MYSTERIOUS STRANGER

Chapitre XIII

Avy

7h07

Je tourne la clef dans la serrure et les range ensuite dans la poche de mon manteau, un côté de mon écharpe pend le long de mon corps, je place les bretelles de mon sac sur mes épaules à la va-vite et attends ensuite mon bus, en remplaçant mes habits, froissés.

Le bout de mes doigts est déjà gelé alors que ça fait à peine cinq minutes que je suis dehors. Heureusement, mon bus arrive dans la foulée. Je m'empresse de monter, me jette dans l'un des sièges peu confortables et mets mes écouteurs pour éviter d'être énervé par les gens qui crient dès le matin.

Je regarde le paysage, des arbres qui défilent sous mes yeux, puis je retire finalement mon écharpe, la laissant pendre lâchement autour de mon cou.

Mon téléphone sonne et je regarde les environs, certaines personnes regardent dans ma direction, je sens mes joues chauffer, j'avais complètement oublié de le mettre en silencieux, mais je maudis déjà la personne qui m'a envoyé ce satané message.

Ma mère.

Je reste quelques minutes léthargique devant mon écran, étonné. À cette heure, elle est censée dormir, j'éteins mon téléphone et continue d'écouter ma musique, sans même regarder ce qu'elle me veut.

Dire que je n'aime pas ma mère est un euphémisme, honnêtement, je la hais.

Je sais que réfléchir comme ça peut refléter un manque de maturité, mais ma mère ne m'a jamais réellement porté d'amour. Mon père est parti quand je suis née et elle m'a toujours considéré comme un accident, alors, même si elle ne m'a pas abandonné, parfois c'est tout comme.

Quand j'étais petite, j'ai toujours dû me débrouiller seule. Quand j'ai eu l'âge pour savoir faire à manger seule, ma mère se souciait encore moins de moi.

La nuit, elle partait, je ne sais où. Parfois le matin, je retrouvais des inconnues chez nous, cela dépendait. Je ne me rappelle plus des visages de ces hommes, seulement de leurs regards étonnés quand il me voyait débarquer dans la cuisine. Je ne me rappelle pas non plus que ma mère me saluait le matin, elle me demandait simplement de lui rapporter une bière quand les inconnues partaient.

Aussi loin que je me souvienne, je ne l'ai jamais entendu dire "je t'aime", à qui que ce soit.

Maintenant, elle s'est remariée avec Grégoire Morrow, maire de la ville de Silverton, il a un fils, Liam Morrow, que je peux encore moins supporter que ma mère, c'est pour dire. Elle se contente de m'ignorer, lui fait tout le contraire, ce mec amène ses potes à la maison et je déteste ça, il se prend pour le roi de cette ville alors que ce type est le plus gros bouffon que je connaisse.

Le bus s'arrête, je descends. En ouvrant les portes en métal bleu du lycée, le couloir principal est blindé, je jure dans ma barbe. Je sens déjà que cette journée va me tuer.

10h00

En sortant de la classe d'histoire, des crampes me prennent soudainement le bas du ventre, je grimace et me dirige vers mon casier pour reposer mon manuel en ignorant le plus possible les douleurs.

Je referme la porte en ferraille bleue. Deux bras entourent subitement mes hanches, des mains bronzées font un nœud avec une veste noire, puis je mets du temps à comprendre que j'ai mes règles.

– T'as une tache, chuchote Alexy, peu rassuré.

Mes joues doivent être brûlantes, la honte me submerge, je suis vraiment bête de ne pas y avoir pensé plus tôt.