|| Chapitre 10 : Fugue ||

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🌼 J'ai sans doute dû m'endormir, car quand je me réveille, le soleil est déjà à son zénith. En regardant mon réveil, je constate qu'il est déjà midi passé.

Je tourne mécaniquement la tête vers ma table de chevet et j'aperçois un plateau-repas posé dessus. La nourriture est le reste du festin d'hier : une assiette – remplie à ras-bord – de lasagnes, deux roulées à la saucisse, deux parts de brownies et un verre accompagnés d'une carafe d'eau.

Je soupire avant de me redresser et de me mettre au bord de mon lit. Je prends le plateau et le pose sur mes genoux. Je regarde les lasagnes avec envie, mais n'y touche pas. Quant aux rouleaux et aux brownies, j'essaye de prendre une bouchée de chaque, mais rien.

Mon corps – mon estomac – refuse d'avaler quelque chose. Enfin... c'est plutôt moi qui refuse de manger quelque chose. Je n'ai pas faim ; j'ai perdu l'appétit, surtout après la terrible dispute que j'ai eu ce matin avec mes parents. Rien que le fait d'y penser me fait mal au cœur...

Quand je me suis énervée contre eux... Ça a dû être horrible à voir. Moi qui m'acharne sur eux, alors qu'ils n'ont rien demandé. Mais tout ce que je leur ai dit, je l'ai dit sous le coup de la colère.

Comprenez-moi... vous auriez fait quoi vous à ma place si vos parents vous forçaient à faire quelque chose que vous ne voudriez pas faire. Vous céderiez ? Vous obtempériez ? Moi, non. Je ne le ferais pas. J'ai bien le droit de refuser ; on est pas toujours obligé de dire oui à tout ce qu'on vous propose de faire. Vous êtes d'accord avec moi, n'est-ce pas ?

Savoir que mes parents ne tolèrent pas le fait que je décline une de leur offre, me blesse énormément. Qu'est-ce que ça veut dire ça ? Que je ne peux rien faire ? Je me demande s'ils ont toujours été comme ça ou si c'est juste à cause de mon amnésie.

Je regrette la dernière phrase que j'ai dite à mes parents, avant de m'enfuir dans ma chambre comme une voleuse.

Ce n'est pas ma mère et toi, tu n'es pas mon père.

Qu'est-ce qui m'a pris de dire une chose pareille ? Je n'ai pas de tête ou quoi ? J'ai vu comment leurs visages ont changé de couleur, à l'instant où mes mots ont atteint leurs oreilles. J'ai vu leur tristesse, leur douleur, quand ils me regardaient.

Je les ai blessés et je ne m'en suis rendue compte après que les mots – que je n'ai pas pu retenir – soient sortis de ma bouche.

Je suis un monstre...

Je suis horrible...

Je ne mérite l'amour de personne. On devrait m'enfermer dans un hôpital pour toujours et ne jamais me laisser en sortir. Ça m'apprendra à réfléchir à deux fois avant d'ouvrir ma bouche et de lancer des méchancetés à ceux qui ne les méritent pas – dont mes parents.

La seule chose que j'ai envie de faire maintenant, c'est pleurer, crier, casser quelque chose ou taper sur quelqu'un. J'ai besoin de me défouler, de courir.

Une idée me vient en tête, mais je sais que c'est risqué et dangereux.

Fuir.

Fuir loin d'ici, partir de cet endroit où je me sens si seule, si triste ; fuir de ce lieu où je ne suis pas à ma place, où je fais souffrir tout ceux qui tienne à moi.

Je sais quels sont les risques que je prends en faisant ça, mais je n'ai pas le choix. Je ne peux pas rester une minute de plus ici. J'ai fait assez de mal comme ça. Si je pars, ma famille sera débarrassée d'un poids qui était trop lourd à porter.

Moi.

Je pose le plateau sur mon lit, me dirige vers l'armoire en face de moi et fouille à la recherche d'un sac à dos. Je finis par en dénicher un : il est bleu clair avec des motifs en forme de papillons. Je le contemple ; il est hyper beau. Je secoue furtivement la tête. Pas le temps de rêvasser ma grande.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 10 ⏰

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