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Lois

- Ton premier test est bon. 

Je soupire de soulagement. Etrangement, cette petite voix criait " tu vas te faire taper sur les doigts", "tu as échoué, encore". Ce genre de phrases que votre subconscient fait surgir sans crier gare. Ce genre de phrases qui vous paralyse et vous bloquent dans vos projets car elle arrive, petit à petit à vous faire douter de vous même. J'ai fais l'erreur de lui laisser la place dont elle avait besoin pour se developper et à présent, il m'est impossible de la faire taire. Elle fait partie de moi.

- Mais je souhaitais discuter avec toi de ton redoublement si tu es d'accord avec ça.

Mon fichu coeur accélère de nouveau. Il se préoccupe de moi. Voila ce que je me dit l'autre petite voix qui, elle, est plus douce, plus rêveuse mais tout autant destructrice. Cette voix-là, contrôle mon petit coeur d'artichaut et lui fait croire monde et merveille. Un simple sourire dans les transports avec un inconnue, et la voilà me souffler "combien d'enfants ?", " Maison provençale ou plutôt sobre ? "

- Et bien j'ai traversé une passe compliquée je dirai. 

- Je vois tu veux m'en dire plus ? 

Je lève alors la tête, nos regards se croisent, et quelque chose en moi vacille. C'est subtil, presque imperceptible, mais un frisson parcourt ma colonne vertébrale. Je n'arrive pas à mettre un mot sur ce que je ressens. C'est comme si une étincelle s'était allumée, sans que je sache exactement pourquoi. Ses yeux sont calmes, empreints de douceur, et pourtant... il y a une distance. Il me regarde avec cette bienveillance que je lui connais, un mélange de compassion et de compréhension silencieuse. Mais alors que mon cœur s'emballe sans raison apparente, je réalise qu'il ne ressent rien de ce que je suis en train de vivre. Pour lui, ce n'est qu'un simple regard, peut-être même une forme de pitié. Et pourtant, moi, je suis perdue dans cette émotion indéfinissable, incapable de détourner les yeux, troublée par ce qui se passe en moi. Jamais, au paravent un regard n'avait eu un tel effet sur moi. Et je me surprend à réussir à revenir à la raison en étant lucide sur la situation. Monsieur Donovan est mon professeur, ça s'arrête là.

- Non merci... monsieur.

- Si jamais tu changes d'avis, ma porte est toujours ouverte.

Je dois sortir d'ici au plus vite. Chaque seconde dans cette pièce me semble étouffante, comme si l'air devenait trop dense, impossible à respirer. Les battements de mon coeur reprennent de plus belle. 

- Bonne journée à vous.

Je marche à grande enjambée afin d'atteindre la porte de sortie.

- Lois ?

Je me fige, et me retourne avec le plus de naturel possible.

- Oui monsieur ? 

- Je suis compréhensif avec mes élèves je n'ai que 24 ans, je ne suis pas si loin de vous mais à l'avenir tâche de rester éveillée dans mon cours.

Je déglutie tout en hochant la tête avant de quitter la pièce. La je respire de nouveau. 

Je retrouve Romy à la cafétéria.

- Tu étais passé ou ?  Elle semble anxieuse.

- J'étais avec mon prof principal il souhaitait me voir pour ... rien de très important.

Je m'attend à une blague ou bien un quelconque sous entendu lubrique mais au lieu de ça elle me prend dans ses bras avec force et vigueur, elle vient nicher sa tête au creux de mon cou.

- Je me suis inquiétée, j'ai cru que tu avais eu...tu sais un petit coup de mou.

Ho... J'ai tendance à oublier que je ne suis pas la seule affectée par ce que j'ai vécu l'an dernier, Romy s'est énormément inquiétée pour moi et je réalise que je dois aussi la protéger ce ce chagrin. Du moins faire en sorte de la rassurer. Je vais bien, je crois. Voila un moment que je ne m'étais pas sentie si apaisée. Le poids du passé semble peu à peu s'alléger. 

La chimie du coeur (PROF/ELEVE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant