MYSTERIOUS STRANGER

Chapitre I

Malik

8h29

La tête dans les bras, le bruit des discussions environnantes sont la seule chose qui me tient éveillé, un prof arrive, je me relève enfin, quittant avec un réel regret la chaleur de mes bras, ma nuque craque et j'attends qu'il commence son cours, ma tête avachie sur mon poignet.

Monsieur Warren est un prof d'anglais, ses cours sont les seuls qui peuvent capter mon intention. Pas qu'étudier Shakespeare ou Agatha Christie me plaise, non loin de là, je n'ai jamais vraiment été littéraire, mais il met de la passion dans ses cours. Ce trentenaire fan de littérature anglaise a toujours une blague bien placée ou une remarque sarcastique qui fait souffler du nez même les plus passifs de cette classe, alors pour une fois, je prends sur moi et essaie de suivre un minimum ce qu'il dit.

Pourtant regarder par la fenêtre et plonger dans ses pensées est plus que tentant, donc je me laisse quelques minutes de répit, Ophélie et Hamlet peuvent bien attendre.

Les "quelques minutes" se transforment vite en une demi-heure et j'ai à peine le temps de me retourner vers le tableau rempli de feutre Velleda noir que le prof finit son cours.

J'agrippe la racine de mes cheveux, agacée de me laisser distraire si facilement, mais je n'ai plus le temps pour noter, j'agrippe mon sac et range mes affaires rageusement.

– Pour finir, je prends le nom des groupes et je vous laisse partir ! déclare Warren, un bloc-note en main.

De nombreux bras se lèvent, au fur et à mesure qu'un vacarme remplit la salle.

Des groupes ? Putain, manquait plus que ça.

La sonnerie sonne enfin, je m'empresse de ranger mes dernières affaires et de sortir de la salle, malheureusement j'ai à peine fait un pas en dehors que la voix de mon prof retentit derrière moi.

– Fields, pas si vite !

Pendant que la classe part, une fille attend également devant le bureau du prof.

– Vous deux, vous n'êtes pas dans un groupe.

La fille à côté de moi tire sur les lanières de son sac à dos. Ses cheveux bruns sont attachés en chignon bas, fait sûrement à la va vite vu les mèches qui veulent s'échapper de ce dernier. Une veste bordeaux, un peu trop grande pour elle, tombe sur ses épaules et le bas de son jean est mouillé, sûrement dû à la pluie de ce matin. Je ne sais pas qui c'est ni comment elle s'appelle et, honnêtement, je n'ai aucune envie de le savoir.

– Alors je vous mets ensemble, poursuivit-il, d'une voix beaucoup trop enthousiasme à mon goût.

– C'est vraiment impossible de le faire seul ? demande la fille, grimaçant au dire de Warren.

Le prof passe sa main dans sa barbe de quelques jours pour ensuite remonter ses lunettes en forme de cercle sur le haut de son nez.

– Non, je suis vraiment désolée, mais j'ai bien précisé que le travail devait être fait à deux minimum, il continue à la vue de nos visages défaitistes. Je sais que c'est dur pour vous deux de travailler en groupe, mais faites un petit effort, ça ne peut que vous apporter du positif.

La fille laissa échapper un soupir avant de partir, je fais de même, agacé par cette journée. Cette nouvelle ne m'enchante pas, auparavant, je m'étais toujours débrouillée pour faire les projets en groupes, seul, mais je savais que je n'arriverais jamais à convaincre ce prof, il est bien trop têtu pour qu'on le contredise, même si je n'ai pas vraiment essayé de changer mon sort, je savais d'avance que s'étaie inutile.