Chapitre 8

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Cette fois, j'ai décidé de jouer gros. J'en ai marre de cette vie qui me traîne toujours vers le fond. Je me suis dit que si je faisais un dernier coup, un truc qui rapporte vraiment, je pourrais enfin m'en sortir. Plus de galères, plus de business à la petite semaine. Juste un dernier gros coup, et après, je m'efface.

Le plan, ça fait des semaines que j'le peaufine. C'est pas n'importe quoi. On parle pas de dépouiller un petit dealer ou de taper une supérette. Non, là, c'est du sérieux : un cambriolage chez un joueur de foot du PSG. Un gars blindé à mort, avec des bijoux, des montres, des liasses de cash. L'info m'est venue par un contact : il serait en déplacement, la maison vide, système de sécurité basique.

On est trois sur le coup. On passe des nuits à checker les plans, les routines, la sécurité. Chaque détail compte. Je me concentre à fond, j'ai la rage et je sais que c'est ma dernière chance.

Du coup, pendant ces semaines de préparation, j'la vois plus. Je passe plus devant chez elle, plus de fleurs, plus de cartes. J'me dis que ça vaudra le coup une fois que tout ça sera fini, une fois que j'aurai tout quitté.

Le soir du coup, on est tous prêts.

L'adrénaline me prend direct, j'sais que je joue gros, mais j'me dis que c'est pour la bonne cause. On arrive devant la baraque, planqués dans l'ombre. On a tout pour passer en mode furtif, pour s'introduire sans bruit. On entre par une fenêtre, et à l'intérieur, c'est le jackpot.

On entre dans la villa en mode furtif, à trois, comme des ombres dans la nuit. Le cœur bat à cent à l'heure, l'adrénaline qui fait vibrer chaque muscle. J'ai l'impression d'être dans un film. Tout se passe exactement comme prévu : on est dedans, on passe les alarmes, on avance à pas feutrés. On a chacun notre rôle, pas un mot de trop, juste des gestes précis, bien calés.

On entre dans le salon, et là, c'est un autre monde. Des objets de luxe partout, des trucs qui coûtent plus cher que tout ce que j'ai jamais touché. On ouvre les tiroirs, on fouille les étagères. Moi, je récupère les montres, y'en a une qui brille tellement qu'elle doit valoir une fortune. Les autres trouvent des bijoux, des colliers incrustés de pierres, des bracelets en or massif. On fait le tri rapide, on empoche tout ce qu'on peut.

Plus j'avance dans la maison, plus je me sens invincible. J'me dis que c'est bon, que c'est cette nuit que tout change. Que tout ça, c'est pour la liberté, pour elle, pour me barrer de cette vie.

À ce moment-là, j'y crois. J'me dis que c'est le dernier tour, que j'aurai enfin les moyens de lui offrir quelque chose de vrai.

Sauf qu'un truc commence à me titiller.

Un silence un peu trop pesant.

Y'a des bruits, dehors, des petits craquements. J'me dis que c'est juste la pression, que c'est normal.

Mais ça devient plus fort, plus net. C'est comme un murmure qui monte, qui grandit.

Je regarde mes gars, et eux aussi commencent à se figer.

Un de mes potes fait signe de se calmer, mais le bruit dehors devient plus insistant. J'ose un regard vers la fenêtre, et c'est là que je les vois.

Les gyrophares. Ces putains de gyrophares qui éclairent la nuit, rouges et bleus, en tournant, comme des phares de fin du monde.

Mon cœur s'arrête. J'ai juste le temps de comprendre que c'est fini, que c'est la fin de tout. J'entends des cris, des ordres de se rendre. Mon cerveau tourne à cent à l'heure, j'essaie de trouver une issue, un moyen de sortir de là, mais c'est trop tard. Ils sont partout, y'a pas d'échappatoire.

Les flics défoncent la porte, le bruit explose dans la pièce. J'entends mes potes qui paniquent, qui essaient de courir, mais moi, j'suis cloué au sol. La réalité me frappe comme un coup de poing. J'ai beau vouloir fuir, je sens que c'est terminé. Y'a des mains qui m'agrippent, qui me plaquent au sol. Le carrelage froid sous ma joue, les menottes qui se resserrent autour de mes poignets.

Et là, le choc. Tout ce que j'ai construit, tout ce que j'ai rêvé, s'effondre d'un coup. Ce soir, c'était censé être la porte de sortie. Et au lieu de ça, c'est celle qui se referme sur moi, comme une trappe qui m'enferme pour de bon.

Je pense à elle. À tout ce que j'avais prévu, à ce futur que j'ai bousillé. J'ai tout perdu, et maintenant je me retrouve là, à terre, comme un mec qui n'a jamais su faire les bons choix. J'entends encore les sirènes, les voix, les bruits autour de moi, mais tout devient flou. C'est fini, et je le sais.

Je reste là, au sol, les mains derrière le dos, les menottes qui me serrent. Dans ma tête, je me dis que j'ai tout perdu. Ce rêve de la retrouver, de lui offrir une autre vie, de la rendre fière... Tout ça, c'était juste une illusion. En vrai, j'suis coincé dans cette vie, et j'vois plus comment je pourrais m'en sortir. Elle, elle mérite mieux que ça, mieux que moi. Mais là, y'a plus rien que je peux faire. C'est la fin du rêve, et j'ai plus qu'à accepter ma chute.




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De voleur à loveur Où les histoires vivent. Découvrez maintenant