Chapitre 7 : le cœur de la maison

12 4 0
                                    

Il comprit instantanément : c’était là, le cœur de la maison. Là où tout avait commencé, et où tout devait finir.
Louis et Sophie descendirent les escaliers du sous-sol, leurs pas résonnant étrangement, comme si les murs absorbaient le son. Plus ils descendaient, plus l’air devenait dense et lourd, chargé d’une présence oppressante qui rendait chaque respiration plus difficile. Louis avait l’impression de s’enfoncer dans une tombe, mais il n’avait pas le choix. Il devait continuer.

La porte métallique devant eux semblait pulsée, comme une chose vivante, ses symboles anciens émettant une lueur terne, presque imperceptible. Sophie s’arrêta devant elle, tendant une main tremblante pour toucher la surface froide. Elle ferma les yeux un instant, prenant une profonde inspiration, comme si elle puisait une force intérieure pour affronter ce qui se trouvait derrière.

« Es-tu sûre de vouloir faire ça ? » demanda Louis, la voix rauque. « On pourrait encore trouver un autre moyen. »

Sophie secoua la tête. « Non, Louis. C’est ici que tout se joue. Nous devons le faire. »

Elle poussa lentement la porte, qui s’ouvrit dans un grincement sourd. Ce qu’ils découvrirent derrière la porte les laissa sans voix.

Le sous-sol n’était pas ce qu’ils s’attendaient. Ce n’était plus l’espace exigu et humide qu’ils avaient visité autrefois. C’était une vaste caverne, dont les parois semblaient faites d’une matière organique, presque comme de la chair, qui pulsait légèrement sous la lumière vacillante. Le sol était couvert d’un voile sombre, comme une brume noire qui s’agitait doucement à leurs pieds.

Au centre de la pièce se trouvait un autel, grossièrement taillé dans la pierre, avec des gravures similaires à celles de la porte. Des symboles incompréhensibles, des formes tordues et sinistres qui semblaient bouger lorsque Louis essayait de les fixer du regard.

Sophie avança lentement vers l’autel, et Louis la suivit de près, sentant une terreur sourde s’insinuer en lui. Il y avait quelque chose de fondamentalement mauvais dans cette pièce, quelque chose de plus ancien que tout ce qu’ils avaient imaginé. C’était ici que la maison puisait sa force, ici que les ténèbres qui les poursuivaient avaient pris racine.

« C’est là que tout a commencé, » murmura Sophie, presque sûre d’elle « Les anciens rituels. Les sacrifices. C’est ici que la malédiction a pris forme. »

Louis regarda l’autel, sentant une vague de nausée monter en lui. « Et c’est ici que tout doit finir. »

Sophie hocha la tête. « Oui. Mais cela ne sera pas facile. La maison ne nous laissera pas partir sans se battre. »

À peine avait-elle prononcé ces mots que la brume noire à leurs pieds commença à bouger plus rapidement. Elle se tordait et s’enroulait autour de leurs jambes, comme des tentacules, essayant de les tirer vers l’autel. Louis lutta pour se dégager, mais il pouvait sentir une force immense, presque surnaturelle, dans ces filaments sombres.

« Qu’est-ce que c’est ? » s’exclama-t-il, paniqué.

Sophie luttait elle aussi, ses yeux écarquillés de peur. « C’est la maison. Elle ne veut pas que nous rompions le lien. »

Louis se débattit, parvenant à se libérer d’une partie de la brume, mais celle-ci revenait aussitôt, plus forte, plus vicieuse. Chaque mouvement semblait la rendre plus agressive, comme si elle se nourrissait de leur terreur.

Sophie, luttant toujours contre les ombres qui l’enveloppaient, tourna son regard vers l’autel. « Il faut terminer le rituel. C’est la seule façon de rompre le lien avec la maison. »

Louis hocha la tête, déterminé, mais incertain de ce qu’il devait faire. « Comment ? »

Sophie, le visage tendu par la douleur et l’effort, leva la main vers lui. « Il faut du sang… ton sang, Louis. C’est toi qui es lié à cette maison. Toi, et ton histoire. »

Les mots de Sophie frappèrent Louis comme un coup de poing. Il comprit soudain l’ampleur du sacrifice qu’il allait devoir faire. Ce n’était pas seulement une question de prononcer quelques incantations. La maison demandait quelque chose de plus grand. Quelque chose de plus profond.

Le lien entre lui et la maison ne pouvait être rompu qu’en brisant ce qui avait été fait il y a tant d’années.

Louis sentit un frisson glacial le parcourir. Le poids de la vérité pesait sur lui comme une chape de plomb. Il ne s’agissait pas simplement de vaincre une entité, mais de couper un lien qui existait depuis des générations. Un lien tissé dans le sang et l’ombre, ancré dans l’histoire de sa famille, et nourri par les secrets les plus sombres de la maison.

Sophie le regardait avec une intensité féroce, ses yeux emplis de détermination, mais aussi de tristesse. « Louis, il n’y a pas d’autre moyen. Le sang a ouvert cette porte, et seul le sang peut la refermer. »

Louis déglutit avec difficulté. Il savait que ce n’était pas simplement une question de verser quelques gouttes. La maison demandait quelque chose de plus grand, de plus profond. Quelque chose qui allait bien au-delà de ce qu’il aurait jamais cru possible.

« Et si… si je refuse ? » demanda-t-il, la voix tremblante.

Sophie hésita, ses yeux se baissant brièvement vers le sol, où la brume noire s’agitait toujours. « Alors la maison nous prendra tous les deux. Elle ne se contentera pas de nous garder ici. Elle nous dévorera. Nos âmes, nos corps, tout. Nous deviendrons comme Étienne, mais sans espoir de rédemption. Des ombres errantes, condamnées à servir la maison pour l’éternité. »

Louis sentit son estomac se nouer. Était-ce vraiment son destin ? Mourir pour sauver ceux qu’il aimait, et pour détruire cette malédiction ? Sa propre vie lui semblait dérisoire face à cette horreur plus grande qu’eux.

Il leva les yeux vers Sophie, qui lui tendait un couteau. La lame semblait ancienne, forgée dans un métal noirci par le temps, et gravée des mêmes symboles que ceux sur l’autel. Il prit l’arme avec précaution, sentant son poids comme un fardeau qu’il ne pouvait éviter.

« Fais-le vite, Louis, » murmura Sophie, sa voix tremblante. « La maison devient plus forte à chaque instant. »

L'enfant caché derrière l'armoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant