Chapitre 5. Étreinte Interdite

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Coralie

Le son délicat des touches du piano résonnait dans le salon du château, chaque note s'élevant avec une précision douce, mélancolique. C'était cette mélodie, celle que Pierre et moi avions jouée ensemble des centaines de fois chantant à tue tête ensemble, en parfaite harmonie. Un morceau que je croyais disparu avec notre relation. Mais là, dans ce silence nocturne, elle revenait, comme un fantôme d'un passé trop proche qui emplissait mon cœur d'un bien être indescriptible.

Je me figeai un instant, cachée à moitié derrière le pan de la porte, l'observant de loin. C'était bien lui, Pierre, assis au piano. Son corps penché en avant, son visage concentré, comme absorbé par la musique qu'il jouait avec autant d'amour que les fois d'avant. J'aurais pu rester là indéfiniment, à l'écouter jouer, me laissant emporter par les souvenirs que cette mélodie éveillait en moi. Mais la réalité m'atteignit de plein fouet. Tout ça était derrière nous. Du moins, c'était censé l'être.

Et pourtant...

pourquoi jouait-il cette chanson ? Pourquoi maintenant ? Est-ce que c'était un signe ? Une tentative de communication, à sa façon ? Ou simplement un souvenir qu'il ramenait à la surface sans penser à moi ?

J'inspirai profondément, tentant de calmer les battements désordonnés de mon cœur. Puis, sans même m'en rendre compte, mes pieds commencèrent à avancer vers lui. Comme si la musique avait le pouvoir de me tirer hors de ma bulle de réticence. Plus je m'approchais, plus je sentais cette tension entre nous, invisible mais puissante et alors qu'il commençait à chanter cette douce mélodie, je pinça mes lèvres, me demandant si un jour tout ça pourrait recommencer entre nous.

Quand je fus à quelques pas de lui, Pierre releva doucement la tête, ses doigts basculant sur chacune des touches, les paroles sortant de ses lèvres, comme autrefois. Nos regards se croisèrent brisant la magie de la musique et il afficha un sourire timide, un sourire que je lui rendu un peu coincée entre l'envie de m'éloigner à nouveau et celle de me rapprocher et de prendre place à ses côtés.

Je m'approchai doucement du piano, mes mains tremblantes frôlant le bois parfaitement laqué alors que je commençais à chanter à ses côtés, le laissant jouer ces notes les une plus belles que les autres. Je me rappelais de cette mélodie, des notes mais le voir jouer comme ça, savourant chacune des notes qui sortait de ce piano me laissait profiter et laisser ce passé douloureux dernière nous pendant un court moment.

Il se mit à sourire davantage, chantant à plein poumon avec moi et malgré toute la confusion, une étrange sensation de familiarité m'enveloppa. C'était comme avant. Avant que tout ne devienne compliqué. Nous étions en parfaite harmonie, chantant ensemble sans se poser une seule questions et sans se faire du mal. Ça me faisait plaisir d'être là avec lui, sans penser à pourquoi il m'avait fait tout ça et sans que je ne m'en rende compte, je pris place à ses côtés et continua à chanter à l'unisson avec cet homme en me préparant à le rejoindre dans la mélodie.

Mes doigts trouvèrent leur place, et ensemble, nous nous mîmes à jouer et à chanter ensemble dans la plus grande des intimités comme si jamais rien ne nous était arrivé. La musique coula naturellement, comme si elle avait attendu ce moment, comme si nos mains savaient exactement quoi faire. Je chantais doucement, laissant les paroles glisser, presque inconsciente des caméras, des autres, de tout exactement comme Pierre qui semblait savourer chacune seconde de ce moment rempli de tension.

What would I do without your smart mouth?
Drawing me in, and you kicking me out
You've got my head spinning, no kidding
I can't pin you down

What's going on in that beautiful mind?
I'm on your magical mystery ride
And I'm so dizzy, don't know what hit me
But I'll be alright

Pierre Garnier - Ceux Qu'on ÉtaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant