Chronique D'Avaloria : FUREURe

Chapitre 14 : Des Effets Non Désirés

À mesure que les mots de Rowan s’imprimaient dans mon esprit, une colère sourde montait en moi. Sillicia… inconsciente… mourante. Je ne pouvais tout simplement pas accepter cela. Pas après tout ce que nous avions traversé ensemble, pas après tout ce que cette gamine avait déjà enduré. Et encore moins en sachant que Rowan, un ancien aventurier et maître dans l’art de l’épée, se trouvait à ses côtés.

Je serrai les poings, sentant la chaleur de ma colère me monter au visage. Rowan, lui, restait immobile, abattu par la gravité de la situation. Il baissait les yeux, et son expression de culpabilité ne faisait qu’alimenter ma frustration.

"Comment as-tu pu laisser cela arriver, Rowan ?" explosai-je finalement, incapable de contenir ma rage plus longtemps. "Tu es un maître dans l’art du combat ! Un aventurier respecté ! Et pourtant, tu n’as rien fait pour la sauver ?!"

Rowan resta silencieux, les yeux toujours rivés au sol. Mon cœur battait furieusement dans ma poitrine, chaque mot franchissant mes lèvres avec une intensité croissante. "Tu as des années d’expérience, tu as survécu à des batailles bien plus dangereuses que celle-là ! Comment as-tu pu la laisser utiliser sa magie à ce point ? Comment as-tu pu la laisser s’effondrer ?"

Mirai, assise à côté de moi, écarquilla les yeux en me voyant m’emporter ainsi. Elle ne m’avait jamais vu dans cet état, et je ne me souvenais pas moi-même avoir été aussi furieux depuis longtemps. Je savais, au fond de moi, que cette colère n’était pas entièrement justifiée. Mais l’idée de perdre Sillicia, de la voir mourir alors qu’elle méritait tant de vivre, me dévorait de l’intérieur.

Rowan leva lentement les yeux, et je vis quelque chose que je n’avais jamais vu chez lui auparavant : la honte. Il ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son ne sortit. Il semblait lutter contre ses propres émotions, son propre désespoir.
"Réponds-moi, Rowan ! Comment as-tu pu échouer à ce point ?" continuai-je, la voix tremblante de rage. "Tu aurais dû la protéger !"

Mais au lieu de répondre, Rowan resta immobile. C’est à ce moment-là que Mirai intervint. Voyant la scène s’intensifier, elle s’approcha de moi, posant doucement sa main sur mon bras.

"FUREURe… arrête," dit-elle d’une voix calme mais ferme. "Regarde-le."
Je me tournai vers elle, encore en proie à ma colère, mais son regard insistant me força à me calmer. Elle baissa lentement les yeux vers Rowan, et je suivis son regard. Les cicatrices… ces blessures… elles racontaient une histoire que je n’avais pas encore comprise.
"Il s’est battu," murmura Mirai. "Il s’est battu aussi fort qu’il le pouvait."

Je sentis ma colère retomber doucement, remplacée par une vague de culpabilité. Rowan, qui s'était toujours montré inébranlable, portait sur lui les marques de la bataille. Je me rendis compte que je l'avais jugé trop vite. Ces cicatrices étaient la preuve qu'il avait tout fait pour la protéger, qu’il avait combattu avec tout ce qu’il avait. Et malgré cela, il avait échoué. C’était ce fardeau qui pesait sur ses épaules à cet instant.

Mirai se redressa et se tourna vers Rowan, son expression pleine de compréhension. "Il s'excuse déjà en silence, FUREURe. Regarde-le. Il s’en veut… Il n'a pas pu sauver Sillicia, mais ça ne veut pas dire qu'il n'a rien tenté."

Rowan, toujours silencieux, serra les poings et baissa de nouveau la tête. Un poids immense semblait peser sur lui. Il n’essayait même pas de se défendre, car il savait, au fond de lui, que mon explosion était une manifestation de désespoir, autant que de colère.

"Je suis désolé, FUREURe," murmura Rowan, sa voix rauque et brisée. "Je suis désolé de ne pas avoir pu faire plus. De ne pas avoir pu la sauver… Je me suis battu, mais…"