Chapitre 8

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Malone

Faire partie des quatre familles les plus riches a des avantages. Comme ce manoir de 450 mètres carrés au sol, sans compter l'étage et le sous-sol, flanqué à quelques minutes du campus.

Les vieux ont investi dans ce bâtiment en espérant que les billets qu'ils ont jetés pour nous offrir un endroit décent où pioncer, allait nous appâter un peu plus et nous faire adhérer comme des robots à leur connerie de société secrète.

Bien entendu, c'est ce que nous leur avons servi dès l'instant où nous avons pris possession des lieux.

Le rez-de-chaussée est une vaste salle entièrement ouverte, où trône le grand salon, plus loin se trouve la cuisine que Cashel à conçu à son image ; épurée et entièrement faite de matériaux écologique. L'étage se compose de sept chambres et sept salles de bains. Quant au sous-sol, c'est là que nous dominons le monde, et organisons nos propres réunions. Je ne compte pas la salle de cinéma ni de sport et le garage.

Quand je pénètre dans la cuisine, je trouve Cashel derrière le comptoir. Il est luisant de sueur, les Airpod enfoncés dans les oreilles tandis qu'il ondule des hanches en faisant des pas tournoyant sur place. Les différents ingrédients qui se trouvent dans le mixeur et le mélange des couleurs déclenchent mon reflexe nauséeux.

Il ne semble pas avoir conscience de ma présence. C'est ce que penserait un type lambda, ou qui n'a aucune notion de ce qu'est Cash. Malgré son attitude nonchalante, et le volume assourdissant de la musique qui hurle dans ses tympans, il m'a détecté dès l'instant où j'ai foutu un pied dans la baraque. De nous quatre, Cash est le mec le plus sain d'esprit et de corps, pourtant c'est aussi le plus dangereux. Les longues heures d'entrainement qu'il s'impose en font le parfait porte flingue. Sans parler de ses aptitudes de combat avec n'importe quel objet. Même cette banane qu'il brise en morceaux pour compléter son ragout écœurant, pourrait en devenir une entre ses mains expertes.

Je traverse la pièce pour me rendre jusqu'au frigo où je m'empare d'une bière.

Je la décapsule et me cale contre le frigidaire, tandis que le bruit du Blender s'élève dans la pièce.

Je fais un décompte dans ma tête tout en observant mon pote du coin de l'œil.

5, 4, 3, 2....

— C'est au moins cinq mois de ta vie que tu fous en l'air, et la cirrhose qui fait la gigue dingue, lance-t-il.

Un sourire narquois étire le coin de mes lèvres autour du goulot.

Je hausse une épaule, ramenant mon regard dans sa direction.

— Je préfère la cirrhose qu'un ragout de gerbe, assuré-je.

Il roule des yeux avant de prendre une longue lampée à même le bol du Blender.

— Heureux sont les ignorants et les imbéciles, commente-t-il entre deux gorgées.

Je réprime à peine une grimace à la vue de sa mixture épaisse à la couleur de l'herbe défraichie après des journées de forte chaleur.

— Je ne suis pas certain que ce que tu ingurgites soit même approuvé par l'OMS.

Son regard étincelle de colère, mon sourire, lui, se fait plus franc.

— Vitamine B, C, E, Zinc et Omega 3, voilà ce que ta putain d'OMS trouvera dedans. Mais je comprends que ces mots te sont inconnus, ricane-t-il.

Je pousse un soupir las. Ce jeu est vieux. Cependant, la taquinerie n'est jamais redondante entre nous.

— La bière est faite en partie de céréales et d'eau, ce qui nous met sur un pied d'égalité mon frère.

Vulgata Dominum (En édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant