Chapitre 5

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Daireen

Je traverse le campus sous la douceur des rayons matinaux. Une légère brise balaye les quelques mèches courtes qui se sont échappées de ma coiffure haute et serrée. Les écouteurs vissés dans les oreilles, j'observe les étudiants qui se déplacent alors que « Between wind and water » de Hael retentit dans mes tympans.

Je resserre la sangle de mon sac où est rangé mon Macbook, me frayant un chemin désormais à travers la foule qui a envahi le grand hall du bâtiment dans lequel je me suis engouffrée. Après avoir parcourus les longs couloirs, je joins enfin la salle de conférence où se déroule mon premier cours de la journée.

Je me faufile à l'intérieur, ignorant le monde qui s'agite et se met en place telles des abeilles bourdonnant autour de leur ruche. Je me déplace en slalomant entre les rangés de sièges, évitant d'entrer en contact avec un groupe qui s'attarde en discussions animées.

Je me laisse tomber sur la chaise en bois dur, et sors mes affaires afin de me préparer à participer au cours magistral donné par le célèbre professeur Akimayoto.

Je me consacre à la préparation de mes prises de note, ouvrant un dossier vierge afin d'être au top dans mon travail quand je remarque que le silence gagne peu à peu l'amphithéâtre.

Décollant le nez de mon écran, je me redresse pour me concentrer sur l'estrade en contre bas où le conférencier doit se tenir.

Mes yeux s'écarquillent tandis que le professeur qui se tient là, n'est pas Akimayoto, mais Barlow. Son regard embrasse la pièce silencieuse comme s'il cherchait quelque chose, ou quelqu'un en particulier. On pourrait entendre une mouche voler alors qu'il poursuit son inspection. Quand ses yeux se fixent sur moi, je suis mue par un besoin de me retourner, convaincue qu'une personne importante se trouve derrière moi.

J'effectue la manœuvre pour ne me confronter qu'à un mur vert foncé et propre, dénué de vie.

Ravalant ma salive, je me replace face à l'avant pour me retrouver prise dans la toile grise des orbes de son propriétaire.

Une rougeur incontrôlable prend possession de mes joues, le feu chauffant ma peau alors que je sens le poids de nombreux regards peser maintenant sur moi. Craignant de lire sur les autres l'incompréhension que je ressens en ce moment, je baisse les yeux sur mon écran, mimant un intérêt soudain pour le curseur qui clignote dans le vide.

La voix du professeur me libère d'un poids étouffant et je me risque à ramener ma vision vers le bas de la salle.

— Je vous souhaite à tous et à toutes, la bienvenue dans ce cours de philosophie avancée. Comme vous avez pu le constater, je ne suis pas le professeur Akimayoto, mais Barlow. Votre enseignant attitré a dû repousser sa rentrée pour des raisons personnelles et en attendant, je serais celui qui prodiguera ce cours.

L'immense déception que j'éprouve n'est rien comparé au malaise insidieux que je ressens sans parvenir à mettre le doigt dessus.

Aussi, j'opte pour me concentrer sur mes notes et suis d'une oreille attentive le discours d'encouragement que diffuse Barlow sur les minutes suivantes.

À la fin de l'heure, je me sens plus légère. Les étudiants discutent avec entrain tout en se dirigeant vers les deux sorties qui jouxtent la salle. Comme je l'avais anticipé, je suis dans les premières à quitter la pièce.

Je suis religieusement le plan, trouvant facilement le restaurant du campus auquel, malgré mes heures à flâner sur le site, je n'étais vraiment pas préparée. Je m'immobilise devant la grande entrée vitrée alors que des élèves me dépassent de part et d'autre. Dès le premier regard, je suis frappée par l'élégance et le raffinement des lieux. Les murs sont ornés de boiserie somptueuse et de panneaux en acajou. De grandes fenêtres en arc de cercle laissent entrer une lumière naturelle filtrée par des rideaux en velours, créant une ambiance douce et chic. Les tables sont rondes, chacune dressée de nappes en lin blanc et des couverts en argent. Les chaises sont capitonnées en velours. Des serveurs déambulent dans la pièce, plateau et cloche à bout de bras. L'endroit n'a rien d'un self mais d'un établissement étoilé.

Vulgata Dominum (En édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant