22| Comme au bon vieux temps

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Le lendemain matin, la sorcière fut réveillée par des bruits de pas dans le couloir. Furtifs, mais nombreux, ils indiquaient le retour des sorciers au château alors que le soleil se levait sur les montagnes. La courte oasis de paix dont Credence et elle avait profité la veille était désormais terminée. Elle força son corps endormi à se lever et posa ses pieds sur le tapis doux qui recouvrait le plancher à côté de son lit. Le grincement caractéristique de la porte de chambre de Florien parvint à ses oreilles tandis qu'elle enfilait un peignoir et s'arrêtait face au miroir sur pied qui se tenait près de sa propre porte. Esther passa une main dans ses cheveux tout en s'étonnant du visage rayonnant qui se reflétait face à elle. Aux souvenirs de la veille, un sourire fleurit sur ses lèvres, encore sensibles, mais elle les refoula et sortit dans le couloir désert.

Ses pas la menèrent face à une porte en bois mat contre laquelle elle frappa deux coups légers avant de pénétrer dans la pièce. Elle trouva Florien assis à son bureau, occupé à retirer ses chaussures. Son manteau avait déjà été lancé sans cérémonie sur un fauteuil.

Esther referma la porte derrière elle tandis que Florien la saluait distraitement, ses doigts fatigués se battant avec ses lacets. Le jeune homme était trempé de la tête au pied et ses cheveux gouttaient sur le sol.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda Esther, en désignant du menton la flaque d'eau qui grossissait aux pieds de son fiancé.

— Un peu de grabuge avec des Aurors, lui répondit-il avec un sourire. Il nous a fallu rester quelque temps sous la pluie.

Dans un grognement de satisfaction, il laissa tomba sa deuxième chaussure au sol et s'affala sur sa chaise. Quelques mèches de cheveux noirs tombèrent devant ses yeux et camouflèrent le regard qu'il lui lança à la voir ainsi figée, à le jauger de loin.

— Tu es bien distante, ce matin.

— Tu as l'air fatigué, je ne vais pas te déranger plus longtemps.

— Ne dit pas de bêtises, viens.

Il tendit les bras vers elle et ce geste seul attira le corps d'Esther jusqu'à lui. Elle s'assied sur ses cuisses humides et se laissa aller dans ses bras, l'espace d'un instant fugace, avant de demander.

— Comment s'est passé son discours ?

— Sans souci. Grindelwald prêchait des convertis. Il n'y a eu aucune protestation dans l'assemblée, souffla Florien en caressant le dos de la jeune femme. Et pourtant, il y avait quasiment quatre cents sorciers.

Esther écarquilla les yeux. Ils avaient été moins nombreux à Paris.

— Le bouche-à-oreille fonctionne, s'extasia-t-elle.

Florien acquiesça, puis déposa un baiser dans le cou d'Esther.

— Tu te souviens de ce que nous faisions avant que je doive partir ? Demanda-t-il en glissant ses mains sous le peignoir de la jeune femme.

Esther ne ressentit rien au contact des doigts froids de Florien sur sa peau nue et préféra se lever avec douceur, déposant, dans le même mouvement, un baiser sur les lèvres de son fiancé.

— Je suis dans mes mauvais jours.

Florien soupira, mais la laissa s'éloigner. La fatigue sur ses traits sembla s'accentuer.

— Est-ce que tu penses être suffisamment en forme pour nous accompagner demain, au raid prévu à Moscou ? Ça me ferait plaisir que tu viennes. Comme au bon vieux temps.

Esther ne se voyait pas lui refuser de nouveau quelque chose, alors elle accepta. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas participé à un raid et elle savourerait sûrement plus la compagnie de son meilleur ami dans ces conditions.

Double Jeu | Credence BareboneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant