𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 15

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𝓡𝓾𝓫𝔂
























Je ne sais plus depuis combien de temps je roule.

Le moteur vibre sous moi, chaud, sale, usé. L'air est sec, trop sec, il me râpe la gorge. Le soleil tape comme un coup de poing qui ne s'arrête jamais. Devant, la route. Derrière, rien. Juste le goût du sang dans ma bouche et le bourdonnement sourd de ce que je viens de quitter.

Je ne sais même pas si je fuis quelque chose... ou si je m'enfonce dans un piège encore plus grand.

C'est ça, le pire. Ce doute qui me bouffe la nuque.

Les bords de la route sont nus. Terre craquelée, herbes jaunes à moitié mortes, quelques cactus maigres plantés là comme des sentinelles fatiguées. Pas une voiture. Pas un bruit humain. Juste le vent, un vent qui siffle comme un avertissement. Comme un vieux qui chuchote :

"Tu vas crever ici, petite."

Je ne reconnais rien. Je ne sais même plus si je suis encore dans la ville, ou si je l'ai déjà quittée. Peut-être que la ville me retient encore. Peut-être qu'elle s'étire, qu'elle s'accroche à mes pneus comme une ombre collante.

Je passe devant un panneau rouillé. Il est de travers, les lettres effacées par le sable et le temps. Juste un mot que je ne comprends pas. Un nom de village oublié. Ou peut-être un avertissement. J'ai pas envie de savoir.

Je ralentis. Juste un peu.

Le moteur toussote. Je m'arrête. Complètement.

Et d'un coup, tout devient silence.

Je coupe le moteur. Plus rien. Même le vent s'est tu.

Mes cheveux collent à ma peau. Je reste immobile. Je tends l'oreille.

Rien.

Mais mon cœur cogne. Fort. Comme s'il y avait quelque chose. Quelque chose qui me regarde. Qui attend.

Je tourne lentement la tête. Un buisson. Une pierre. Une ombre.

Je fixe. Rien ne bouge.

Mais je sais. Je le sens. Quelqu'un. Ou quelque chose.

Je redémarre. D'un coup sec. Sans réfléchir.

Je ne peux pas m'arrêter ici. Pas maintenant. Pas seule. Pas sur cette route morte.

Le pire, c'est qu'ils ne me suivent même pas.

Comme s'ils savaient déjà que je ne sortirai jamais de cet enfer.
Que j'allais tourner en rond jusqu'à m'écraser, toute seule, au bord de cette route.

Je n'ai ni téléphone forcément, il est resté avec le Baron ni argent tout est dans l'appartement.

Enfin...

Mon appartement. Maintenant.

Je ris. Juste un souffle. Court, sec. Même pas drôle.

Mon cœur se serre.

Je pense à Cassandra.

Et je prie.

Je prie que ce que le Baron m'a dit sur elle soit faux. Complètement faux. Un mensonge de plus. Un piège lancé comme une dernière gifle.

Mais j'ai vu ses yeux.

Et je sais reconnaître un homme qui ment.

Le Baron... il ne mentait pas.

𝚁𝚞𝚋𝚢: 𝙳𝚒𝚊𝚖𝚊𝚗𝚝 𝙱𝚛𝚞𝚝 𝙰𝚞 𝙲𝚘𝚎𝚞𝚛 𝙳𝚎 𝙻'𝚊𝚋î𝚖𝚎 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant