25| Lèvres contre lèvres

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Il était compliqué pour Esther d'oser prétendre à une bonne nuit de sommeil après les évènements de la journée. Les mots de Florien et le regard soupçonneux de Vinda hantaient son esprit, lui rappelant le vide qu'elle éprouvait depuis la disparition de ses parents et les œufs sur lesquels elle devait marcher depuis son retour à Nurmengard. Néanmoins, lorsqu'elle s'était glissée dans ses draps, elle avait espéré que la fatigue qui pesait sur ses membres aide son corps à s'accorder un repos bien mérité.

À l'extérieur, une fine couche de neige s'amoncelait sur les rebords de ses fenêtres. Plus le sommeil se refusait à Esther, plus elle observait les ténèbres se tasser contre les carreaux, réduisant à peau de chagrin la faible luminosité qu'apportait la lune. Cette vision lui donnait l'impression d'être emmurée vivante et seuls les trois coups portés à sa porte de chambre lui firent réaliser du contraire.

Elle ne se leva pas immédiatement pour ouvrir. Rien de bon ne lui était arrivé depuis la matinée et quelle que soit la personne derrière sa porte, elle ne pouvait être que synonyme de mauvaise nouvelle. Pourtant, un fin espoir naquit en elle : la possibilité que Credence puisse être revenu de son voyage. Alors, elle sortit de son lit, mais ce fut l'ombre de Florien qui s'abattit sur elle, bloquant la lumière éblouissante du couloir.

— J'avais peur que tu sois déjà endormie, dit-il en l'enlaçant.

Le français déposa un baiser sur la joue, puis sur la bouche de la jeune femme. Ses lèvres avaient le goût de whisky Pur Feu.

— J'allais me coucher, justement, répondit Esther en reculant.

Florien eut un sourire en coin.

— J'arrive pile à temps.

Il referma la porte derrière lui et s'écroula sur le lit, un soupir d'extase traversant ses lèvres. Il invita Esther à le rejoindre d'un regard rendu intense par l'obscurité. La sorcière le rejoignit à contrecœur. Elle n'avait pas oublié la colère qui sourdait en lui depuis la veille, et même si son meilleur ami ne lui avait jamais fait de mal, elle préféra ne pas jouer avec cette tempête. Le français l'attrapa par la taille, plus brusquement qu'il ne l'aurait souhaité, et Esther s'écroula maladroitement sur ses cuisses. Florien gloussa et l'odeur de l'alcool titilla le nez de sa fiancée.

— Il paraît que tu as discuté avec ma sœur plus tôt dans la soirée, lança-t-il d'un ton badin. De quoi avez-vous parlé ?

Esther eut un sourire amer que Florien ne repéra pas. Son attention ayant déjà été ravie par les cheveux de la sorcière, qu'il se mit à caresser.

— De toi, fit-elle pour jauger sa réaction. Tu n'étais pas au courant ?

Florien haussa les épaules et répondit, d'un air distrait :

— Pas vraiment, Vinda ne me parle pas souvent, tu le sais. (Florien fit glisser son pouce le long de la cuisse de la sorcière.) Elle t'a parlé de notre mariage ?

— Plus ou moins, répondit Esther en gigotant.

Elle voulut changer d'assise, mais le français la retint.

— Ne t'éloigne pas. (Il posa son front contre la tempe de la sorcière tandis que sa main droite remontait le long de son dos.) Est-ce que ça va mieux depuis hier soir ?

Esther acquiesça d'un signe de tête. Son inconfort avait scellé ses lèvres, aussi sûrement qu'un sortilège.

— Tu sais que tu peux compter sur moi, non ? On est fiancé après tout.

Comment la sorcière pourrait-elle l'oublier ? Vinda et Florien étaient aussi omniprésents dans sa vie que l'air qu'elle respirait. Cette fois-ci, elle ne se donna même pas la peine de répondre. Florien ne sembla pas le remarquer. Sa main droite continuant son ascension, il caressa avec lenteur les omoplates d'Esther avant de murmurer :

Double Jeu | Credence BareboneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant