Chapitre 47 : Duel d'épées

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Aussitôt qu'elle posa le pied sur le sol de la cour du château, Clave le vit. Arthur la fixait intensément, patientant qu'elle s'approche de lui.

– Enfin ! Avance, jeune fille, lança-t-il.

Clave serra la poignée de son épée, et brusquement, la leva vers son adversaire.

– Déjà ? s'étonna celui-ci, cependant avec la même expression vide, immuable et froide comme le marbre qu'il arborait constamment. Ne peut-on pas discuter calmement avant cela ? Nous ne nous sommes pas vus depuis que Griselda vous a emmenée, n'est-ce pas, princesse Mystic ?

Il susurra ces derniers mots avec une moquerie évidente. Il considérait visiblement la jeune fille comme trop naïve ou trop faible pour mériter la Couronne. Mais elle allait lui prouver le contraire.

– Où est la Couronne ? demanda le père de Noah.

– Vous n'avez pas besoin de le savoir.

Il jeta un coup d'œil aux étages supérieurs du château, mais n'ajouta rien. Clave devina qu'il pouvait sentir la magie que renfermait la Couronne. Il n'aurait donc aucun mal à la récupérer si la jeune fille perdait contre lui.

– Bon..., continua-t-il. Nous savons tous les deux ce que nous voulons, et il se trouve que c'est la même chose : la Couronne.

– Faux. Je veux accomplir la mission qu'on m'a donnée.

– Comme un petit chien, donc ?

Clave se mordit la lèvre de colère, puis fit un pas en avant.

– Taisez-vous. Vous ne savez rien de ce qui me pousse à faire ça.

– C'est moi qui devrais dire ça, petite fille, gronda Arthur.

– Cette discussion ne mène à rien. Arrêtons-nous là.

– Toutes les discussions ne sont pas obligées de mener à quelque chose... Mais puisque vous le souhaitez. Je suis impatient de voir l'issue de ce combat.

Clave ne dit rien de plus.

Arthur tendit la main devant lui, et créa, sans signes visibles d'efforts, un long sabre sombre comme la nuit. Puis il fit un signe de la main, et quatre personnes, trois femmes et un homme, s'avancèrent dans la cour.

– Vos alliés contre mes alliés, et vous contre moi. Comme ça, nous sommes à égalité totale.

Clave n'avait pas le droit de refuser.

Ainsi, le combat commença. Arthur, d'un geste rapide, brandit son épée vers la jeune fille. Elle eut le temps de parer avec un fin bouclier, mais il se brisa et elle manqua de basculer en arrière. Elle recula de quelques pas, sa longue lame peu maniable pointée vers le sol. Allait-elle réellement réussir à riposter si elle n'arrivait pas à l'utiliser correctement ?

Elle la fit danser dans les airs, essayant d'atteindre son adversaire. Un coup, deux coups dans le vide. Il esquivait chaque attaque avec une agilité surprenante. De plus, il rispotait à chaque coup, et Clave peinait à l'éviter. Du coin de l'œil, elle pouvait apercevoir ses amis se battre contre les alliés du duc Arthur, et ils semblaient s'en sortir bien mieux qu'elle.

Après un long moment où la jeune fille ne cessait de tourner en rond et d'avancer pour reculer aussitôt, elle réussit à porter un coup à Arthur, lui éraflant le bras gauche. L'homme paraissait surpris, décontenancé par le fait que Clave, bien que deux fois moins puissante que lui, ait réussi à le toucher.

– Cela risque de durer plus longtemps que prévu, grogna-t-il, sa façade lisse se brisant légèrement.

À ces mots, une vague d'énergie et de motivation gagna la blonde. Avec plus de concentration, elle allait pouvoir le vaincre, une bonne fois pour toutes. Elle se mit à aller de plus en plus vite. Le duc Arthur semblait de plus en plus déstabilisé, et Clave prenait de plus en plus l'avantage sur lui. Cependant, tout bascula, inévitablement. Alors la lame noire de son adversaire lui entaillait gravement le flanc, elle réalisa qu'elle n'était toujours pas à la hauteur. Elle s'effondra lourdement, foudroyée par la douleur. Elle gémit, serrant les dents. Lorsqu'elle leva la tête vers Arthur, il lui parut plus immense que jamais.

Mais c'était une raison de plus pour le tirer vers le bas.

Sans réfléchir, Clave se redressa, et d'un geste agile bien que tremblant, planta un sabre d'or dans l'épaule d'Arthur. Puis, rassemblant toute sa force dans son bras, elle le poussa et fit pression sur la lame pour l'enfoncer le plus profondément possible dans l'épaule du duc, pour l'empêcher de bouger. Ceci lui arracha un hurlement de douleur qui fit naître chez Clave un dérangeant sentiment de satisfaction. Il était à terre, elle était debout. Avait-elle gagné ? Aussitôt, tout se stoppa. Ses alliés, tous dispersés dans la cour, s'arrêtèrent. Ils voulurent s'approcher d'Arthur, mais Clave remarqua, du coin de l'œil, Griselda qui les en empêcha en les bloquant dans une large cage ; après tout, les boucliers étaient sa spécialité.

– Clave !

Noah se précipita vers elle.

"Il n'a pas l'air d'être blessé" pensa la jeune fille, rassurée.

– Je n'arrive pas à croire que tu aies réussi ! souffla-t-il.

– Sympa...

– Non ! Je ne voulais pas le dire comme ça.

Clave mit à rire, puis la douleur lui rappela sa blessure. Elle regarda son flanc : une tâche écarlate commençait à se former sur sa chemise tel un coquelicot.

– Hé... Hé ! Clave !

Un nuage noir obstrua la vision de la blonde et elle commença à chanceler. Alors qu'elle se raccrochait désespérément à Noah, elle croisa le regard d'Arthur. Il n'exprimait presque rien, il était vide. Il semblait simplement déçu par quelque chose. Puis elle ferma les yeux.

Cependant, elle savait qu'elle avait gagné. Elle avait battu Arthur.

Mystic - FR versionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant