Chapitre 4 : Servante

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Elle se réveilla en sursaut.

Elle s'était endormie il y a quelques minutes, à moins que ce soit quelques heures... Elle ne savait plus, mais elle se souvenait par contre qu'elle s'était écroulée de fatigue et qu'elle s'était assoupie en quelques secondes. Tous ces événements l'avaient fatiguée, mais aussi mise en colère. Et puis de toute façon, elle n'avait rien de mieux à faire, si ?

À par attendre, attendre et encore attendre. Elle ne pouvait pas lire, puisqu'elle ne connaissait qu'une petite partie des lettres. Elle resta donc un long moment allongée sur les couvertures du lit à baldaquin, toujours habillée de sa robe blanche. Puis elle se rappela soudain qu'elle avait oublié d'examiner le pendentif, avant de s'endormir. Elle se leva donc et se pencha sur le bureau.

Il ressemblait à une larme tombée du ciel, de couleur azur comme les yeux de la jeune fille. Elle le trouvait très joli, elle aurait pu rester des heures ainsi à le contempler. Mais il lui semblait familier... Peut-être avait-il appartenu à quelqu'un qu'elle connaissait, ou peut-être même à elle...

"Dans ce cas, songea-t-elle, ne pourrait-il pas m'aider à retrouver la mémoire ?"

Elle le fixa de plus en plus près, dans l'espoir qu'un souvenir jaillisse des tréfonds de son esprit, mais en vain. Ça ne marchait malheureusement pas.

– J'espère que je me souviendrai de quelque chose..., murmura-t-elle.

Elle posa sa joue sur le bureau froid et resta comme ça un long moment, jusqu'à ce que l'on vienne toquer à la porte. Elle se redressa d'un seul coup et courut à la porte, croyant que c'était le duc Arthur qui était venu la chercher. Mais, à sa grande déception, la porte s'ouvrit sur une petite domestique aux cheveux roux bouclés qui s'inclina devant elle.

– Si mademoiselle veut bien me suivre.

La domestique fit demi-tour et repartit avant même qu'elle ait pu répondre. Elle attrapa juste son pendentif et se précipita à la suite de la jeune femme. Tout en la rattrapant, elle lui posa toutes les questions qui lui trottaient dans la tête.

– Où suis-je ? Qui est ce duc Arthur ? Pourquoi j'ai perdu la mémoire ?

– Je suis désolée, mais je ne peux pas vous répondre.

– Mais pourquoi ? s'écria-t-elle. Pourquoi personne ne m'explique rien, à la fin ?

La domestique resta un moment silencieuse puis finit par répondre d'une voix peinée :

– Monsieur Arthur répondra à toutes vos questions, ne vous en faites pas pour ça.

– Mais vous pouvez au moins répondre à une seule de mes questions, non ?

– Posez votre question, alors.

– Euh, d'accord... Savez-vous comment je m'appelle ?

– Non, je n'en sais rien

– Et vous, comment vous appelez-vous ? insista-t-elle.

– Vous avez déjà posé votre question.

La domestique tourna vers elle un regard qui signifiait que la discussion était close.

"Pourquoi ne veut-elle pas me répondre ?"

– De toute façon, nous sommes arrivées. Je vous laisse avec monsieur Arthur, dit la domestique.

Elle fixa un instant la jeune fille, les sourcils froncés, l'air légèrement désolée. Elle se disait sûrement que la fille en face d'elle avait l'air totalement perdue et finit par murmurer :

– Je m'appelle Catherine.

Elle tourna les talons et s'en fut sans dire un mot de plus, la laissant clouée sur place. Elle toqua donc à la porte en bois décoré qui se présenta devant elle. Mais, à l'instant où elle approcha sa main du heurtoir de la porte, une voix qu'elle reconnut comme étant celle du duc Arthur lui ordonna d'entrer. Ce qu'elle fit, non sans hésiter.

Dès qu'elle posa le pied sur la moquette rouge de la pièce, le seul élément qu'elle voyait bien dans la pièce sombre, le duc Arthur lui demanda de s'asseoir. Elle plissa les yeux, promenant son regard sur la salle, et trouva un fauteuil de velours écarlate un peu plus loin. Elle marcha lentement vers lui et s'installa dessus. Il était plutôt confortable, mais elle ne voyait pas le duc Arthur.

– As-tu le pendentif que je t'ai donné ? demanda-t-il d'une voix plate.

– Oui... Oui, je l'ai, répondit-elle, tremblante, bien qu'elle ne sache pas réellement pourquoi.

– Met-le, ordonna-t-il.

Elle l'avait serré dans sa main tellement fort que la forme de larme s'était imprimée dans sa paume. Elle l'enfila autour de son cou et dès que sa chaîne toucha la peau de sa nuque, elle chauffa, de plus en plus, que la jeune fille poussa un petit cri et voulut retirer le collier. Mais il était comme collé à sa peau : elle avait beau tirer sur le pendentif bleu qui pendait maintenant à son cou, elle ne pouvait pas l'enlever, et il lui faisait tellement mal qu'elle commença à pleurer. Les larmes coulaient sur ses joues. Elle ne pouvait plus les arrêter.

Elle aperçut, à travers les larmes, qu'un étrange tatouage s'était formé sur son épaule. Elle ne demanda même pas comment il était arrivé là ; elle avait trop mal pour réfléchir.

Elle remarqua, juste avant de s'effondrer, que le tatouage était une série de chiffres et de lettres, mais elle n'eut pas le temps de le déchiffrer. Elle tomba en avant, s'évanouissant sous la douleur, et n'entendit pas le duc Arthur annoncer :

– Dorénavant, tu es ma servante.

Mystic - FR versionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant