Vulgata Dominum (En édition)

Chapitre 9

Daireen

Ce matin l'effervescence est de mise sur le campus. Un message a été envoyé sur le réseau social dédié aux élèves de Golden Valley, tout le monde, sans exception, a vu l'invitation des Season pour la fête donnée ce soir.

Alors que Sanaa et moi déambulons dans le couloir principal, j'observe d'un œil curieux les étudiants s'enthousiasmer autour de leur écran de portable.

Mon sourcil arqué donne du fil à retordre à mes nerfs faciaux qui montre des signes de fatigue tant il est tiré vers mes racines.

Mes méninges ont beau se démener, je ne parviens toujours pas à trouver un sens à tout cela. Mis à part leur fortune qui dépasse celle des autres, ils n'ont rien à leur envier.

— La contradiction de tout cela me laisse perplexe. S'ils terrorisent tant les gens, pourquoi les gens agissent comme si Taylor Swift elle-même avait lancé une invitation ?

Je m'écarte du chemin, esquivant un trio de filles qui gloussent autour d'un écran, plus préoccupées par ce qui défile sur le téléphone que sur le monde des vivants.

— Ce n'est pas cela qui attire les mouches autour du miel. Bien des raisons sont à l'œuvre d'une telle excitation, assure Sanaa une fois que je l'ai rejointe.

Je m'arrête devant un casier, Sanaa se cale avec élégance contre la colonne métallique qui jouxte la mienne. Elle adopte une pose qui me fait presque remettre en question ma féminité, tant elle ressemble à un mannequin tout droit sorti d'un magazine de mode.

Discrètement, j'inspecte mon allure, me demandant ce qui cloche chez moi. Ma tenue est identique à la sienne, et pourtant, sur elle, même cette affreuse jupe à carreaux semble divine.

— Ce n'est pas l'argent, commenté-je tout en rangeant mes manuels inutiles.

Ma coloc passe ses doigts fins dans sa chevelure qu'elle a bouclé aujourd'hui tout en poussant un soupir.

— Comme je te l'ai déjà dit, les Season sont un mystère pour nombre d'entre nous. Il y'a les rumeurs et les envieux. Aller dans leur manoir c'est comme se rendre dans un lieu jamais encore exploré. La curiosité motive une majorité des gens d'ici. Et puis, y'a la compétition. La plupart des filles espèrent être remarqué par l'un d'entre eux. Quelle meilleure occasion pour y parvenir qu'une fête organisée par lesdits beaux partis ? Quant aux hommes, et bien, certains sont animés par la jalousie, ils voient là l'occasion parfaite de découvrir les secrets des puissants, et de se les approprier. D'autres, y verront une opportunité de nouer des liens avec eux. Établir un plan de concurrence...

Ma main est restée en suspens au-dessus d'un livre tant j'étais captivée et intriguée par ses propos. Ils ont tous du sens, seulement, je n'aurais jamais pu penser à de telles stratégies venant de jeunes adultes. C'est à se flanquer une sacrée migraine.

Peu encline à me gâcher la journée avec une céphalée, je laisse tomber le sujet. De toute manière, je ne me rendrais pas à cette fête. Je n'y ai pas ma place. Tout ce que vient de décrire Sanaa est bien au-delà de mes ambitions et désirs. Je ne vise aucun lien ni intérêts à fréquenter ces quatre types. Je vois déjà le tableau d'ici : une maison bourrée de trésors ainsi que de tableaux de grand maitre qui en jettent plein la vue. Des meubles de designer, des serveurs qui déambulent et se plient en quatre pour satisfaire les besoins de ces gosses de riches.

Non, merci.

Je reviens à un état de conscience plus alerte. Laissant de côté les intrigues du monde de l'Elite pour me recentrer sur mes propres objectifs et mon amie qui désormais semble accaparée par sa manucure, tout du moins, ses cuticules. Je devine qu'elle est perdue dans ses pensées. Sanaa est une bouffée d'air frais et une véritable contrariété aux stéréotypes des filles ayant grandi dans un milieu favorisé. C'est ce qui la rend encore plus intrigante à mes yeux. Elle a tout pour elle ; argent, beauté et un cœur en or.