As Cold As Summer

Chapitre 12 - Celle qui sacrifiait un objet

Summer, 25 ans
(Présent)

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Madame Brown habite un immeuble insalubre.

La façade est d'un jaune terni et mériterait un bon coup de peinture pour camoufler les traces d'usures dûes aux intempéries. Certains garages ont la porte cassée, d'autres sont entièrement recouverts de tags. Des déchets s'accumulent dans tous les recoins, au point où je dois boucher mon nez pour masquer l'odeur de pourriture.

Liam me lance un regard plein de jugement mais s'abstient de faire un commentaire et préfère visiblement tirer une longue taffe sur sa cigarette électronique.

Je lui suis presque reconnaissante de me souffler une épaisse fumée fruitée au visage.

La pluie tombe avec violence, aplatissant mes cheveux fins d'une manière dont je me serais bien passée.

Nous atteignons le porche, je m'empresse de sonner à l'emplacement attribué à Madame Brown.

Après plusieurs tentatives infructueuses, je me rends à l'évidence : La sonnette ne fonctionne pas.

– On peut aussi faire ça...

Liam donne un violent coup de pied dans la porte de l'entrée principale qui s'ouvre sans problèmes, tant elle est en mauvais état. Je roule des yeux.

Dans le hall, une odeur nauséabonde et très persistante de cendrier froid me fait grimacer, mais Liam, fidèle à son indifférence légendaire, enfouit les mains dans ses poches avant de s'engouffrer dans les escaliers.

– On n'emprunte pas l'ascenseur ?

Elle hausse un sourcil, une moue amusée dissimulée derrière une épaisse mèche de cheveux.

– Si tu veux rester coincée ici, libre à toi, ma belle.

Il me faut moins d'une minute pour me décider, le temps dont j'ai besoin pour constater sur la moquette, une tâche qui ressemble étrangement à du vomis, une seringue oubliée dans un coin, juste à côté de l'ascenseur dont la porte rouillée ne m'inspire aucune confiance.

Arrivée au septième étage, je suis aussi essoufflée qu'un bœuf en fin de vie.  

– Donc... Tu me trouves... Jolie... dis-je, à bout de souffle.

Waouh, il va vraiment falloir que je me mette au sport !

Liam se fige au beau milieu du couloir malodorant, sombre, et aussi inhospitalier que son expression.

Quand son visage entre dans mon champ de vision, je cesse brusquement de respirer.

– T'as toujours été belle, Summer. Mais tu le sais déjà, que ton problème ne vient pas de là. Heureusement pour ton compte en banque, aucun chirurgien n'est encore en capacité de te refaire une jolie personnalité.

– Ça existe, on appelle ça un psy. Tu devrais essayer, ça pourrait t'aider à corriger ton léger comportement de lunatique. Merci quand même, pour le complimeeeeeent.

Liam me tire par le bras, mon dos heurte le mur, elle se rattrape juste à côté de ma tête, un sourire vraiment amusé scotché aux lèvres.

Elle vient de m'éviter de marcher dans une flaque d'une substance visqueuse dont je n'ai pas envie de connaître la provenance.

– De rien, ma belle, murmure-t-elle avec ironie avant de me rendre mon souffle, et ma liberté.

Story Brown porte un gros peignoir rose fushia, des chaussons assortis et des bigoudis lorsqu'elle nous ouvre la porte de son domicile. Son sourire s'efface dès qu'elle repère Liam, dans l'encadrement de la porte.