Chapitre 7

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One


- Enol...

Ce sont ses derniers mots... Je pose ma tête sur son torse pour écouter les battements de son cœur. Mais il n'y a rien, c'est le silence. Son cœur ne bat plus. Je sens les larmes couler sur mes joues comme une cascade.

- Pardon... Pardon... Pardon...

Je caresse son visage d'ange tout en m'excusant encore et encore.

Je me réveille en sursaut, analysant ce qu'il y a autour de moi. Analysant qu'il ne soit pas là.

Mais, je suis toujours dans cette foutue voiture. Je me laisse retomber sur mon siège en remarquant que Mal n'est plus sur son siège. Je relève la tête pour le voir assis sur le capot en train de fumer. Je sens quelque chose glisser de mes épaules. Je regarde et vois un plaid noir.

Il m'a mis un plaid ?

Mon souffle est erratique à cause de mon cauchemar. J'essaie de le calmer mais impossible. Après quelques minutes à tenter de me calmer en vain, je sors de la voiture, replace le plaid sur mes épaules et viens m'asseoir à côté de Mal sur le capot.

Il tire sur son joint avant de recracher la fumée quelque temps après, sans me regarder.

- Je t'ai réveillée ? me demande-t-il.

- Non...

Ce sont mes putain de cauchemars qui me réveillent toutes les nuits. Tobias, encore et encore.

Il me tend le joint, je le prends sans hésiter et tire dessus.

- On est bientôt arrivés ?

Il pouffe de rire.

- Non, mon cœur.

Je fronce les sourcils.

Mon coeur ?

J'ai envie de vomir.

Je mets un doigt dans ma bouche et mime un vomissement.

- Plus jamais tu m'appelles comme ça.

Il pouffe légèrement de rire encore une fois.

- T'es fatigué ?

Je le vois sur sa gueule, éclairée par la lumière de la station service. Il a l'air plus pâle qu'à l'appartement. Il a aussi des cernes sous les yeux.

- Oui. J'ai roulé toute la journée et je vais rouler toute la nuit.

- On aurait dû rester chez moi cette nuit. De toute façon, c'est pas comme si Allan était pressé de me voir.

Je tire sur le joint et je le vois pincer les lèvres, pour se retenir de rire. Puis, il me prend le joint des mains et tire à son tour.

- Tu veux que je conduise ?

Là, il rigole franchement.

Il se fout de ma gueule, là? Il pense que parce que je suis une femme, je ne peux pas conduire ?

- Personne d'autre que moi ne conduit ma voiture.

Je roule des yeux. Typique des mecs, ça.

- Je vais dormir un peu et après, on y va.

Il me donne le joint et retourne dans la voiture. Je le vois baisser son siège pour s'installer comme il peut.

Je regarde le ciel. Depuis ici, on voit bien les étoiles grâce au manque de lumière. Elles sont magnifiques. Je resserre le plaid autour de mes épaules et continue à fumer. Je sors le téléphone de ma poche pour mettre de la musique, doucement pour ne pas le réveiller. J'active ma playlist de Yuston XIII.

Je reste un moment là, à écouter ses musiques en boucle. J'ai fini le joint et je me sens plus détendue. Je regarde l'heure sur mon téléphone. 4h47. Ça fait plus d'une heure que Mal dort. Est-ce que je dois le réveiller pour qu'on puisse reprendre la route ?

J'éteins la musique, et descends du capot pour retourner dans la voiture en essayant de ne pas claquer la portière cette fois.

C'était jouissif de le voir grincer des dents, mais c'est pas pour autant que je veux le réveiller.

Je le regarde dormir. Il a un bras sous sa tête, les yeux fermés, ses lèvres charnues sont aussi fermées. Son torse se lève et se baisse de manière régulière. Il a l'air tellement paisible. J'aimerais avoir un sommeil aussi paisible que le sien. Je laisse ma tête retomber sur l'appuie-tête dans un soupir.

Après une quinzaine de minutes, il commence à s'étouffer dans une toux violente. Il se redresse et ouvre la portière, toussant encore et encore. Ça ne se calme pas. Il est assis sur son siège, la portière grande ouverte, les jambes dehors et la tête dehors.

- T'as pas quelque chose à boire dans cette voiture ?

- ...Coffre.. réussit-il à dire entre deux quintes de toux.

Je sors à mon tour, contourne la voiture, ouvre le coffre et vois une glacière avec des bouteilles d'eau et du jus de fruit. Je prend une de chaque, vais vers lui et lui lui tenda les deux sans savoir ce qu'il veut.

Il relève la tête, en toussant encore. Il prend la bouteille de jus de fruit, mais je vois qu'il n'arrive pas à ouvrir la bouteille parce que ses mains tremblent. Je pose la bouteille d'eau sur le toit de la voiture, puis je m'accroupis devant lui, lui prends le jus de fruits des mains, l'ouvre et lui tend. Il prend la bouteille dans ses mains tremblantes et en boit un peu. Ça a l'air de calmer sa toux.

- Ça va mieux ?

Il hoche la tête sans me regarder.

Je prends appui sur la voiture et bois un peu d'eau. C'est seulement à ce moment-là que je me rends compte à quel point j'étais déshydratée.

Il boit encore et arrête de tousser après quelques minutes.

- Tu veux toujours pas que je conduise ?

Il rigole légèrement.

- Toujours pas.

Sa voix rauque est calme mais stricte. Je soupire et fait le tour de la voiture. Je prends place sur mon siège et attends que Monsieur décide qu'on parte.

Après quelques minutes, seize pour être précise, il se réinstalle sur son siège, ferme la portière et remonte son siège. Il démarre la voiture et repart.

- Tu lui dois quoi ?

- À qui ?

- Au pape, dis-je ironiquement. À Allan.

Il sourit discrètement, mais pas assez discret pour que je ne le vois pas.

- Qui a dit que je lui devais quelque chose ?

- Si tu lui dois rien, alors tu travailles pour lui.

- Je ne travaille pas pour lui.

Je crois que je l'ai vexé.. Mais je m'en fous.

- Si. T'es son putain de larbin, qui se tape presque huit heures de route pour venir me chercher à sa demande.

Il serre la mâchoire, avant de rire. Mais j'aime pas trop ce rire.

- À sa demande ? Ça fait un mois que je te cherche. Je t'ai trouvée, je suis venu te chercher. Je te ramène à lui dès que possible et après, je serai libre.

- Et en attendant que tu me ramènes en enfer, où va-t-on ?

Il hausse les épaules.

- Chez moi.

Après un moment. Je me lance.

- Il te fait du chantage ?

Il me regarde de ses yeux noirs, mais ne répond pas.

J'ai compris, j'en demande trop.

Je soupire en m'enfonçant dans mon siège. 

MALONEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant