22

278 6 0
                                    

Je m'approche doucement de lui, les battements de mon cœur s'accélèrent alors que nos regards se croisent. Le Camp Nou, désert autour de nous, semble soudain résonner avec l'écho de notre histoire. Hector se tient là, son visage tendu, ses yeux pleins de doutes, de regrets. Et moi, je suis à quelques centimètres, sentant cette distance, à la fois minuscule et immense, entre nous.

Il ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais avant qu'un seul mot ne s'échappe, je m'avance encore et pose mes lèvres sur sa joue. Un geste si simple, mais chargé de tout ce que je ressens à cet instant. Mon cœur s'allège, comme si ce baiser emportait avec lui toute la colère, toute la douleur. C'est plus qu'un contact. C'est ma façon de dire « je te pardonne » sans avoir à prononcer ces mots qui me semblent encore trop lourds, trop difficiles à articuler.

Hector reste immobile, surpris, presque figé. Puis, lentement, il se tourne vers moi, ses yeux brillant d'une lueur que je ne lui avais jamais vue avant. C'est un mélange de soulagement, de gratitude et peut-être même d'amour. « Princesa... » murmure-t-il finalement, sa voix douce, presque un souffle. Ce mot, qui d'ordinaire me faisait sourire, réveille aujourd'hui autre chose. Une chaleur, une promesse d'une nouvelle chance.

Je lève les yeux vers lui, cherchant dans son regard des réponses à toutes les questions que je n'ai pas encore posées. Et pourtant, en cet instant, elles semblent s'évaporer. Je comprends, quelque part au fond de moi, que ce baiser est un début, un signe que je suis prête à essayer. Pas à oublier, non, mais à avancer. Et lui aussi semble le comprendre.

Ses bras se tendent légèrement, comme s'il hésitait à me prendre dans ses bras. « Lo siento, » murmure-t-il en espagnol, ses mots chargés de remords sincères. Je hoche doucement la tête, incapable de parler, mes pensées encore embrouillées par ce mélange de soulagement et de confusion.

« Je sais, Hector, » dis-je finalement, ma voix calme, plus forte que je ne le pensais. « Je sais. »

Le silence qui suit est doux, presque apaisant. Mes pensées, mes doutes, tout semble se poser doucement autour de nous, comme la brume qui descend lentement sur le terrain déserté. Nous restons là, un moment, dans cette bulle de réconciliation silencieuse, et je réalise que, pour la première fois depuis des semaines, je peux enfin respirer.

Je reste là, juste devant lui, sentant encore la chaleur de sa joue sous mes lèvres. Tout est tellement silencieux autour de nous, à l'exception du martèlement de mon cœur qui semble résonner dans mes oreilles. Mes bras pendent le long de mon corps, hésitants, comme si je ne savais pas quoi en faire. Devrais-je lui dire quelque chose ?

Hector me regarde toujours avec cette intensité dans les yeux, comme s'il attendait que je fasse un geste, que je dise quelque chose qui effacerait tous les non-dits. Mais moi, je ne suis pas prête. Pas tout de suite. Pas encore. Même si ce baiser signifiait le pardon, il reste des bribes de doute, des éclats de cette blessure qu'il a ouverte et qui ne se refermera pas du jour au lendemain.

Je prends une grande inspiration et détourne le regard, incapable de soutenir ses yeux bruns qui m'observent avec tant d'espoir. Je veux lui pardonner complètement, je le sens. Mais il y a une différence entre vouloir et pouvoir. Je me sens encore fragile, comme si chaque mouvement brusque risquait de tout faire s'effondrer.

« Je ne sais pas encore si je peux... tout oublier, » murmuré-je finalement, brisant le silence qui nous entoure. Ma voix tremble un peu. « Mais je veux essayer. »

Il hoche lentement la tête, son expression sérieuse, respectant le fait que je ne puisse pas tout balayer d'un revers de la main. «  C'est tout ce que je demande, princesa. Que tu me laisses une chance... une dernière chance. »

Le mot « dernière » flotte entre nous, pesant, et je réalise qu'il comprend la fragilité de notre situation. Nous sommes à un point de bascule, une de ces lignes invisibles qu'on ne franchit qu'une fois.

Je lève les yeux vers lui, cherchant dans son visage ce qui m'a poussée, autrefois, à lui faire confiance. Peut-être est-ce encore là, caché sous les regrets, sous ses erreurs. Mais c'est à moi de le découvrir à nouveau, si je le veux. « Je vais essayer. » Ces trois mots me brûlent presque la gorge tant ils sont lourds de promesses que je ne suis pas certaine de tenir.

Hector fait un pas vers moi, son regard toujours rivé au mien. « C'est tout ce que je demande, Amara, » dit-il doucement, sa voix résonnant dans cet espace vide qui nous entoure, me faisant frissonner malgré moi. Il me tend la main, doucement, sans insistance, comme une invitation à avancer vers lui, à laisser ce passé derrière.

Je ne bouge pas, je ne suis pas prête à saisir cette main tout de suite. Mais le simple fait qu'il me la tende me rassure, d'une certaine manière. Il ne me forcera pas. Pas cette fois. Il attendra que je sois prête.

Je baisse à nouveau les yeux, les tulipes blanches envoyées plus tôt refaisant surface dans mon esprit. Ce symbole du pardon, simple et silencieux, me semble soudain si fragile. « On verra, » soufflé-je finalement, sans savoir si je me parle à moi-même ou à lui.

Je sens qu'il me comprend, qu'il accepte ce que je suis prête à donner pour l'instant. Ce n'est peut-être pas encore suffisant, mais c'est un début.

« Tu veux qu'on rentre ? » demande-t-il alors, sa voix plus légère, comme s'il voulait alléger l'atmosphère. Je hoche la tête, les mots me manquent. Lentement, nous nous dirigeons vers la sortie du stade, côte à côte. Ni trop près, ni trop loin.

Et alors que nous marchons, je sens que quelque chose a changé. Peut-être que ce n'est pas vraiment du pardon, mais un premier pas vers ce qui pourrait être une nouvelle histoire.

Desire's Struggle | Hector FortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant