Entre Nostalgie et Légende : le passé de Morgan

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La Cité Blanche. Ce nom évoque sans conteste un profond sentiment de paix à quiconque l’entend. Capitale et, en quelque sorte, siège de la forêt de Prithvi, cette ville est la seule ville de toute la forêt. Bien sûr, l’immensité du territoire Eternalien est composé ici et là de différents campement dits sauvages où les elfes les plus vieux, ou étant le moins à l’aise avec la civilisation se retirent. Si j’ai pris ces feuilles pour écrire aujourd’hui, c’est pour vous initier, lecteur, à quelques secrets que moi, Morgan, ai jugé utile de dévoiler.

Je suis un Eternalien, plus précisément mon père était humain et ma mère était une elfe. J’ai grandi au sein de la Cité Blanche et la forêt de Prithvi n’a aucun secret pour moi. Enfant, j’étais relativement aventureux et je n’hésitais pas à me perdre parmi les arbres millénaires, effleurant leur écorce de mes mains d’enfant innocent, dansant entre leurs feuilles tombantes ou encore baignant mes pieds dans la rivière Med. Je n’étais pas spécialement un enfant turbulent mais quand mon père quitta le foyer, malgré moi je me suis renfermé sur moi-même. Ma mère n’a jamais supporté la perte de celui qui fut l’homme de sa vie, et moi je n’ai jamais accepté l’état de déprime dans lequel ce départ l’a plongée. C’est à ce moment-là que mon exploration de la forêt devint une obsession. Je devais devenir plus fort, je devais trouver des réponses. Pourquoi ma magie était-elle aussi puissante ? Je ne suis pourtant qu’un demi-elfe, je n’aurais jamais dû avoir des pouvoirs de cette étendue-là. Et au fil de mes aventures, je me suis beaucoup familiarisé avec la nature, devenant, en quelque sorte, une partie d’elle. Comme une ramification douée de parole et de conscience. C’est de cette façon que j’ai pu découvrir ce que je m’apprête à vous dévoiler.

Bien que la Cité Blanche soit considérée comme le point névralgique de la forêt, c’est fondamentalement faux. Elle se situe simplement sur une veine magique la plus importante à proximité du noyau. Ce noyau, centre de la magie Médéienne, se situe sous la source qui porte son nom. Que vous croyiez ou non en la puissance des forces supérieures, Prithvi est gouvernée par Medeina, déesse mère et protectrice de la faune et de la flore. Sa magie, pure et profonde, a donné naissance il y a longtemps aux peuples elfiques. Une fois par an, à l’équinoxe de printemps, des pèlerins partent pour faire des offrandes à Medeina. Son autel se situe à la source Médéienne, et seuls les adeptes y sont acceptés. je n’ai jamais pu entrer pour voir de moi-même ce lieu de culte. Aucune profanation n’est tolérée, il en va de la survie de Prithvi.

Plusieurs lignes sont barrées et gribouillées.

Au fil de mes explorations, j’ai appris à déchiffrer le murmure des arbres ainsi que celui du vent. La nature a énormément à dire, trop pour une seule vie. Ce que je m’apprête à dévoiler a été consciemment supprimé des livres d’histoire. Il s’agit d’un pan du passé elfique que les plus hautes instances ont tenté de réduire au silence. Ce récit est gravé au fer rouge dans ma mémoire, je ne peux pas oublier, même si je le voulais. C’est également d’une gravité terrible.

Jadis, une guerre éclata entre les Elfes et les humains. Ces derniers, bien plus nombreux, envahirent Prithvi mais leur offensive se solda d’un échec. La magie protectrice était trop forte. Alors, animés d’une soif destructrice et d’une colère à l’origine inconnue, ils mirent le feu à notre havre de paix. Les flammes dévoraient tout sur leur passage, elles tuaient tout signe de vie sous leur fureur ardente. Choqués et surtout terriblement blessés dans leurs essences même, les elfes se divisèrent en deux partis : une partie de la population se mit à prier Medeina avec ferveur, demandant son aide pour arrêter le massacre, tandis que l’autre partie prit les armes. C’est à cet instant que naquit la division de l’harmonie elfique. Ceux qui prirent les armes furent alors appelés Eternaliens. Ma mère en était une descendante, et par conséquent moi aussi. La moitié restante, pacifique, conserva le nom d’elfe.

La catastrophe prit fin de façon abrupte. Les Eternaliens qui luttaient contre les humains furent presque intégralement décimés quand Medeina s’éveilla. Elle abattit sa colère divine sur les humains en conquête d’un nouveau territoire et fit pleuvoir pendant trois jours et trois nuits une pluie magique aux propriétés régénératrices. La forêt de Prithvi avait perdu un tiers de sa superficie mais il en restait encore deux pour abriter les elfes et les Eternaliens sur un même territoire. Suite à ce débordement, et contre des offrandes plus puissantes, Medeina dans son rôle de Mère renforça sa protection.

Bien que des théories furent faites, personne ne se rappela le but de cette attaque. La plupart des Eternaliens pensaient qu’il s’agissait de l’avidité humaine qui avait repris le dessus, quand les Elfes pensaient qu’il s’agissait là d’un mal différent. Ils y voyaient le sombre dessein d’un futur mage noir. Cet épisode sanglant fut évincé de l’histoire, comme si rien ne s'était jamais passé. J’ai appris, en partant de la Cité Blanche qu’il s’agissait d’une volonté des Hauts Elfes - le conseil qui gouvernait Prithvi. Depuis que j’ai découvert la vérité, je n epeux m’empêcher de faire le parallèle entre le génocide des Ocean Eeyes et le nôtre. Quel sera le prochain peuple sur la liste ? Quand est-ce que l’avidité se réveillera à nouveau ? Tant de questions me tourmentaient l’esprit et aucune réponse à apporter. C’est également pour ça qu’il est très important pour moi de savoir me défendre et de développer mes pouvoirs. Je n’étais pas doté d’une telle puissance pour la laisser endormie au fond de moi : je devais la maîtriser et l'entraîner comme s’il s’agissait d’un muscle de mon corps.

Voyageur, si tu lis ces lignes je t’en conjure : n’oublie pas ce que je viens d’écrire. Rappelle-toi en et répand ce savoir. Il est important que nos morts ne soient pas disparus en vain, il est à mon sens important que qu’une troisième tragédie ne voit pas le jour. Si les elfes avaient été moins nombreux à cette époque-là, il ne fait aucun doute à mes yeux qu’il ne resterait d’eux qu’un champ de ruine. Comme pour les Ocean Eyes.

Je me suis longtemps demandé comment faire connaître ce récit sans passer pour un fou ou pour un elfe fanatique auprès des autres, et je crois que le mieux à faire est de passer par le bouche à oreille et par les livres. Je pense que FUREURe pourrait, malgré lui, m’aider à réaliser cette tâche.

Chronique D'Avaloria : FUREUReOù les histoires vivent. Découvrez maintenant