ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 3

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ᴄʜᴀᴘɪᴛʀᴇ 3

     Ce matin encore, je me suis levée à l'aube. J'ai comme toujours vérifié qu'ils ne se réveillent pas avant mon départ. Je fais attention, c'est tout, même si cela me fait systématiquement arriver en avance au lycée. Mieux vaut ça que des problèmes dès le matin.

  En ce moment, mes parents ont l'air d'autant plus tendus, alors je préfère me faire discrète. Quand je fais des insomnies, je descends dans la cuisine, mais cette fois, avant de pousser la porte côté couloir, j'ai vu un filet de lumière venant de la cuisine. Me faisant discrète, j'ai pu écouter leur conversation. Rien d'étrange, je le jure, mais leurs voix trahissaient le stress qu'ils ressentaient, alors, je me suis intéressé à la raison de leur nervosité, et j'ai bien fait. J'ai tout écouté sans y réfléchir, et quand je suis remontée me coucher, j'ai réalisé ce qui les tracassait.

     "L'argent n'a pas de pattes, Maria ! Si tu nous mets dans la merde, assumes le, au moins !"

     "Elthon ! Comment peux-tu me porter de telles accusations ? Je ne sais pas où il est, ton argent."

     "Écoute, Maria, ce n'est pas possible autrement ! Mon salaire ne cesse de croître, mais on se retrouve toujours en galère ! Ou bien on se fait voler !"

     Comment vous dire que vous êtes sur la seule réelle piste. Je ne leur dois rien, mais par principe, les voler ne m'enchante pas. surtout pour qui je le fais. Malheureusement, j'ai trop peur pour en parler ou oser lui désobéir. Qui sait, Elijah pourrait même me tuer si je ne venais pas. Alors, je continue pour le moment. De toute façon, il ne pourra pas me suivre jusqu'à la fac.

  A chaque fois, ce sont de plus grandes sommes. La semaine dernière, on a atteint le palier des 750 dollars. Je ne sais pas comment mes parents font pour ne pas me cramer. J'aimerais qu'ils le fassent en fait. Ça l'empêcherait sûrement de continuer. C'est donc à cause de ça que mes parents commencent à galérer. Je n'ai aucune idée de ce qu'ils font pour garder une maison aussi moderne et assez grande avec ce type de difficultés.

  Je fixe à nouveau le tableau blanc de Mme. Fieri, essayant de comprendre au moins un mot de ce qui est écrit.

  Putain, quelle idée j'ai eu de prendre cette option de merde !

  Plus le temps passe, plus je rame sur ses cours. Bonjour, à la limite, mais quand il s'agit de la conjugaison, mon dieu, sauvez-moi ! Qu'est ce qu'ils sont cons ces français ! Ils pourraient faire comme nous et conjuguer pareil sur presque toutes les personnes ! Paix aux âmes des petits primaires qui ne doivent pas plus comprendre que moi...

     Français, françaises, excusez-moi, je me suis emportée.

     J'essaye de finir de prendre la leçon sur le tableau, mais la sonnerie m'éclate les tympans avant que j'ai pu commencer. Tant pis, j'irais voir sur google. La pause midi commence et se terminera dans une heure et demie. Quel cauchemar...

  Avant que je ne puisse ranger mes affaires, la prof m'interpelle.

     — Viens deux minutes, s'il te plait, elle se tait un instant, puis reprend. Les quatre commères, au fond ! Restez deux minutes, je vous prie !

     J'acquiesce de ma place au fond de la salle, surprise.

  Quand tout le monde est sorti, je m'approche de son bureau, appréhensive, tandis que Ayden et les autres  restent vers leurs places. Je suis debout quelques secondes, le temps que Mme. Fieri range ses documents.

     — Alors... rien de grave, ne t'en fais pas ! commence-t-elle. J'ai juste remarqué que tu n'avais pas eu le temps de prendre le cours, donc si tu veux prendre une photo du tableau pour le copier chez toi, tu peux.

𝐑𝐞𝐦𝐞𝐦𝐛𝐞𝐫 𝐌𝐞Où les histoires vivent. Découvrez maintenant