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Nous marchons côte à côte dans les rues presque désertes de la ville. La brise du soir est douce, et malgré tout ce qui s'est passé, je me sens... étrangement à l'aise. Il y a quelque chose de rassurant dans le silence qui nous enveloppe, un calme qui apaise mes pensées tourmentées. Hector reste à mes côtés, respectant la distance que j'impose, mais son regard glisse parfois vers moi, comme s'il voulait s'assurer que tout va bien.

Je ne sais pas pourquoi, mais parler avec lui me semble plus facile maintenant. Comme si le fait de l'avoir confronté, d'avoir pris ce premier pas vers le pardon, avait ouvert une brèche entre nous. Les mots sortent sans effort. Nous parlons de tout et de rien : de la dernière série qu'il a regardée, de ses entraînements, de son chien qu'il me montre fièrement sur son téléphone. Il est drôle, un peu maladroit parfois, et je réalise que je ris beaucoup plus que je ne l'aurais pensé.

Mais il y a quelque chose que je ne peux pas ignorer, quelque chose qui pèse dans l'air entre nous, comme une vérité que je repousse à chaque instant. Chaque fois que je prononce une phrase, que je lui réponds, je me souviens qui je suis pour lui. Qui je suis pour tous les autres. Je suis Amara, la fille du coach.

Et ça, ça complique tout.

Je m'arrête soudainement au milieu du trottoir. Le bruit de mes pas cesse, et Hector, réalisant que je ne marche plus à ses côtés, se retourne vers moi avec une expression interrogative. Son sourire s'efface lentement alors qu'il voit l'inquiétude qui traverse mon visage.

« Quoi ? » demande-t-il doucement, presque hésitant. « Qu'est-ce qui ne va pas ? »

Je serre les lèvres, croisant les bras pour tenter de calmer cette vague de nervosité qui monte en moi. « Tu sais très bien ce qui ne va pas. »

Il fronce légèrement les sourcils, comme s'il voulait comprendre sans que j'aie besoin de le dire, mais je vois dans ses yeux qu'il sait exactement de quoi je parle.

« Amara... » commence-t-il, mais je l'interromps.

« Je suis la fille du coach, Hector. » Les mots sortent enfin, durs et directs. « Tu crois vraiment que tout ça, toi et moi, peut marcher ? » Je fais un geste de la main entre nous, désignant ce fragile équilibre que nous venons à peine de retrouver. « Si mon père savait que... » Je m'arrête, incapable de terminer ma phrase. L'idée de son regard sévère, de son jugement, me glace le sang.

Hector soupire et passe une main dans ses cheveux, un geste de nervosité que je commence à reconnaître chez lui. Il s'approche un peu plus, réduisant la distance que j'avais imposée, mais sans la briser complètement. « Amara, je sais que c'est compliqué. Je sais ce que ton père représente pour toi, pour moi aussi d'ailleurs. Mais... » Il laisse sa phrase en suspens, cherchant les bons mots. « Mais ça ne change rien à ce que je ressens pour toi. »

Je le fixe, incrédule. « Ce que tu ressens pour moi ? Hector, tu as dit que j'étais juste une assurance pour toi, que tu comptais me lâcher. Tu te rends compte de ce que ça fait d'entendre ça ? »

Il baisse les yeux, visiblement honteux. « Je sais, je sais. J'étais un idiot. Je ne peux pas te demander de m'excuser pour ça, pas si facilement. Mais j'ai changé, Amara. Je veux te montrer que je suis prêt à être sérieux. »

Je détourne le regard, mon cœur battant la chamade. Est-ce que je peux le croire ? Est-ce que je peux vraiment croire qu'il a changé ? Le silence s'étire entre nous, pesant et lourd de sous-entendus.

« Et mon père ? » Ma voix est plus faible cette fois, presque un murmure. « Il te déteste, tu sais. Pour lui, tu n'es qu'un autre joueur arrogant. Il ne te laissera jamais m'approcher. »

Hector esquisse un léger sourire, un peu triste. « J'ai bien compris, oui. Il me l'a déjà fait savoir plusieurs fois. » Il soupire profondément avant de plonger son regard dans le mien. « Mais je suis prêt à affronter ça, Amara. Je suis prêt à tout. Pour toi. »

Mon cœur se serre. C'est fou de penser que nous sommes là, au bord du précipice, à essayer de trouver un moyen de faire fonctionner quelque chose qui semble voué à l'échec avant même d'avoir commencé.

« Je ne sais pas, » murmuré-je, ma voix tremblante. « Je ne sais vraiment pas, Hector. »

Il s'approche encore un peu, ses yeux cherchant les miens, pleins d'une sincérité qui me déstabilise. « Moi, je sais. » Ses mots sont comme une promesse, douce mais ferme. « Je sais ce que je veux, et c'est toi. Peu importe ce que ton père pense, peu importe les obstacles. Je suis prêt à me battre pour toi. »

Je reste silencieuse, trop émue pour répondre immédiatement. Mon esprit tourbillonne de questions, de doutes, mais au fond de moi, il y a cette petite flamme, cette lueur d'espoir qui refuse de s'éteindre. Peut-être que c'est possible. Peut-être que, contre toute attente, nous pourrons trouver un chemin, malgré tout.

« On verra, » dis-je enfin, laissant cette phrase ouverte, pleine de possibilités.

Desire's Struggle | Hector FortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant