Vaudou amateur - jour 14

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Monsieur Marcel, un voisin grincheux et de mauvaise foi, avait épuisé la patience de tous ses colocataires. Toujours à se plaindre du bruit, des odeurs de cuisine, ou des chaussures mal rangées dans le couloir, il cherchait constamment une nouvelle raison de râler. Mais cette fois, il avait décidé de passer à la vitesse supérieure : il s'était lancé dans le vaudou amateur. Armé d'un livre trouvé sur un marché douteux, il espérait bien "donner une leçon" à ceux qu'il considérait comme des nuisances.

Il passa des heures à fabriquer des poupées grossières, une pour chacun de ses colocataires. Il y ajouta des brins de cheveux trouvés sur les brosses, des bouts de vêtements oubliés dans la buanderie, et marmonna quelques incantations douteuses qu'il ne comprenait qu'à moitié. Marcel jubilait déjà, imaginant ses colocataires souffrir de petits malheurs : Julie renversant son café chaud, Martin se cognant l'orteil contre la table basse, ou Laura éternuant sans arrêt.

— Je vais enfin avoir la paix, se dit-il, souriant malicieusement en plantant une aiguille dans la poupée de Julie.

Mais tout ne se passa pas comme prévu.

Dès qu'il planta la première aiguille, c'est lui qui ressentit une douleur fulgurante à l'épaule. Il lâcha l'aiguille, choqué, mais en essayant de se masser pour apaiser la douleur, il renversa accidentellement la poupée de Martin, qui tomba par terre. Sans avertissement, Marcel glissa sur le tapis et se cogna violemment le pied contre le coin du canapé.

— Mais c'est quoi ce bazar ? s'écria-t-il, clopinant jusqu'à sa chaise, tout en tentant de comprendre ce qui se passait.

Encore incrédule, il attrapa la poupée de Laura, mais à peine eut-il tiré un fil que son nez commença à chatouiller. Un, deux, trois éternuements, puis une avalanche incontrôlable de "atchoum !", qui le laissa le visage rouge et les yeux larmoyants.

Marcel réalisa alors, trop tard, que les malédictions qu'il tentait de jeter sur ses voisins se retournaient systématiquement contre lui. Comme un boomerang magique, chaque malchance revenait en pleine figure. En désespoir de cause, il essaya de tout remettre en ordre. Mais plus il s'acharnait à réparer les poupées, plus sa situation empirait : il se coinça les doigts dans une porte, se renversa une tasse de thé bouillant sur les genoux, et fit tomber son téléphone dans l'évier.

C'est alors que la porte s'ouvrit doucement, et Julie, Martin et Laura entrèrent, surpris de trouver Marcel dans un tel état. Son appartement était sens dessus dessous, et lui, le visage pâle et les cheveux ébouriffés, semblait terrassé par une série d'accidents malheureux.

— Tout va bien, Marcel ? demanda Julie, incrédule.

Marcel, épuisé, hocha simplement la tête, incapable d'expliquer le désastre. Ce soir-là, il décida de ranger pour de bon son kit de vaudou amateur et d'apprendre une leçon importante : jouer avec la magie, surtout quand on est de mauvaise foi, finit toujours par se retourner contre soi.

Faucheuse en grêve ! | Writober 2024Où les histoires vivent. Découvrez maintenant