Chapitre 10

16 0 0
                                    

Daireen

Le manoir se dresse face à nous tel un monstre sorti d'une terre infernale. La façade complète est sombre, seules les bases de l'immense bâtiment sont éclairées, conférant une allure plus sinistre aux murs de pierre de la bâtisse.

Prisca exécute une dernière retouche à son maquillage sombre de femme fatale.

Sa nervosité mêlée à son excitation l'a enfermé dans le mutisme une fois qu'elle nous a appris que Priam la pensait dans son dortoir pour la nuit. Celui-ci a campé sur son refus de se rendre à la fête. Lui ayant formellement interdit de venir, elle a prétexté une vilaine migraine pour échapper à son contrôle.

Sanaa me dévisage avec un sourcil arqué, indiquant que ma grimace ne la laisse pas de glace.

— Quoi ? marmonné-je pince sans rire.

— Tu fais encore ce truc avec ta bouche, indique-t-elle.

— Je ne peux pas m'en empêcher.

Son gloussement me réchauffe un peu et ne tarde pas à me tirer un sourire.

— Il faudra pourtant t'y faire. Tu ne peux pas avoir cette mine de chihuahua renfrogné à chaque fois que quelque chose te surprend et ne rentre pas dans le cadre de tes préceptes, se gausse-t-elle.

Prisca se penche entre nous deux. Son parfum subtil et sucré envahit mes narines, se mêlant à l'odeur de menthe de son bain de bouche à ne pas s'y tromper :

— Un manoir digne de Dracula, commente-t-elle.

Je pourrai m'appesantir encore durant des heures sur la résidence ostentatoire et tout ce qui s'y rapporte, mais l'air frais qui lèche chaque centimètre carré de ma peau exposée, me pousse à avancer en quête de la chaleur intérieure de la bâtisse.

Les basses font vibrer le verre de la grande porte qui s'ouvre à l'instant où je me place à la hauteur de Prisca qui remonte ses seins dans son haut comme si elle se préparait à entrer en guerre contre la gent masculine.

Mon sourire meurt alors que le type qui se tient dans l'encadrement de la porte coule un regard libidineux sur ladite poitrine avant de nous remarquer.

Il s'écarte pour nous laisser le passage et mes tympans prennent un uppercut tout comme mes sinus quand les vapeurs d'alcool les pénètrent avidement. Pourtant, ce n'est qu'un large couloir d'entrée qui nous accueille. Une fois traversé, nous atteignons une immense salle de séjour. Les meubles ont été poussés dans des coins afin de laisser la place libre pour se déhancher sur la musique électro.

Des corps en sueurs qui ondulent et se déchainent sur « Yoru » de Tony Dark Eyes. Des filles à demi nues qui se frottent au rythme du son contre leur partenaire, des groupes qui conversent avec énergie, d'autres qui jouent au beer-pong. Je m'attendais à une musique feutrée et des grooms déambulant, or il n'en est rien. Aucun dépaysement par ici. Une soirée normale dans le monde étudiant.

J'aperçois même une fille sur talon haut en bikini qui chemine dans la masse avec un plateau qu'elle tient au-dessus de sa tête. Elle se dirige vers nous et ce n'est que lorsqu'elle est à une distance proche que je remarque que le plateau contient non pas des bouchés mais des sachets renfermant des pilules de toutes les couleurs.

Je m'écarte pour lui céder le passage malgré son pas qui ralentit arrivée à notre hauteur.

— Vous voulez quelque chose les filles ? propose-t-elle d'une voix forte.

Je me raidis, non pas à cause de la drogue, mais parce que je n'en avais jamais vu circuler avec une telle facilité.

— Un X, hurle Sanaa par-dessus la musique en prenant le petit cachet rond que lui présente la fille en abaissant le plateau.

Vulgata Dominum (En édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant