𝚁𝚞𝚋𝚢: 𝙳𝚒𝚊𝚖𝚊𝚗𝚝 𝙱𝚛𝚞𝚝 𝙰𝚞 𝙲𝚘𝚎𝚞𝚛 𝙳𝚎 𝙻'𝚊𝚋î𝚖𝚎

𝒞𝒽𝒶𝓅𝒾𝓉𝓇ℯ 8

Mexico-Mexico City

20:40

𝑺𝒆𝒑𝒕𝒆𝒎𝒃𝒓𝒆🍂

𝑸𝒖𝒆𝒍𝒒𝒖𝒆𝒔 𝒉𝒆𝒖𝒓𝒆𝒔 𝒂𝒗𝒂𝒏𝒕 𝒍𝒆 𝒈𝒂𝒍𝒂...

RUBY

Les rues bondés de la capitale défilent sous mes yeux. Je regarde ces gens insouciants vaquer à leur occupations depuis la voiture, pour échapper à ce silence qui à force devient gênant. Ils en ont vraiment de la chance, ces gens normaux. Je les envies tant.

Les lumières de la ville clignotent, projetant des ombres sur mon visage à travers la vitre. La voiture glisse dans la nuit, silencieuse, presque comme si elle savait que je voulais rester invisible, effacée dans cette foule.

Je laisse mes pensées dériver. Ruby, la serveuse dans un petit restaurant. Peut-être un endroit tranquille, quelque part au bord de la mer. Avec une terrasse en bois où le soleil couchant illumine les tables vides après une longue journée de travail. Là-bas, personne ne poserait de questions. On ne parlerait pas d'armes, de cibles, de vies brisées par mes choix.

Je pourrais avoir une vie simple. Avoir des collègues, des habitués qui viennent tous les jours pour leur café du matin, leur déjeuner vite fait entre deux courses. Je pourrais sourire sincèrement, écouter des histoires banales, des tranches de vie que je ne connais que de loin. Peut-être qu'ils m'inviteraient à leurs fêtes de famille, peut-être qu'on m'appellerait par un surnom affectueux.

"Hey, Ruby! Comment ça va aujourd'hui?"

Je me surprends à sourire à cette pensée. Ça aurait pu être réel. Ça aurait pu être moi.

Mais la réalité, c'est que je suis dans cette voiture, sur le chemin d'une mission dont je ne reviendrai peut-être pas. Ce gala, c'est plus qu'une simple couverture. C'est une occasion. Une opportunité de conclure un chapitre de ma vie, peut-être même de tout arrêter. Je ne peux m'empêcher de penser à ma mère, à ses mots lourds de sens. Elle savait, bien avant moi, que je courais vers une fin inévitable. Je ne veux pas qu'elle ait raison.

Je serre les poings. Une serveuse ne pourrait jamais comprendre ce que c'est de vivre avec des décisions comme les miennes. Mais Ruby, la tueuse à gage, n'a plus le luxe de rêver.

- On est presque arrivés , dit le chauffeur d'une voix neutre.

Je hoche la tête sans le regarder, mes pensées déjà en train de se préparer à ce qui vient. Le masque doit revenir, celui de l'indifférence froide, celui qui me permet de survivre dans ce monde.

La vie ordinaire ne sera jamais la mienne. Pas tant que je suis encore Ruby la tueuse.

Je jette un dernier coup d'œil par la fenêtre, aux passants qui continuent de vivre sans se douter de ce qui se trame dans l'ombre. Puis je redresse la tête. Le gala m'attend.