CHAPITRE 9

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Je suis là, assise sur le canapé du salon, le silence de l'appartement me pèse. Djallal est sorti depuis des heures, et je ne peux m'empêcher de guetter chaque bruit venant du couloir, espérant entendre le son de ses pas se rapprocher. Il n'est toujours pas rentré.

Je regarde l'horloge. Chaque minute qui passe semble s'étirer en une éternité. Où est-il ? Pourquoi est-il parti si longtemps ? Je repense à son visage à l'hôpital, épuisé mais sincèrement reconnaissant, et je me demande ce qui a pu le pousser à sortir de cette manière, à rester loin alors qu'il venait à peine de sortir du lit d'hôpital.

Je me lève et fais les cent pas dans le salon, cherchant un moyen d'occuper mes pensées, mais rien ne fonctionne. Le vide de l'appartement me rappelle cruellement sa présence absente. Je tente de lire un livre, de regarder la télévision, mais mon esprit est ailleurs, concentré sur son absence, sur ce qu'il peut bien faire.

Mon téléphone reste muet. Aucune nouvelle de lui depuis qu'il est parti. Chaque minute sans un message de sa part accroît mon inquiétude. Je ne comprends pas pourquoi cela me touche autant, après tout, je ne l'ai jamais vraiment voulu dans ma vie... Alors pourquoi cette attente devient-elle insupportable ?

Je m'adosse contre le mur, fermant les yeux un instant. J'essaie de respirer calmement, mais même cet exercice m'échappe. L'angoisse grandit, tout comme la culpabilité. Je ne devrais pas m'inquiéter pour lui, mais je n'arrive pas à m'en empêcher. Peut-être est-ce parce qu'il a été piqué par cette abeille et que j'ai peur qu'il ait encore des complications... Ou est-ce autre chose ?

Je secoue la tête pour chasser ces pensées. Non, ça n'a rien à voir avec ça. Il a dit qu'il allait bien. Pourtant, une partie de moi ne peut s'empêcher de se demander : est-il sorti à cause de moi ? A-t-il besoin de s'éloigner, de réfléchir à tout ce qui s'est passé entre nous ? Depuis que nous sommes rentrés, quelque chose semble différent.

Le temps passe encore, et je m'aperçois que je suis en train de me ronger les ongles, une vieille habitude que je croyais avoir perdue. Je prends une grande inspiration, puis une autre. Je dois arrêter de m'angoisser, il rentrera quand il sera prêt. Mais pourquoi cela me semble-t-il si long ?

Je finis par m'asseoir de nouveau sur le canapé, fixant la porte d'entrée. Où que tu sois, Djallal, rentre.

Quelques interminables heures plus tard, alors que je m'étais presque perdue dans mes pensées, j'entends enfin le bruit de la porte qui claque. Mon cœur s'emballe malgré moi, comme si une tension que je n'avais pas pleinement reconnue jusque-là se relâchait d'un coup.

Je me lève d'un bond et me précipite dans le couloir, mes pieds effleurant à peine le sol. Je l'aperçois enfin, debout devant la porte, l'air épuisé mais visiblement indemne.

"Djallal... ça va ?" dis-je, essayant de garder une voix calme malgré l'inquiétude qui transperce chacun de mes mots.

Il lève les yeux vers moi, son visage difficile à lire. Il semble avoir traversé quelque chose, mais je ne sais pas quoi. Est-ce que tout va bien ?

" On peut parler ?" me dit-il d'une voix basse, presque lasse.

Je m'arrête à quelques pas de lui, surprise par la gravité de son ton. Mon cœur se serre. Quelque chose ne va pas. J'acquiesce doucement, essayant de cacher l'inquiétude qui me ronge.

"Bien sûr, on peut parler."

Il entre dans l'appartement, refermant la porte derrière lui avec une lenteur qui me donne l'impression que chaque geste est chargé de poids. Je l'observe s'avancer vers le salon, son dos légèrement voûté, comme s'il portait un fardeau invisible. L'atmosphère est lourde, tendue, et je sens que ce qu'il s'apprête à me dire n'est pas anodin.

Les mots que je n'ai pas ditsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant