THE FUNNY DEAL | 1

𝟏𝟗 | HESS.

HESS,

J'ai merdé.

Ce qui revient à penser que mes paroles de la vieille n'étaient qu'un ramassis de connerie, or ce n'est pas le cas.

Pas sûr qu'elle le pense après ça. J'ai vu cette lueur de déception lorsque j'ai fait le choix de suivre Callie. Une lueur qu'elle s'est empressée de cacher derrière son masque l'impassibilité et j'avoue que je culpabilise un peu – énormément – de l'avoir planté comme ça, au milieu de tous ses regards. Seule.

Je n'ai aucune idée de comment ça dérapé.

Mais ça a dérapé. 

Et de façon très rapide.

Je n'ai jamais vu Kaïra aussi folle de rage. En fait, elle n'a jamais pété les plombs, du moins je n'avais pas encore été témoin. Elle est plus du genre hautaine et sarcastique alors j'étais surpris de la voir dans un état pareil.

Leur échange était clairement fou. Je n'ai rien compris du sujet. Elles sont quittées d'un sujet récent à un sujet qui me semble lointain mais qui m'est inconnu. Qui est inconnue de tous. Ça ne saute pas forcément à l'oeil de tout le monde mais leurs regards et leurs paroles cachent une histoire plus profonde. Plus ancienne, plus intime pour qu'elles prennent autant de peine pour la dissimuler derrière des paraboles.

Au final, je me demande qui tente de protéger qui lorsqu'elles parlent comme ça.

Callie à l'air de reprocher quelque chose à Kaïra et vice-versa. 

Être au milieu d'un de leur échange cassant me pousse à en savoir plus.

Les gens se limitent à un minable "Kaïra déteste Callie et vice-versa", ils ne se sont jamais demandés pour quelle raison ces deux filles se haïssent mutuellement depuis leur arrivée à l'université. Non, ils se contentent de ce qu'ils voient et en tirent leurs propres conclusions.

Les doigts de Callie broient ma main. Si la sienne n'était pas si petite, j'aurais eu mal. Son corps est complètement crispé et ses pas sont rapides. Tellement rapide que je me retrouve à devoir accélérer le pas pour ne pas me mettre à trottiner comme un con au milieu des couloirs.

Lorsque nous avons traversés les doubles battants, sa douceur s'est envolée pour laisser place à une Callie extraordinairement en colère. Elle est aussi terrifiante – voir plus – que Kaïra elle-même. Je ne l'ai jamais vu dans un état comme celui-ci. Je ne l'ai jamais vu en colère tout court. Cette fille est toujours souriante, sociale et sympathique. Tellement que la voir en colère n'arrive pas à coller dans ma tête.

Ça doit faire cinq minutes qu'elle me tire je ne sais où et je commence à doucement m'agacer. Je ne suis certainement pas un toutou que l'on traîne à sa guise.

Je m'arrête brusquement et tire sur sa main pour qu'elle se trouve face à moi.

— Quoi ? demande t-elle un peu trop sèchement.

Je fronce mes sourcils et la dévisage longuement avant de répondre :

— Est-ce que tu peux m'expliquer pour quelle raison tu es si en colère ? 

Elle lâche ma main et passe la sienne dans ses cheveux en soupirant bruyamment.

— Tu peux m'expliquer pourquoi tu ne m'as pas informé que tu connais Kaïra ? reprend t-elle plus calmement mais sans masquer son amertume.

— Parce que j'estime que je traîne avec qui je veux. Et pourquoi ça t'intéresserait de connaitre mes affiliations ?

Elle incline sa tête sur le côté et pince ses lèvres en détournant le regard.