On est réveillés par un grand bruit dans la maison, et Kate qui crie que c'est bon, ça y est, c'est pour maintenant. Louis et moi sautons hors du lit, complètement éveillés comme s'il n'était pas du tout deux heures trente cinq du matin.Kate est déjà "habillée", et les sacs sont prêts, dans l'entrée, depuis un bout de temps. En fait, elle dort avec un legging et un t-shirt, donc elle n'a eu qu'à rajouter un gilet par-dessus et à prendre ses dernières affaires.
Cinq minutes après, nous sommes dans la voiture et nous nous dirigeons à grande allure vers l'hôpital. Quand nous arrivons enfin, des infirmières prennent directement en charge Kate et nous patientons dans une salle d'attente réservée aux bientôt-papas.
Ils se rongent tous les ongles, en attendant leur femme et leur bébé. Louis et moi préférons patienter en se nichant dans les bras l'un de l'autre. Louis me répète sans cesse que ça y est, c'est pour maintenant, on va être papis.
Et en effet, quelques instants plus tard, une infirmière vient nous prévenir que la petite Emma est née. Nous nous précipitons vers la salle en question pour voir Kate, un sourire épuisé sur le visage, et une petite chose entre les mains.
Les larmes nous montent aux yeux. Je crois que Louis comme moi pensons à la naissance de Kate et à l'immense joie quand nous l'avons vue dans les bras de Charlène, le gentille jeune femme qui nous a "prêté" son ventre.
On s'approche lentement, et j'effleure délicatement la peau douce, comme si je craignais de briser en morceaux notre petite fille.
"Bonjour mon petit lapin. Moi c'est papi Harry. Et à côté, c'est Grand-Papa Louis."
"Grand-Papa Louis" sourit au surnom et s'approche à son tour.
"Bonjour mon cœur. Tu es toute mignonne tu sais? Tu as les yeux de ta mère ma chérie. Et de papi Harry."
***
"Papi, papi, demande Emma brusquement, pourquoi à l'école quand je dis que j'ai pas de papa, mais que ma maman en a deux, il me disent que c'est pas possible, que ça existe pas?"
Louis se tourne vers moi. Ça y est. LA conversation. On a eu la même avec Kate quand elle était petite, mais là elle nous a lâchement abandonnée pour aller faire les soldes. D'un côté, ça nous permet d'avoir notre petite fille pour nous tous seuls, donc ça nous arrange plutôt pas mal.
"Eh bien, je commence, beaucoup de gens qui sont amoureux sont un garçon et une fille. Mais Grand-Papa Louis et moi, on est amoureux même si on est des garçons.
-Mais, nous interromps la petite tête blonde, maman elle m'a fait toute seule?
-Non, il y avait un monsieur, mais il est parti avant ta naissance.
-Pourquoi?"
Louis me regarde en se mordant la lèvre, un peu embêté.
"Je pense, commençai-je prudemment, que c'est plutôt à maman de t'expliquer ça. Tu pourras lui demander, mais si elle veut pas en parler, tu ne boudes pas, d'accord ma belle?
-D'accord papi Harry."
***
"Papi?
-Oui, ma chérie?
-Vous vous êtes connus comment, papi Harry et toi? Et comment ça s'est passé votre coming-out?"
Louis me regarde, comme chaque fois qu'Emma pose une question à propos de notre relation.
"On se connaît depuis... Moi j'avais cinq ans, Harry trois. Nos mère étaient voisines et meilleures amies. On a toujours été très proches. Le soir, comme nos toits se touchaient, on passait d'une maison à l'autre en toute discrétion.