Chapitre 34 : Cheval

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– Cath, j'ai une bonne nouvelle pour toi.

L'assistante aux cheveux roux se tourna vers Griselda, une lueur d'espoir dans les yeux. Elle s'approcha de son hôte sans rien dire, en attente de son annonce. La jeune femme aux yeux rouges sourit doucement. Elle trouvait vraiment l'ancienne domestique mignonne.

– Thomas est en sécurité !

Catherine soupira profondément, soulagée. Son petit frère était hors de danger !

– Grâce à l'aide des Blueraven, nous avons pu cacher ta famille à Arthur. Il ne les trouvera jamais. Ce qui veut dire qu'il n'a plus de moyen de pression sur toi, continua l'ambassadrice.

Les épaules de la rousse se détendaient un peu plus à chaque mot de Griselda.

– Tu vas pouvoir les rejoindre, conclut la jeune femme.

– Quoi...? murmure Catherine, interdite.

Elle se mit à triturer sa tunique vert sapin.

– Je ne peux pas rester encore un peu avec vous ? murmura-t-elle d'une voix presque suppliante.

Soudain, Griselda parut hésitante.

– Oh, je... En fait, je comptais rejoindre les autres à la capitale. Je leur ai envoyé un pigeon voyageur dès que j'ai su que tout était réglé ici.

– Je ne peux pas venir avec toi ?

L'ambassadrice se mit à réfléchir. D'un côté, Catherine serait plus en sécurité avec sa famille qu'avec elle, mais de l'autre, et elle savait que c'était une pensée égoïste, elle ne voulait pas la laisser partir. Elles étaient devenues proches assez rapidement, et la maîtresse du manoir pouvait sentir quelque chose de spécial entre elles.

– Je ne veux juste pas te mettre en danger, Cath, se justifia Griselda. Mais le choix te revient.

Au fond d'elle, la jeune femme aux cheveux d'argent espérait qu'elles pourraient passer plus de temps ensemble. Depuis qu'elles s'étaient rapprochées, la sœur d'Arthur pensait beaucoup moins qu'avant à la mère de Noah, contrairement à avant. Quand elle y réfléchissait, Griselda considérait Catherine comme une nouvelle Cerise, à la fois pareille et différente. Ressentait-elle pour la rousse la même chose que ce qu'elle avait ressenti autrefois pour sa meilleure amie ?

– Je viendrai, répondit l'assistante. Si ça ne te dérange pas, évidemment...

Catherine jeta un coup d'œil au bureau de son hôte, où régnait un désordre de papiers.

– Et puis, ajoute-t-elle, je pense que tu pourrais avoir encore besoin de mon aide pour tout ça.

Le sourire qui apparut sur les lèvres carmin de Griselda fit écho à celui de l'ancienne domestique.

– Tu as tout ce qu'il te faut ? demanda une dernière fois Griselda.

Catherine hocha la tête.

– Dis-moi... Les autres domestiques ne seront pas en danger si on part, n'est-ce pas ?

– Tu t'inquiètes pour eux ? C'est adorable, sourit l'ambassadrice.

La rousse rougit et, gênée, se mit à danser d'un pied sur l'autre.

– Je leur ai fait prendre congé. Ils doivent être sur la route pour retourner chez eux et retrouver leur famille, à cette heure-ci.

Catherine ne répondit rien, mais son hôte la sentait soulagée.

– Es-tu déjà montée à cheval ? interrogea-t-elle son assistante.

– Je crois bien que oui, une fois, mais c'était il y a longtemps, avec ma belle-mère. Je devais avoir quatre ou cinq ans, je ne m'en souviens pas très bien.

– Cette fois-ci sera ta deuxième, alors.

La jeune fille se tut, puis eut une exclamation de joie et d'excitation.

– Nous allons rejoindre les autres à cheval ?

Son hôte confirma. Les yeux de la rousse se mirent à briller de mille feux. Griselda se surprit à les admirer avec un petit sourire attendri.

– Il est temps d'y aller. Suis-moi.

Catherine emboîta le pas à l'ambassadrice. Elles marchèrent jusqu'à un petit bâtiment annexe au manoir dans lequel l'assistante n'était jamais entrée. C'était une écurie contenant deux box, donc deux chevaux : l'un gris comme la lune, l'autre couleur crème.

– Je te présente Vif-argent et Achille, dit Griselda en caressant leur échine.

– Ils sont magnifiques, souffla Catherine, impressionnée.

– Ils sont déjà prêts, nous n'avons plus qu'à monter en selle. Tu veux que je te soutienne pour monter ?

La rousse, les joues roses, hocha la tête. Griselda lui tendit la main et l'aida à s'installer sur le dos d'Achille. Puis la sœur d'Arthur, après avoir mené le cheval hors du son box et de l'écurie, grimpa dessus avec une agilité déconcertante.

– Allons-y, déclara la jeune femme.

Elle attrapa les rênes et lança sa monture au trot. Elles s'engagèrent dans le chemin pour quitter le manoir.

– Tu devrais t'accrocher, Cath.

Catherine fit passer son grand sac de cuir sur son dos et, timidement, elle glissa ses bras autour de la taille de Griselda, puis elle se blottit contre son dos. Elle avait hâte de retrouver Clave pour s'excuser de ce qu'elle avait fait, mais surtout, elle était contente de rester avec Griselda un peu plus longtemps.

Mystic - FR versionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant