Chapitre 10 - Celle qui volait un baiser 1/2

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Summer, 17 ans

J'ai passé la journée emmitouflée dans mes couettes, les écouteurs dans les oreilles pour ignorer ma mère, plus agitée que jamais depuis que j'ai été exclue du lycée. Punition que je n'ai pas méritée, soit dit en passant.

Fatalement je me demande si le karma ne me rattrape pas pour me faire payer toutes ces fois où je m'en suis tirée avec les félicitations malgré un comportement que je savais honteux.

Je déteste ces moments de remise en question qui confirment les dires de ma conscience, cette petite voix dans ma tête qui me réprimande constamment.

La plupart du temps, je me contente de faire l'autruche, d'éteindre les étincelles de tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à des émotions humaines.

Malheureusement, aujourd'hui, le vent souffle sur les braises, ravivant la flamme qui fait fondre le mur de glace derrière lequel je me cache.

Quand on se retrouve sans armure, chaque douleur devient insupportable. Je me sens fébrile, fragile et à fleur de peau.

Un coup léger se fait entendre à ma porte.

Ma mère se contenterait d'entrer sans s'annoncer, mon père n'est pas venu dans ma chambre depuis mon entrée au lycée et Winter ne se montre jamais, indifférente à tous, surtout à ses grandes sœurs, avec qui elle se croit en compétition pour gagner l'affection de maman.

Il s'agit donc de Fall...

La petite douceur de la famille et certainement la seule Davies dont l'âme ne soit pas pervertie, pourrie ou tout simplement inexistante.

– Pas aujourd'hui, boulette.

Si ma conscience avait un visage, elle porterait celui de ma petite sœur. Rond, la peau parsemée de petites tâches de rousseur, un nez mutin qui accentue son air innocent et une longue chevelure auburn que je n'ai plus tressée depuis si longtemps que le constat fend ce qu'il reste de mon cœur.

L'année passée, elle a été harcelée au point que sa dernière année de collège a été un calvaire.Les moqueries l'ont poussée à perdre du poids et je m'inquiète maintenant de la voir sombrer dans l'anorexie mentale.

– J'ai quelque chose pour toi, insiste-t-elle, un sourire dans la voix qui rend son murmure aussi mélodieux qu'une caresse.

– Tu me le donneras demain.

Je. Me. Déteste.

Fall est la gifle mentale qui me remet les pieds sur terre, la petite sœur qui ravive mon cœur fait de pierre. Elle me rappelle que la société est cruelle avec ceux qui ne le méritent pas, et que je me trouve trop souvent du mauvais côté de l'histoire.

Percevoir l'amour qu'elle me porte dans ses yeux bleus-verts me donne envie de me foutre en l'air. Ma culpabilité me rend mauvaise, méchante et injuste.

Alors je tiens Fall à distance, c'est plus facile comme ça.

Mais son soupir las et terriblement triste de l'autre côté de la porte me rend malade, et, dans un élan, je me précipite pour ouvrir avant que ma lâcheté ne me fasse changer d'avis.

Dès qu'elle me voit, un immense sourire illumine son visage plus tout à fait enfantin.

Le plus triste, c'est qu'elle n'a même pas conscience de son potentiel. Si j'avais son physique, c'est sur le monde entier que je régnerais.

– Qu'est-ce que tu me veux ?

Tel un rayon de soleil sur ressorts, elle s'invite dans ma chambre en sautillant, s'affale sur les plaids étalés sur mon lit, un carnet plaqué contre son ventre.

As Cold As Summer Où les histoires vivent. Découvrez maintenant