Poupées Ensorcelées - jour 3

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Je me souviens encore de l'époque où j'étais un guerrier à part entière, un Space Marine de la Légion des Thousand Sons, fier et fort. Mon nom, comme tout le reste, est perdu dans le voile des souvenirs brisés. À l'époque, nous étions des sorciers, des érudits, plongés dans les arcanes du savoir et avides de découvrir les mystères de l'univers. Les enseignements de Magnus le Rouge nous avaient offert un aperçu de l'immensité de la réalité et des secrets que même l'Empereur ne voulait pas que nous touchions. Mais tout a changé lorsque la malédiction a commencé à s'infiltrer en nous, corrompant notre chair, déformant nos âmes. C'était la malédiction de la chair — une dégénérescence impitoyable qui nous transformait lentement en monstres sans forme.

Je n'étais pas l'un des plus puissants psykers de la Légion. Mon talent résidait principalement dans le combat, l'acier et le feu. Mais même les guerriers comme moi n'étaient pas épargnés par cette malédiction. Petit à petit, mes frères autour de moi perdaient leur forme humaine, leur corps se dissolvant en un tourbillon de mutation chaotique. Chacun de nous savait que la fin approchait. C'est alors qu'Ahriman, notre frère, notre plus grand sorcier, nous a fait une promesse : une solution à cette malédiction. Nous l'avons suivi, désespérés, aveuglés par l'espoir d'une libération de ce cauchemar.

Je me souviens du jour où il a lancé la Rubrique. Une incantation si puissante qu'elle semblait ébranler la réalité elle-même. Les énergies du Warp tourbillonnaient autour de nous, des vents hurlants de pouvoir occultes. J'étais plein d'espoir, mais aussi de crainte. À cet instant précis, quelque chose en moi a changé. Une force indescriptible s'est abattue sur mon corps et mon esprit. Une vague de chaleur brûlante, un éclair de lumière aveuglante. Puis... le vide.

Le temps est devenu flou. J'avais conscience de mon environnement, mais cette conscience était comme emprisonnée dans une cage d'acier. J'étais là, dans cette armure, mais mon corps... mon corps n'était plus. La malédiction de la chair avait été éradiquée, mais à quel prix ? Ma chair, mon esprit, ma volonté, tout avait été consumé dans l'incantation d'Ahriman. J'étais devenu une coquille vide, une âme emprisonnée dans l'armure. Mon esprit, réduit à un souvenir fugace, une bribe de conscience enfermée dans un éternel silence. Je pouvais encore percevoir mes frères autour de moi, mais eux aussi étaient devenus comme moi : des marionnettes sans volonté propre, des fantômes d'une légion autrefois vivante et vibrante.

Mon corps ne répond plus à ma volonté ; c'est une machine, guidée par les ordres des sorciers qui nous dirigent maintenant. À chaque bataille, je marche en avant, mon bolter crachant la mort, mais sans ressentir ni gloire ni peur. Le fracas du combat, le cri de l'ennemi, tout cela m'est étranger désormais. Pourtant, une petite part de moi est toujours là, quelque part dans cette prison de céramite, observant en silence, incapable d'agir.

Ahriman nous a condamnés, tous autant que nous sommes. Peut-être n'était-ce pas son intention. Peut-être croyait-il réellement que son sort sauverait notre légion. Mais ce qu'il a créé, ce sont des esclaves, des âmes perdues pour l'éternité, des Marines Rubricae.

Le plus cruel de tout cela, c'est que je ne peux pas mourir. Je suis éternel, figé dans cette existence de servitude et d'oubli. Je suis un souvenir de ce que j'étais, condamné à marcher pour l'éternité sous les ordres de ceux qui contrôlent la légion désormais. Peut-être qu'un jour, la lumière me libérera de cette existence, mais je crains que ce jour ne viendra jamais.

Je ne suis plus rien. Je suis le silence. Je suis la poussière.

Faucheuse en grêve ! | Writober 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant