Chapitre 5

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On rentre jusqu'à notre cité et ma sœur se met à parler d'histoires d'amour. Je l'écoute à moitié, mais elle insiste alors je lui sort :

« bah vas-y dis-moi comment tu ferais pour aborder une meuf toi ? »

Elle se met direct à rire, genre elle se fout de moi.

« Sérieux, Jabari ? À ton âge, tu sais toujours pas comment faire ? »

J'lui lance un sale regard pour lui faire comprendre qu'elle abuse, mais elle continue à sourire, genre elle a capté que je suis dans le flou.

Je lui dit : « Ouais, c'est bon, ferme-la un peu. C'est juste que cette fois, c'est pas pareil, tu vois ? J'peux pas juste aller la voir comme ça, l'aborder direct. Elle est... différente. Comment je pourrais faire ? »

Elle rigole encore, secoue la tête, puis elle prend un air sérieux.

« Franchement, ce qui marche à tous les coups, c'est les cadeaux. Fleurs, bijoux, maquillage... une petite attention qui montre que t'es sérieux, que t'es pas là juste pour faire genre. »

Je me retiens de rire. C'est quoi ces trucs de Disney ? Les fleurs, les bijoux, tout ça... Mais en même temps, je me dis qu'elle a peut-être raison.




Je réfléchis en rentrant, et dans ma tête ça tourne. Cette idée de cadeau, ça commence à faire son chemin  et, au lieu de rentrer direct chez moi, je me dis que je pourrais passer devant chez elle, histoire de vérifier qu'elle est bien rentrée.

J'arrive dans son quartier, et là, dans l'allée de son immeuble, je remarque un gros carton. Le meuble qu'elle a acheté, celui qu'elle avait dit au vendeur qu'elle galérerait à monter toute seule.

Je reste un moment à le regarder, en me disant qu'elle doit vraiment galérer pour monter ça toute seule. Je me souviens de ses mots : elle a dit au vendeur qu'elle avait un petit escalier et qu'elle pourrait pas le porter. Alors, sans trop réfléchir, je m'approche, je soulève le carton et je monte doucement les marches jusqu'à sa porte. C'est lourd, mais bon, j'ai connu pire.

Une fois là-haut, je pose le meuble devant sa porte. Je me dis que ça lui facilitera la vie quand elle rentrera, qu'elle aura juste à le tirer dans son appart sans galérer. C'est pas grand-chose, mais au fond, ça me fait plaisir de faire ce geste pour elle, même si elle saura jamais que c'est moi. C'est comme un petit secret, un truc qui me fait me sentir un peu plus proche d'elle, même si elle sait même pas que j'existe.

Je redescends aussi vite, sans regarder en arrière, avec cette drôle de sensation dans le ventre. Je sais que c'est pas grand-chose, mais pour moi, c'est déjà énorme.

Je rentre chez moi avec des idées plein la tête. Peut-être que si elle savait que quelqu'un pense à elle, ça la toucherait. Alors, je me dis que je vais lui offrir un petit truc, rien de trop lourd, juste un truc qui montre qu'elle compte, même si elle sait pas encore qui je suis.





Le lendemain, je passe devant une boutique de fleurs, et là, sans trop réfléchir, je me décide pour un bouquet de roses blanches. Un truc simple, classe, pas trop voyant. Et j'prends une petite carte, où j'écris juste : "Pour toi, parce que tu le mérites." J'écris pas mon nom, rien, j'garde le mystère.

La nuit tombée, je me faufile jusqu'à son immeuble, le cœur qui bat comme un malade. J'monte les escaliers doucement, et une fois devant sa porte, je pose le bouquet et la carte. J'hésite une seconde, mais finalement, je me tire avant que quelqu'un me voit.

Je passe la nuit à imaginer sa réaction. Est-ce qu'elle va kiffer ? Est-ce qu'elle va chercher à savoir d'où ça vient ?

Le lendemain matin, je retourne discrètement près de chez elle. Je me planque dans la voiture et j'attends. Elle sort, elle voit les fleurs, et là, je la vois sourire. Direct, je me sens comme un ouf. Elle regarde autour, un peu paumée, mais elle finit par prendre le bouquet et elle rentre chez elle. Juste ce sourire-là, ça valait le coup. Je me sens vivant.

Les jours passent, et j'arrête pas de penser à elle. J'veux continuer le jeu, alors je passe devant une bijouterie et je tombe sur un petit pendentif en forme de papillons brillant. Je l'imagine déjà le porter, sans savoir que ça vient de moi. Je l'achète direct.

Je retourne chez elle de nuit. Cette fois, je pose le pendentif avec une carte : "Pour te rappeler que quelqu'un veille sur toi."

Je deviens un espèce d'admirateur secret zerma, laissant des petits signes sans jamais me montrer. Ça me plait, ce truc-là, ce mystère. Et je me demande combien de temps je vais réussir à rester dans l'ombre, ou si un jour j'aurais les couilles de me dévoiler. Pour l'instant, je kiffe juste savoir qu'elle reçoit ces cadeaux, en espérant qu'un jour, elle devine que je suis là, juste pour elle.




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De voleur à loveur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant