Malik
03h35
La musique détruit mes tympans, ma tête est sur le point d'exploser. Je reprends un shoot de vodka et l'alcool brûle mon œsophage, ma vision se trouble au moment où je penche un peu trop fort ma tête en arrière.
Je vais m'évanouir, ou mourir. Je ne sais pas, la douleur dans mon crâne est insupportable, il faut que je sorte de cet endroit sinon je vais gerber ici. La foule se poussent, suent et hurlent faussement les paroles d'une chanson connue, je me fraye un chemin entre l'amas de gens autant imbiber d'alcool que moi et pousse, avec le peu de force qu'il me reste la porte en ferraille de la boîte. La froideur de la nuit claque mon visage en sueur, je respire.
Enfin.
Maintenant, il faut que je rentre, il est trois heures du matin, demain je dois aller en cours, je tiendrais jamais le coup, c'est impossible. Mes dents claquent, une chair de poule se crée sur mes bras, on est en octobre, les nuits se font de plus en plus froide et l'alcool ne me réchauffe pas. Je pense un instant à me faire vomir, il faut que je dessaoule sinon je n'arriverais jamais à rentrer chez moi.
Après quelques minutes de réflexion, les très peu de pensées rationnelles me repoussent de le faire, je vais y arriver, le club n'est pas très loin de chez moi après tout, ça devrait le faire.
Je reviens sur mes pas, devant la porte de sortie de la boîte, j'ai fait à peine un mètre que ma vision est floue, je retire ce que j'ai dit, je ne vais pas y arriver, mes mains tâtonnent le mur bétonné pour rester un semblant stable.
Quelque chose frappe violemment ma tête, je me sens tomber, mon corps est beaucoup trop lourd, impossible de me rattraper, mon visage tombe sur le bitume mouillé, mes yeux se ferment, des voix sont lointaines.
Black Out.
11h23
Quand j'ouvre les yeux, la lumière brûle ma rétine, je regarde autour de moi. Des murs beiges, habillée de quelque posters de sport, un équipement de footballeur, je ne suis clairement pas dans ma chambre, le réveil affiche onze heures vingt-cinq, je me maudis d'avoir bu autant.
– Merde, gromelais je en me relevant.
Ma tête me fait un mal de chien, bordel, mais où suis-je ? J'essaie de rassembler les quelques souvenirs de la soirée d'hier, des shoots de Vodka, la foule, le parking et ensuite, trous noirs.
Je prends mon téléphone, aucune notification.
Je marche vers la porte, quand celle-ci s'ouvre à la volée.
– Putain ! s'exclame une voix grave, ça fait deux fois !
Je sens un liquide chaud couler de mon nez, une douleur lancinante s'y propage instantanément, je jure intérieurement, des larmes se placent aux coins de mes yeux, l'inconnu pose une main sur sa bouche, il me prend par le bras pour m'emmener je ne sais où ?
– Lâche moi, dis-je en me retirant de sa poigne.
Ma voix est enrouée, les larmes perlées aux coins de mes yeux menacent de tomber d'un moment à l'autre.
– Oh calme, gars, j'ai pas fait exprès, dit-il en fronçant les sourcils.
Son visage ainsi que ses cheveux bouclés m'est familier mais impossible de mettre un nom sur cette inconnu.
– Viens en bas, faut mettre de la glace si-
Il a peine le temps de finir sa phrase que je me précipite dans la chambre pour prendre mes affaires, j'enfile mon pull, sans oublier de mettre du sang partout, je mets mon téléphone dans ma poche et replace ma main sur mon nez pour arrêter le saignement.
Je descends en vitesse les escaliers, la porte d'entrée est juste devant, je l'ouvre et j'essaie de courir comme je peux, malgré ma gueule de bois. Sans me retourner, je fuis la maison de cet étranger.
11h46
Quand je pose un pas dans ce taudis qu'est ma maison, ma mère est allongée sur le canapé, la même couverture, qu'elle a depuis des années est enroulée autour d'elle, seul ses cheveux blond y dépasse, les yeux fermés, une boite d'anxiolytique est posée à côté d'elle. Ma main passe en dessous de son nez.
Elle respire encore. Mes poumons extirpent l'air bloquée, mon rythme cardiaque redevient plus calme. Je suis terrifié d'imaginer la retrouver sur ce canapé, ne vivant plus, alors dès que je rentre chez moi, j'exerce ce geste si naturel, pour moi.
Depuis la disparition de mon frère, ma mère a vrillé, elle est tombée dans une sévère dépression qui l'empêche, jusqu'à aujourd'hui, de faire quoi que ce soit. Suite à sa disparition, tout ma famille, à en réaliter sombrer, mon père a perdu son travail de directeur marketing et suite à ça il est devenu un humain sans vraiment d'âme, il a quand même retrouvé un boulot dans une épicerie du coin, pour subvenir à nos besoins mais voire ma mère dépérir de jour en jour, sans pouvoir rien n'y faire, ne l'a pas arrangée.
Notre maison, il y a quelques années, si joyeuse, remplie de rires, est devenue un tombeau et la froideur persiste malgré les nombreux étés passés.
Ça va bientôt faire six ans que Matthew a disparu, mais pourtant le petit garçon en moi a toujours l'espoir de le retrouver, et j'y arriverai, au fond de moi je le sais.

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MYSTERIOUS STRANGER
Bí ẩn / Giật gânSix ans, c'est le nombre d'années passées à rechercher son frère, soit deux mille cent quatre-vingt-dix jours à essayer de découvrir la vérité. Malik Fields à dix-sept ans, habitant dans un petit village d'Oregon, le seul but de cet adolescent, retr...