Chapitre 29 : Libérée

2 1 0
                                    

À l'heure qu'il était, Clave, Corentin et Noah devaient avoir rejoint Béatrice et Naos. Ou, du moins, Griselda l'espérait. Elle n'avait pas de moyen pour communiquer rapidement avec eux, et ça l'embêtait beaucoup.

La jeune femme avait promis à Clave de libérer Catherine de sa condition de domestique, mais elle n'avait pas encore pris le temps de s'en charger. Elle songeait à faire de la rousse son assistante, pour l'avoir toujours sous la main en cas de problème avec Arthur. Ou même en cas de problème tout court. Elle pouvait toujours aider.

Griselda recevait chaque jour des lettres de la part des Silverwood et des autres familles qui lui demandaient pourquoi elle ne venait jamais aux rassemblements, mais elle n'y répondait pas. Elle n'en avait pas l'envie, ni le courage. Elle avait toujours été vue comme l'intruse dans sa famille, non pas à cause de ses idées différentes, de sa sexualité différente qu'elle assumait complètement ou à cause de quelque chose d'autre de différent en particulier, mais juste parce que Arthur était plus doué qu'elle. Elle savait qu'elle ne pourrait jamais avoir le statut de duchesse et de chef de famille. Même si elle l'avait voulu et si elle s'était battue pour l'avoir, elle aurait perdu.

Malgré la jalousie que la jeune femme ressentait parfois envers son frère, elle l'avait toujours soutenu. Mais plus maintenant. Il allait trop loin dans sa mégalomanie. Il était temps de le stopper.

Griselda se leva de sa chaise, au grand soulagement de son dos. Elle passait son temps à travailler, penchée sur son bureau, même si elle savait que ce n'était pas la meilleure position.

Elle quitta la pièce et se dirigea vers le dortoir des domestiques, où Catherine se reposait sûrement à cette heure matinale.

La jeune femme toqua doucement à la porte, voulant à la fois annoncer sa présence et ne pas réveiller ses domestiques. Comme personne ne répondait, elle décida d'entrer. Le parquet craqua légèrement sous ses pas, mais fort heureusement, il ne réveilla personne.

Le lit de Catherine était celui du fond. Griselda s'en approcha doucement et profita du fait que la rousse était endormie pour l'observer plus en détail.

La domestique était repliée sur elle-même dans sa couchette, les genoux collés contre sa poitrine. Elle serrait son oreiller contre elle telle une peluche. Ses cheveux flamboyants étaient éparpillés autour de son visage, ressemblant à un incendie. Griselda la trouvait mignonne, assoupie ainsi. Elle lui rappelait Cerise.

"Il est temps de la réveiller."

Griselda se mit à secouer doucement Catherine par l'épaule. La domestique grogna. La jeune femme crut que la rousse n'allait pas se réveiller, mais elle finit par ouvrir les yeux.

– Dame Griselda ? marmonna-t-elle en se frottant les paupières.

– Oui, c'est moi. Je dois te parler de quelque chose. Peux-tu me rejoindre dans le salon du rez-de-chaussée ?

À la lueur de panique dans les yeux de Catherine, Griselda devina qu'elle pensait avoir fait une bêtise.

– Oui, bien sûr...

– Bien. Je t'attends en bas.

Plus tard, la rousse arriva au salon, vêtue de sa tenue de domestique. Griselda sourit.

– Bientôt, tu n'auras plus besoin de porter ces habits, annonça-t-elle.

Catherine ne parut pas comprendre les premières secondes, puis elle resta bouche bée quand elle saisit le sens des paroles de l'hôte de maison.

– C'est vrai ? s'exclama-t-elle. Vous allez me libérer ?

Griselda confirma. La rousse, soulagée, joignit ses mains entre elles. Mais son apaisement ne dura pas longtemps. Elle se souvint du chantage du duc Arthur.

– Je ne peux pas.

Griselda pencha la tête sur le côté. Elle attendait des explications.

– Monsieur Arthur sera terriblement en colère s'il apprend que je lui ai désobéi.

– Il ne peut pas venir ici.

– Je sais, mais mon frère...

Même si son visage était resté fermé, la voix de Catherine tremblait. Griselda l'invita à s'asseoir sur le canapé avec elle. La jeune femme remarqua que la domestique veillait à ne pas marcher sur le tapis lorsqu'elle s'exécuta.

– Le duc Arthur a menacé de... De tuer mon frère si je n'obéissais pas à ses ordres.

– Il fonctionne toujours comme ça...

Catherine ne parut pas rassurée.

– Je m'assurerai qu'aucun mal ne soit pas à ton frère, promit Griselda. Maintenant, il est temps de te retirer ce collier.

La rousse hocha la tête, la gorge serrée. Son hôte se leva et doucement sa main, puis elle saisit le collier. Une brume argentée commença à émaner du bout de ses doigts. Quelques secondes plus tard, il tomba au sol dans un bruit cristallin.

– Et voilà, sourit la jeune femme.

Sans prévenir, Catherine se jeta sur elle et la prit dans ses bras.

– Merci. Merci beaucoup.

Griselda lui rendit tendrement son étreinte, puis la lâcha.

– Voudrais-tu être mon assistante ? demanda-t-elle.

Catherine eut l'air étonnée, puis ravie. Elle admirait beaucoup Griselda, et elle se réjouissait à l'idée de pouvoir continuer à travailler pour elle sans devoir l'espionner.

– Avec plaisir, répondit-elle.

Mystic - FR versionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant