THE FUNNY DEAL | 1

𝟎𝟐 | KAÏRA.

KAÏRA,

- On avait un accord Kaïra Loris Hopkins.

Je me crispe légèrement devant le ton grave et froid que vient d'employer mon paternel en citant l'entièreté de mon nom. Lorsqu'il le fait, c'est qu'il est énervé et ça n'augure rien de bon pour mon équilibre social. Je m'attends à m'en prendre plein la face, cependant, j'espère limiter les dégâts.

- Est-ce que tu peux me le répéter mot par mot ou tu préfères que je te ressorte le contrat ?

Parceque oui, la parole ne suffit pas à Richard Hopkins. Pour le convaincre et être sûr qu'à la moindre faute il sait où attaquer il lui faut des preuves concrètes. Comme on le dit si bien, les paroles s'envolent, les écrits restent. Je me souviens encore de ce jour comme si c'était hier. J'étais abasourdie par sa décision de faire imprimer une note spéciale avec la signature de chacun des membres de la famille. Même Noah - mon grand frère - depuis Londres, l'a signé après s'être moqué de moi.

« J'ai soussigné, moi, Kaïra Loris Hopkins qu'en cas d'un échec scolaire après mon départ de la maison familiale, je me verrais retirer partiellement ou totalement, selon mes parents, mon indépendance durement obtenu »

Et même parler d'indépendance est bien trop gros comme mot. Semi-indépendance correspondrait le mieux. Ça m'avait fait rire et grincer les dents en même temps. J'avais signé en me disant que ça devait rouler - parceque ça roule toujours -, que je n'allais pas arriver à ce stade. Mais voici où j'en suis : à ce foutu cul-de-sac, mon échec étant le haut mur qui me fait face. Maintenant, je cherche désespérément une façon de le sauter.

- Je m'en rappelle très bien mai-

- Répète-le, me coupe t-il.

Pendant qu'il me parle aussi durement, il est concentré sur des tas de feuilles. Ses lunettes au bout de nez, il ne m'a accordé un regard que lorsque je suis rentrée et pour me fusiller du regard en voyant la note encerclée en rouge sur ma copie de maths.

- J'ai soussigné, moi, Kaïra Loris Hopkins qu'en cas d'échec scolaire après mon départ de la maison familiale, je me verrais retirer partiellement ou définitivement, selon mes parents, mon indépendance durement obtenu, répété-je mollement.

Il se redresse et s'adosse contre son siège en cuir noire à plusieurs milliers de dollars. Les bras croisés sur son buste et revêtu d'un costume gris anthracite fait sur mesure, il me dévisage sévèrement de ses yeux tempêtes dont j'ai hérité. Ses cheveux blonds, aux reflets dorés, sont parfaitement coiffés en arrière.

- Tu sais ce qui t'attend.

Mon cœur rate un battement tandis que je me redresse vivement.

- Non, attends ! Ma moyenne peut être sauvée.

Il arque un sourcil et attend patiemment que je m'explique, que je réussisse à le convaincre. Et avec son regard dur, il m'est difficile d'argumenter. Mon père est un ours en chocolat, cependant quand il est contrarié il vire facilement à un tyran. Hm, j'abuse certainement. Je déglutis.

- Le professeur de mathématiques a eu la gentillesse de nous faire une évaluation de rattrapage dans deux semaines et il me faudrait une bonne note à ce dernier pour remonter ma moyenne.