Chapitre 18 : Une Esperance Evanescente

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Les jours passèrent, et avec eux, une lente agonie d'attente silencieuse. Sillicia restait allongée, immobile, toujours piégée dans ce sommeil profond et insondable. Chaque matin, je m'éveillais en espérant que, peut-être, ce jour serait celui où ses paupières s'ouvriraient enfin, où ses yeux rencontreraient les miens, où elle me parlerait, même si ce n'était que pour murmurer quelques mots. Mais chaque jour, le silence restait maître de la pièce, brisé seulement par les murmures lointains des guérisseurs.

Les guérisseurs de la Cité Blanche continuaient leurs allers-retours réguliers dans la salle de soins. Ils entraient avec leurs fioles et herbes médicinales, testant de nouvelles potions, murmurant des incantations douces à ses côtés. Mais malgré leurs efforts, malgré les soins minutieux et leur expertise, rien ne semblait changer. Son état restait désespérément stable, ni amélioré ni dégradé, comme si elle était suspendue entre deux mondes, incapable de choisir lequel rejoindre.

Je pouvais voir, dans les regards des guérisseurs, la frustration grandissante. Ils n'étaient pas habitués à l'échec, encore moins à une stagnation si persistante. Cette situation dépassait leurs connaissances et leur expérience, et bien que leur professionnalisme les poussât à essayer encore et encore, je voyais leurs espoirs s'éroder avec le temps. Chaque nouveau traitement n'était qu'une tentative désespérée de briser l'inertie, mais l'inertie, elle, semblait implacable.

Morgan venait souvent s'asseoir à mes côtés, bien que ces moments partagés fussent de plus en plus marqués par le silence. Nous avions épuisé les conversations sur l'avenir, sur les hypothèses concernant l'état de Sillicia, et sur nos propres peurs. Maintenant, il restait seulement une acceptation tacite de la réalité : nous ne savions pas ce qui allait se passer. Il passait aussi de longs moments avec sa mère, elle aussi dans une salle voisine, bien qu'elle montre de légers signes de rétablissement. Mais pour Sillicia, aucun changement positif ne venait alléger la lourdeur qui régnait dans la pièce.

Les journées devenaient de plus en plus mécaniques. Chaque matin, les guérisseurs entraient, vérifiaient ses signes vitaux, murmuraient entre eux avant de s'éclipser sans un mot. Je m'asseyais à ses côtés, lui tenant la main, parlant parfois de tout et de rien, espérant que ma voix pourrait la tirer de ce sommeil impénétrable. Mais rien ne semblait pouvoir la réveiller.

Je me demandais parfois si elle pouvait m'entendre, si, quelque part, son esprit luttait pour remonter à la surface. Je m'accrochais à cette idée, même si chaque jour qui passait rendait cette pensée plus difficile à soutenir. Le doute commençait à s'insinuer dans mon esprit. Et si elle ne se réveillait jamais ? Et si, malgré tous nos efforts, elle était déjà partie, loin d'ici, là où nous ne pouvions plus la rejoindre ?

Mais je chassais ces pensées dès qu'elles émergeaient. Je ne pouvais pas me permettre d'abandonner. Pas tant qu'elle respirait encore, pas tant que son cœur battait encore. Tant qu'il y avait de la vie en elle, il y avait de l'espoir, aussi infime soit-il.

Mirai continuait de venir régulièrement. Elle ne parlait pas beaucoup, mais sa présence apportait un certain réconfort. Parfois, elle se contentait de s'asseoir à côté de moi, silencieuse, observant Sillicia avec une attention presque religieuse. D'autres fois, elle s'échappait avec Rowan pour explorer la Cité Blanche et apprendre de nouvelles choses. Il était devenu son mentor, son guide dans ce monde étrange. Leur lien se renforçait chaque jour, et bien que je ne le disais pas souvent, cela m'apportait une certaine paix de savoir que Mirai avait quelqu'un pour veiller sur elle.

Rowan, lui, passait moins de temps à la salle de soins, mais il s'assurait toujours que j'avais ce dont j'avais besoin. Il respectait mon besoin de rester auprès de Sillicia, mais il savait aussi que je devais prendre soin de moi. De temps en temps, il me traînait presque de force hors de la pièce, me poussant à marcher un peu, à respirer l'air frais des jardins extérieurs, même si mon cœur restait toujours avec elle, dans cette pièce silencieuse.

Chronique D'Avaloria : FUREUReOù les histoires vivent. Découvrez maintenant