Coralie
Je restais silencieuse, incapable de répondre sur le moment. Mon cœur se mit à battre plus vite, comme si chaque battement résonnait avec la lourdeur de cette conversation que je savais inévitable. Il était là, avait prit finalement son courage à deux main et demandait si nous pouvions parler?
J'avais attendu tellement longtemps.
Si longtemps que je ne savais même plus ce qu'il serait préférable pour nous. Je soupira un instant, lui faisant face en le regardant droit dans les yeux avec mes mains sur mes bras pour me réchauffer du plus que je pouvais. Le froid de la nuit s'infiltrait dans mon corps, j'avais froid, j'étais glacée mais c'était une autre fraîcheur qui me glaçait l'intérieur : la peur de ce qu'il allait dire, de ce qu'on allait devoir affronter.
Je ne pouvais plus fuir.
Je me redressais lentement, prenant une grande inspiration avant de me tourner vers Pierre, qui se tenait debout à quelques pas de moi, l'air un peu hésitant. Dans la lueur de la nuit, il semblait nerveux, anxieux, comme s'il était consumée d'une chose dont je n'avais pas conscience.
Ses yeux brillaient sous la lumière douce de la lune, comme s'il portait un fardeau bien plus lourd que je ne pouvais l'imaginer. Lui avait cette chose en lui alors que moi, j'avais la douleur qui s'intensifiait dès qu'il n'était pas auprès de moi. Je pensais que chanter résoudrait toute ma douleur mais visiblement non, ça n'était qu'illusion.
-Qu'est-ce que tu veux me dire ? chuchotais-je, presque à voix basse comme si parler trop fort allait briser ce moment fragile.
Il resta silencieux un instant, sa mâchoire se contractant comme s'il cherchait ses mots, comme s'il cherchait des mots justes pour ne pas tout faire capoter entre nous. Nous allions parler et avoir cette discussion tant attendu tout devait être choisis avec précaution et peut être que la, sous la lueur de la lune, j'allais comprendre.
Il ne me regardait pas encore directement, ses yeux fuyant, comme s'il redoutait ma réaction. Mais moi, j'avais besoin de réponses. Après tout ce temps, tout ce silence, il fallait que je sache. J'avais besoin de comprendre pourquoi il était parti, pourquoi il m'avait laissée comme ça après tant de choses partagées ensemble, après tant de premières fois... finalement, en respirant plus que profondément pour prendre comme du courage, il fit un second pas vers moi, fuyant toujours mon regard mais reprenant la parole dans un souffle cour comme s'il était rongé par la douleur intérieur.
-Coralie... souffla-t-il finalement presque avec douleur. Si je suis parti c'est parce que... j'avais peur... Peur de ce que cette relation allait devenir avec la distance que tu allais mettre entre nous
Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas encore vraiment ce qu'il voulait me dire. La distance? La distance?! Comment est ce qu'il pouvait mettre ça sur le dos de la distance?! Quand deux personnes s'aimaient vraiment il n'y avait aucun moyen de les séparer, c'était bien connu et pourtant, quelques kilomètres entre nous et Pierre n'avait pas supporté.
Abasourdi, je pinça mes lèvres, sentant mon cœur se serrer davantage comme si j'avais peur de ce qu'il allait me dire par la suite. Il avait commencé à s'ouvrir à moi, c'était plus qu'espéré, nous avions notre discussion désormais mais, est ce que j'étais vraiment prête à affronter la réalité et à le pardonner pour notre rupture si soudaine et si douloureuse?
-La distance ? répétai-je en le regardant.
-Oui, la distance... soupirait-il en soutenant mon regard. Toi à Lille avec tes études et ton alternance... Moi à Villedieu-les-poêles, avec ma vie, mes propres projets, nos projets. J'avais peur que tout devienne compliqué, que ça nous détruise... Que tu finisses par te lasser, par trouver quelqu'un d'autre... quelqu'un de mieux que moi, de plus beau! Alors, au lieu d'affronter cette peur, j'ai fui. J'ai préféré tout stopper avant même que ça ne devienne insurmontable.
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Pierre Garnier - Ceux Qu'on Était
Romance« Souriant, sans savoir quoi dire, je détournai le visage pour échapper à cette conversation plus qu'embarrassante, mais mon regard tomba sur lui, le garçon le plus discret du groupe jusqu'à présent. Je restai figée en le voyant devant moi. Ce visag...