𝚁𝚞𝚋𝚢: 𝙳𝚒𝚊𝚖𝚊𝚗𝚝 𝙱𝚛𝚞𝚝 𝙰𝚞 𝙲𝚘𝚎𝚞𝚛 𝙳𝚎 𝙻'𝚊𝚋î𝚖𝚎

𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 20

« Je croyais avoir touché la fin... mais la douleur avait encore des chapitres à écrire. »

Kamar

𝓡𝓾𝓫𝔂

Je ne mérite pas qu'on m'accorde de l'attention. Combien de fois devrais-je le lui répéter ? Je ne mérite rien d'autre que de souffrir.

Alors pourquoi ne me tue-t-il pas ? Pourquoi ne m'inflige-t-il pas cette douleur que je réclame en silence ? C'est tout ce que j'ai jamais connu, tout ce que je crois légitime pour moi.

Je suis écœurante.

Une enfant...

Ce n'était qu'une enfant.

Je suis faible. Et cet endroit ne fait qu'accentuer ma faiblesse.

J'ai crié sans qu'aucun son ne sorte. Personne n'entend. Personne ne veut entendre.

Je me répète que c'est ma faute, que je l'ai mérité, que je ne suis rien d'autre qu'un poids qu'on traîne. Je me regarde et je ne vois qu'une ombre de ce que j'aurais dû être.

Tout en moi est brisé. Chaque souvenir, chaque battement, chaque souffle est une punition que je subis sans comprendre pourquoi.

Peut-être qu'un jour je disparaîtrai enfin.

Peut-être que ce sera ma délivrance.

Et peut-être que ce jour, c'est aujourd'hui.

Une pilule... six pilules... douze pilules...

Mes mains tremblent. Chaque cachet tombe dans ma paume. Le goût amer me colle déjà à la langue, et pourtant c'est presque apaisant.

Pour la première fois, j'ai l'impression de tenir la fin de mon supplice entre mes doigts.

Mais mon cœur continue de battre, obstiné. Comme s'il voulait me rappeler qu'il reste encore quelque chose à vivre, quelque chose que je n'ai pas encore compris.

Je lance un regard vers le réveil.

Il est sept heures cinquante.

Bientôt huit heures.

Il sera bientôt là.

Raymundo.

Depuis une semaine, il ne me lâche pas d'une semelle. Chaque matin, il vient. Il dépose le petit-déjeuner. Il me force à manger, à avaler mes médicaments, à me laver, à me coiffer... toujours avec ce calme, cette douceur presque mécanique.

Mais il ne s'arrête pas là.

Il endure mes crises. Il m'écoute pleurer, m'écouter me plaindre, m'écouter hurler. Il me laisse m'acharner sur lui jusqu'au sang. Et lui... il ne cille jamais. Il reste assis, à l'autre bout du lit, silencieux, le regard fixé sur moi comme si j'étais faite de verre. Attentif et présent. Jusqu'à ce que la nuit tombe.

Et le lendemain, tout recommence.

Encore. Encore. Encore.

Une boucle sans fin. Une prison où je respire à peine.