MALONE

Chapitre 2

One

Si je devais comparer ma vie à quelque chose ?

Je pense que je la comparerais à la mer. Calme en surface, vaste et étendue. Alors que dans les profondeurs, j'ai des courants qui peuvent emporter tout et n'importe quoi. Des recoins sombres et inexplorés. Des failles et des crevasses qu'on ne verra jamais et d'autres qui sont bien présentes et qu'on ne peut pas manquer.

Tout n'est que trompe-l'œil.

- Tiens !

Je tourne la tête pour regarder Lou qui me tend son joint. Je me penche sur ma chaise longue et m'empare de son précieux. Nous sommes en plein mois de mars, mais Lou et moi aimons profiter de la plage, peu importe la saison et le temps.

Je plonge mon regard face à la mer qui me terrifie bien plus je ne l'admettrai jamais. Les mers, les océans, on ne sait pas ce qu'il se cache dans leurs profondeurs. On ne sait pas ce qui attend sagement en repos avant de pouvoir se déchaîner sur nous.

Je suis comme la mer, comme l'océan.

J'attends, calmement dans mes eaux troubles de pouvoir libérer le monstre qui sommeille dans les profonds abysses de mon être.

Continuer de fumer un joint n'est peut-être pas une bonne idée. Voilà que je me compare à une de mes plus grandes peurs. Une peur que je préfère voir depuis la terre ferme, les pieds dans le sable.

Je pouffe de rire en me moquant de moi-même.

Lou se redresse sur sa chaise et me lance un regard noir.

- Tu te moques de moi ?

Apparemment, elle m'a parlé et je n'ai tout simplement pas écouté.

Lou est ma moitié, ma meilleure amie, ma sœur.
On a grandi ensemble, on a affronté nos monstres ensemble. Elle est le yin de mon yang. Mon parfait opposé. Elle est blonde aux cheveux super longs, ils frôlent son cul d'enfer, alors que moi j'ai les cheveux coupés au carré et ils frôlent mes épaules. Elle a la peau claire, blanche, translucide, alors que je suis bronzée. Elle a les yeux bleus, de la même couleur que l'océan, j'ai les yeux brun clair. Elle a un caractère de merde, nerveuse et, surtout, susceptible. Elle s'énerve aussi vite qu'elle se calme, alors que je suis plus calme et passive.

- Non, je me moquais de moi-même.

Elle soupire en se laissant tomber sur sa chaise longue.

- A quoi tu pensais, encore ?

Vous voyez, elle redescend aussi vite qu'elle monte.

- Au monstre qui sommeille dans les profondeurs des océans.

- M'en parle pas. J'ai une peur terrible de Godzilla.

J'explose de rire. Non, mais Godzilla ! Elle est au courant qu'il n'existe pas ?

Elle me suit dans mon fou rire. On rigole fort et sans gêne. Les gens nous dévisagent, mais on s'en fiche. On rigole tellement que je commence à faire des petits bruits de cochon avec mon nez, ce qui nous fait encore plus rire.

Mon téléphone se met à vibrer sur la table. Je le prends et décroche, sans pouvoir m'arrêter de rire.

- Toi aussi, t'as peur de Godzilla ?

- Non, moi j'ai peur de la nonne, dit Jo.

Jo est mon frère de cœur. Je l'ai aussi connu étant gamine.