Chapitre 5 : nouveau tournant

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Le garçon poussa un cri étouffé, et la pièce se remplit instantanément d’une énergie glaciale.

Étienne était là, plus puissant que jamais. Le cercle d’exorcisme de Louis et Sophie n’avait fait que retarder l’inévitable. Le fantôme avait puisé dans la maison, dans la terre elle-même, gagnant en force à chaque jour qui passait. Il ne cherchait plus seulement à hanter ; il voulait emmener Jules avec lui, dans cet autre monde, là où personne ne pourrait jamais le retrouver.

Louis, les mains tremblantes, recula d’un pas, son esprit tourbillonnant. Il devait agir vite, avant qu’Étienne ne prenne définitivement le contrôle de l’enfant. Mais cette fois, il n’avait ni le grimoire ni les protections anciennes. Il était seul, face à la même terreur qui l’avait hanté toute sa vie.

Et Étienne le savait.
Louis sentit son cœur battre de plus en plus vite alors que la silhouette spectrale d’Étienne se matérialisait derrière le petit Jules. Ses traits n’étaient plus ceux d’un enfant ordinaire ; son visage était allongé, ses yeux, deux puits sans fond qui semblaient aspirer la lumière. Un sourire effrayant étirait ses lèvres pâles, et sa main squelettique agrippait fermement l’épaule de Jules.

« Il est à moi maintenant, Louis », murmura Étienne, sa voix semblant s’échapper des murs eux-mêmes. « Tu ne peux rien y faire. »

Jules tremblait, figé par la peur. Ses yeux, suppliants, cherchaient une échappatoire, une aide, mais il était comme pris dans une toile invisible, incapable de bouger. Louis se sentait impuissant. Il avait déjà combattu Étienne une fois, mais cette fois-ci, tout semblait différent. Plus sombre. Plus dangereux.

La mère de Jules, debout derrière lui, se couvrait la bouche, tétanisée par l’horreur qui se déroulait sous ses yeux. Elle n’avait jamais imaginé que les histoires de Louis étaient vraies, que cette entité surnaturelle était réelle. Mais à présent, face à la réalité de la situation, son esprit oscillait entre la panique et l’incrédulité.

Louis se força à reprendre son souffle. Il n’avait pas le luxe de la peur. Il devait agir, et vite.

« Jules, reste avec moi », lança-t-il, sa voix tremblant légèrement, mais empreinte de détermination. Il savait qu’il devait attirer l’attention d’Étienne.
Louis, toujours face à l’armoire, sentait l’énergie glaciale se renforcer autour de lui, rendant chaque respiration douloureuse. Il savait qu’il devait  rapidement, mais il était conscient que cette fois, il ne se battait pas uniquement contre Étienne. Il luttait contre l’essence même de la maison, contre des forces bien plus anciennes et obscures que tout ce qu’il avait pu imaginer.

Soudain, une pensée traversa son esprit. Les histoires anciennes, celles que Sophie et lui avaient autrefois lues dans ces grimoires poussiéreux, parlaient d’un rituel oublié. Un rituel capable d’enfermer définitivement une entité, mais à un coût énorme. Louis se souvenait des mots de Sophie : *« Ce rituel… il exige un sacrifice. Un sacrifice qui transcende la mort. »*

Il savait que la clé pour vaincre Étienne ne résidait pas seulement dans l’armoire ou les objets physiques de la maison. Non, la véritable bataille allait se jouer à un autre niveau, au cœur même des forces qui liaient ce monde à celui des morts. Et pour cela, il devait trouver la vérité derrière cette maison.

Avant qu’il ne puisse approfondir sa réflexion, Étienne s’élança vers lui avec une violence terrifiante. Son corps spectral semblait se dissoudre en une vague noire qui engloutit toute la pièce, rendant chaque surface froide et tranchante comme de la glace. Louis se jeta au sol juste à temps, sentant la rage de l’esprit s’abattre à quelques centimètres de lui.

Il se redressa rapidement, déterminé à ne plus jouer la victime. « Tu ne pourras plus te cacher derrière cette maison pour toujours ! » cria-t-il, sa voix résonnant étrangement dans l’air glacé.

Étienne apparut à nouveau, sa forme changeante, fluctuante, comme s’il était incapable de maintenir une présence stable. « Tu ne comprends pas, Louis. Cette maison est mon refuge… et le tien aussi. »

Louis recula, décontenancé par cette affirmation. *Mon refuge ?* Qu’est-ce que cela voulait dire ? Était-il lié à cette maison d’une manière qu’il ignorait ? Une nouvelle vague d’effroi s’empara de La main de Sophie, toujours posée sur lui, le maintenait ancré dans le présent. Louis ouvrit les yeux, haletant. Il était encore là. La lumière s’était éteinte, la pièce était plongée dans un silence étrange, presque oppressant. Il sentait toujours le froid autour de lui, mais ce n’était plus celui d’Étienne. C’était différent. Plus ancien.

L'enfant caché derrière l'armoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant