, elle tourna les talons et se précipita vers la porte. Ses doigts glissèrent sur la poignée, mais celle-ci refusa de tourner. Piégée. La maison la retenait, l’emprisonnait dans ses ombres.
— Non… souffla Amélia, désespérée. Elle tira de toutes ses forces sur la poignée, ses mains devenant moites sous la pression. Derrière elle, l’entité avançait lentement, se mouvant avec une grâce inquiétante, comme si le temps n’avait aucune emprise sur elle.
Soudain, un coup violent retentit à la porte, et cette dernière s’ouvrit brusquement. Amélia chuta en arrière, s’effondrant dans le couloir, mais au moins elle était dehors. Elle se redressa rapidement, lançant un dernier regard vers la silhouette qui restait immobile dans la chambre, son regard vide planté sur elle.
Amélia n’attendit pas qu’elle bouge de nouveau. Elle se rua vers les escaliers, dévalant les marches deux par deux, son souffle saccadé et ses pensées confuses. Qu’était cette chose ? Et pourquoi la maison semblait-elle vivante, pleine d’intentions malveillantes ? Elle n’avait jamais cru aux fantômes, aux esprits ou aux malédictions, mais maintenant, elle ne pouvait plus nier l’évidence.
En bas, le silence régnait à nouveau. Le salon était sombre, mais calme, comme si rien ne s’était passé. Le livre noir qu’elle avait laissé sur la table semblait l’attendre, ouvert à la page de l’amulette.
Amélia s’arrêta un instant, tentant de retrouver son souffle. Elle se sentait perdue, piégée dans un cauchemar dont elle ne voyait pas l’issue. La maison la tenait, elle le savait. Mais pourquoi elle ? Pourquoi maintenant, après tant d’années d’absence ?
Elle se dirigea vers le livre, le refermant avec précaution. Ce symbole, ces incantations, tout semblait tourner autour d’une chose : l’amulette. Peut-être que cet objet était la clé de tout ce qui se passait ici. Peut-être qu’elle détenait le pouvoir de briser la malédiction qui pesait sur la maison.
Mais où était-elle ? Amélia se souvenait de l’avoir vue dans le sous-sol, au centre du cercle de symboles. Elle frissonna en pensant à y retourner, mais elle n’avait pas vraiment le choix. Si elle voulait comprendre, si elle voulait survivre à cette nuit, elle devait affronter les ombres directement.
Armée de sa lampe de poche, elle prit une grande inspiration et se dirigea vers la porte du sous-sol. Chaque pas qu’elle faisait résonnait dans la maison silencieuse, comme si celle-ci retenait son souffle en l’attendant. La clé, toujours dans la serrure, tourna facilement, et la porte s’ouvrit avec un grincement sinistre.
L’escalier plongeait une nouvelle fois dans l’obscurité, et le froid qui s’en dégageait semblait plus intense que la première fois. Amélia descendit lentement, ses mains serrées autour de la lampe torche. Les murs de pierre semblaient se refermer sur elle à chaque pas, comme si la maison essayait de la dévorer vivante.
Quand elle atteignit enfin le sous-sol, la scène qui l’attendait était différente de tout à l’heure. Le cercle de symboles avait changé. Il brillait faiblement d’une lueur rouge, comme si une force invisible l’avait activé. Et l’amulette… elle n’était plus sur la table.
Amélia s’approcha prudemment, cherchant du regard cet objet qu’elle savait crucial. Mais une voix résonna soudain dans l’obscurité, claire et distincte :
— Tu cherches la vérité, mais es-tu prête à en payer le prix ?
Amélia sursauta, faisant tomber sa lampe torche qui roula jusqu’au mur, plongeant la pièce dans une semi-obscurité. Elle connaissait cette voix. Elle avait entendu ce murmure dans ses cauchemars, dans ses souvenirs oubliés.
— Qui es-tu ? demanda-t-elle, sa voix tremblante.
Un rire froid, sans joie, résonna autour d’elle. Puis une silhouette émergea lentement des ténèbres, plus distincte que l’ombre qu’elle avait vue plus tôt. C’était un homme, vêtu d’un long manteau noir, son visage à moitié dissimulé dans les ombres, mais ses yeux brillaient d’un éclat malveillant.
— Je suis celui qui a ouvert la porte, celui qui a laissé entrer l’ombre dans cette maison, répondit-il d’une voix douce, presque hypnotique. Et toi, Amélia, tu es la dernière pièce de ce puzzle.
Amélia recula, sentant l’horreur monter en elle. Qui était cet homme ? Et pourquoi semblait-il tout savoir sur elle et sa famille ?
— Qu’est-ce que vous voulez ? souffla-t-elle, terrifiée.
L’homme s’approcha doucement, un sourire cruel aux lèvres.
— La maison a faim, Amélia. Elle attend depuis des années… Elle a besoin de toi.
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L'ombre de la maison oubliée
HororSa parle de deux fille prénommé Amelia et Aline dans L'ombre de la maison oubliée