Chapitre 6 : des vérités pour rendre froid

8 4 0
                                    

Sophie l’aidait à se relever, bien que ses jambes tremblent sous son propre poids. Ils se regardèrent, incrédules. Étienne avait disparu. Mais à quel prix ?

Louis se sentait vidé, comme si une partie de lui-même avait été arrachée dans le processus. Il porta une main à sa poitrine, sentant encore la douleur lancinante du sacrifice. Mais il était vivant. Et Sophie aussi.

« Est-ce que… c’est fini ? » demanda-t-il, sa voix faible, comme s’il avait peur de briser le silence.

Sophie ne répondit pas immédiatement. Elle fixait l’endroit où Étienne s’était tenu quelques instants plus tôt, comme si elle s’attendait à le voir réapparaître. Puis, lentement, elle hocha la tête.

« Je crois que oui, » murmura-t-elle.

Mais alors qu’ils commençaient à se détendre, une vibration sourde ébranla la maison. Les murs tremblèrent, comme si un grondement montait des profondeurs mêmes de la terre. Louis se redressa brusquement, son cœur battant à tout rompre.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? »

Sophie écarquilla les yeux, la peur réapparaissant sur son visage. « Ce n’est pas possible… »

Le sol sous leurs pieds se déforma légèrement, et une fissure fine se traça au milieu de la pièce, grandissant à mesure que les vibrations s’intensifiaient. Louis recula, instinctivement protégeant Sophie derrière lui, mais il savait que c’était futile.

« Étienne n’était pas le seul, » dit-elle, ses mots à peine audibles, comme si elle réalisait soudain quelque chose qu’elle avait oublié, ou refoulé.

Louis tourna brusquement la tête vers elle. « Quoi ? »

Elle hocha la tête, ses yeux fixés sur la fissure qui s’agrandissait dans le sol. « Il y a autre chose, Louis… quelque chose de plus ancien que lui. Je n’ai jamais voulu y croire, mais… »

La fissure explosa soudainement, projetant des éclats de bois et de poussière dans toute la pièce. Un vent violent s’engouffra dans la salle, tournoyant autour d’eux avec une force incontrôlable. Louis plaqua ses bras devant son visage, essayant de se protéger, mais il sentait cette énergie étrange et oppressante l’envelopper. Ce n’était pas seulement le vent. C’était comme si la maison elle-même se réveillait.

« Sophie, qu’est-ce qui se passe ? » cria-t-il, essayant de couvrir le bruit assourdissant qui montait autour d’eux.

Elle le regarda avec une intensité qui lui fit froid dans le dos. « C’est la maison, Louis. Elle a toujours été vivante. Étienne n’était qu’un de ses émissaires… mais maintenant que nous l’avons vaincu, elle réclame ce qui lui appartient. »

Louis resta figé un instant, essayant de comprendre ce que cela signifiait. « Mais… comment ? »

Sophie secoua la tête. « Je ne sais pas. Mais je pense que nous avons déclenché quelque chose d’incontrôlable. La maison ne va pas nous laisser partir. »

Louis sentit une peur primale l’envahir. Était-ce vraiment cela ? Étaient-ils piégés dans un cycle infernal, un combat sans fin contre les forces de la maison ?

Le vent tourbillonnait autour d’eux, mais quelque chose d’encore plus terrifiant se passait. Les murs de la pièce semblaient se refermer, se plier vers eux comme une bête affamée. Des ombres, différentes de celles d’Étienne, rampaient sur les surfaces, se rapprochant lentement, insidieusement.

Sophie agrippa le bras de Louis. « Il faut sortir d’ici. Maintenant. »

Ils se précipitèrent vers la porte, mais celle-ci se referma avec un claquement sec, emprisonnant la poignée dans une masse noire, gluante, presque vivante. Louis tira dessus de toutes ses forces, mais c’était comme si la maison elle-même s’opposait à leur fuite.

« Non… » murmura-t-il, désespéré.

Sophie recula, cherchant une autre issue, mais chaque fenêtre, chaque ouverture semblait maintenant condamnée par cette substance noire qui se répandait à travers les murs. Ils étaient pris au piège.

Le sol sous leurs pieds commença à s’effondrer, révélant un gouffre noir, insondable. Louis regarda vers le bas, l’horreur montant en lui alors qu’il réalisait qu’il ne s’agissait pas simplement d’un effondrement matériel. Ce qu’ils voyaient sous la maison n’était pas du vide… mais quelque chose de vivant. Une présence colossale, un être endormi pendant des siècles sous leurs pieds, attendant le bon moment pour se réveiller.

Sophie poussa un cri étouffé alors que la fissure s’étendait sous ses pieds. Louis, dans un geste instinctif, se jeta vers elle, la tirant en arrière juste avant qu’elle ne tombe dans le vide. Leurs regards se croisèrent, et pour la première fois, Louis vit dans les yeux de Sophie une peur qu’il ne connaissait pas. Une peur qui dépassait celle d’Étienne.

Ils n’avaient plus beaucoup de temps. Louis savait que si la maison continuait à se désagréger, ils seraient aspirés par ce gouffre sombre, où les ténèbres vivaient, où les âmes comme celles d’Étienne étaient piégées pour l’éternité.

« Nous devons aller dans le sous-sol », murmura Sophie soudainement, ses yeux s’éclairant d’une lueur d’espoir.

« Quoi ? » s’exclama Louis, abasourdi par cette suggestion. « Le sous-sol ? C’est là que tout a commencé, Sophie. Pourquoi irions-nous là-bas ? »

Elle lui agrippa le bras avec force, sa voix grave et résolue. « Parce que c’est là que ça peut se terminer. Je pense… je pense qu’il y a un moyen de rompre le lien entre la maison et nous. Quelque chose de plus profond que ce que nous avons fait. Nous devons atteindre l’endroit où la maison puise sa force. »

Louis savait qu’elle avait raison. Il n’y avait pas d’autre issue. Soit ils trouvaient un moyen de rompre ce lien une bonne fois pour toutes, soit ils seraient engloutis par les ténèbres qui s’éveillaient sous eux.

Ils se ruèrent vers la porte du sous-sol, qui semblait étrangement ouverte, comme si elle les attendait. Derrière eux, la maison continuait à se déformer, à s’effondrer dans un chaos indéfinissable. Des bruits de craquement résonnaient à travers les murs, et des ombres indistinctes se tordaient et se tissaient comme des serpents.

Les escaliers du sous-sol semblaient s’enfoncer dans des profondeurs qu’ils n’avaient jamais vues auparavant. Chaque pas résonnait étrangement, comme si les marches elles-mêmes étaient vivantes. La lumière se faisait plus rare, et une odeur d’humidité et de terre remontait à leurs narines. Sophie marchait devant, son regard fixé sur une porte au fond, une porte en métal lourd, gravée de symboles anciens que Louis n’avait jamais remarqués avant.

L'enfant caché derrière l'armoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant