La Chute de Matthieu Beauvois

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Delilah restait silencieuse, le visage fermé, alors que Lucius passait en revue les données extraites de l'ordinateur d'Allan Wells. Son esprit était empoisonné par le flot constant de souvenirs douloureux, et chaque nom sur sa liste, chaque visage, la ramenait à ces nuits où elle n'était qu'une enfant, vendue aux monstres. **Matthieu Beauvois** n’était pas seulement un enseignant respecté, il était un prédateur déguisé en protecteur.

Lucius, penché sur son écran, fronça les sourcils. « Ce type... C’est encore pire que ce qu’on pensait. »

Delilah leva les yeux, ses poings se serrant sur la table. « Qu’est-ce que tu as trouvé ? »

« Des vidéos. Des enregistrements de lui… avec ses élèves. » Il détourna le regard un instant, visiblement dégoûté. « Des attouchements. Il enregistrait tout. On a aussi trouvé des photos de toi, habillée en écolière. »

Le cœur de Delilah se serra, mais elle ne laissa rien paraître. Matthieu l’avait toujours déguisée en écolière lorsqu’il venait la voir. Il prenait plaisir à la voir dans ces tenues, reproduisant ses fantasmes les plus immondes. Elle se souvint de la fois où il lui avait murmuré à l'oreille : « Tu es tellement belle dans cette tenue, Delilah. Comme une vraie petite fille. » Des frissons de dégoût lui parcoururent encore l'échine à cette pensée.

« Envoie tout ça à sa femme, » ordonna-t-elle. « Et aux parents de ses élèves. Ils méritent de savoir. »

Lucius hocha la tête, activant l’envoi des vidéos. Delilah savait que cette fois-ci, elle n’aurait pas besoin de se salir les mains. Les parents allaient s'occuper de lui.

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**Le lendemain matin, la photo de Matthieu Beauvois était partout.**

Aux informations, les chaînes locales diffusaient en boucle des extraits floutés des vidéos découvertes sur son ordinateur. Le visage du professeur, autrefois aimé et respecté par les parents et les élèves, était désormais le visage de la honte et du scandale. À l’école où il enseignait, des familles brisées se rassemblaient dans l'incompréhension et la rage. Les mères pleuraient, les pères fulminaient. Mais une personne en particulier n’allait pas rester sans agir.

**Monsieur H**, le père d'un des enfants abusés, était un gardien de prison endurci. Il avait vu les pires côtés de l'humanité durant sa carrière, mais rien n’avait préparé son cœur à l’idée que son propre fils avait été victime d’un homme en qui il avait placé sa confiance. Il ne pouvait plus se contenter d’attendre que la justice prenne les devants. Ce n'était plus qu'une question de vengeance. Il fallait qu’il agisse.

Ce matin-là, Monsieur H attendait, les mâchoires serrées, devant la maison de Matthieu, son arme à feu prête, entouré d'une foule de parents furieux. Certains portaient des pancartes, d'autres des bâtons, mais tous partageaient une colère sourde et implacable. Ils attendaient, mais l’attente n’allait pas durer éternellement.

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À l'intérieur de la maison, Matthieu Beauvois était en proie à la panique. Il avait vu les informations, lu les messages haineux, reçu des appels menaçants. Mais c'était la foule dehors qui le terrorisait le plus. Ils savaient tous où il vivait. Ils étaient là pour lui, et ils ne partiraient pas tant qu'ils n'auraient pas obtenu justice.

« Je t’en prie, laisse-moi rester ici ! » supplia Matthieu, s’accrochant au bras de sa femme, ses yeux larmoyants remplis de terreur.

Elle le regardait avec dégoût, dégageant son bras brutalement. « Je ne veux plus te voir ici, Matthieu. Tu as détruit notre famille, tu as brisé des vies ! »

Il se laissa tomber à genoux, suppliant. « S'il te plaît, je t’en supplie, ils vont me tuer si je sors… Je n’ai nulle part où aller. »

« C’est tout ce que tu mérites, » répondit-elle froidement, ses yeux pleins de mépris. Elle se tourna et quitta la pièce, le laissant seul avec sa terreur.

Matthieu resta un instant, tremblant, réalisant que c'était la fin. Il savait que sa vie, telle qu’il la connaissait, était terminée. La foule dehors commençait à devenir bruyante, leur colère grandissant à mesure que le temps passait. Ils voulaient du sang.

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**Le premier coup de feu retentit.**

La balle, tirée par Monsieur H, traversa la barrière de la maison, brisant la serrure. Avec un bruit sourd, la porte céda sous la pression de la foule déchaînée. Ils entrèrent en masse, comme une horde, enfonçant la porte d’entrée de Matthieu, prêts à en finir.

Matthieu tenta de se réfugier dans une chambre à l’étage, mais avant qu’il n’ait pu atteindre la porte, Monsieur H, furieux et armé jusqu’aux dents, le rattrapa. D’un coup sec, il tira une balle dans sa jambe, le faisant tomber au sol dans un cri de douleur. Matthieu se tordait sur le sol, gémissant, suppliant, mais il n’y avait aucune pitié dans les yeux de ceux qui l'entouraient.

Les parents le saisirent, le traînant violemment à travers le salon. Certains le frappaient de toutes leurs forces, d'autres lui jetaient de la nourriture, voire des excréments, comme pour souiller encore plus son corps déjà meurtri. Matthieu tentait en vain de se dégager, ses cris se mêlant aux insultes des parents enragés. Mais sa tentative d’évasion fut vaine.

Monsieur H s’avança, son visage déformé par la rage, tenant fermement un tuyau en fer. « C’est pour mon fils, ordure. » Il leva l’arme improvisée et l’abattit violemment sur Matthieu.

Ce fut le signal pour les autres. L’enseignant tordu fut assailli par une pluie de coups. Des tuyaux, des ceintures, des manches à balai. Chaque coup faisait éclater la douleur dans tout son corps. Il sentait ses os se briser, son souffle se raccourcir, mais personne ne s'arrêtait. Personne ne voulait arrêter.

Matthieu agonisait sur le sol, le corps en sang, incapable de bouger. Ses yeux cherchaient désespérément une issue, une échappatoire, mais il n’y avait que des visages déformés par la haine, des poings prêts à frapper encore et encore.

Finalement, après de longues minutes de supplice, le silence tomba. Les parents, haletants, laissèrent son corps brisé au milieu de la pièce. Il ne bougeait plus. Matthieu Beauvois, enseignant respectable le jour, prédateur la nuit, avait fini par payer pour ses crimes. Son visage tuméfié et ensanglanté gisait dans une flaque de son propre sang. Il n'était plus qu'un cadavre martyrisé, victime de la colère des parents qu'il avait trahis.

La foule se dispersa, laissant la maison dans un chaos silencieux. Monsieur H resta le dernier, regardant le corps inerte de l’homme qui avait détruit tant de vies. Il lâcha enfin son arme improvisée, respirant lentement.

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De retour au QG des Hell’s Sons, Delilah regardait la scène à la télévision avec une satisfaction glaciale. Matthieu Beauvois avait payé le prix fort, et elle n'avait même pas eu besoin de lever le petit doigt. La justice avait pris une forme brutale, mais c'était la seule justice que ces hommes méritaient.

Elle rayait méthodiquement le nom de **Matthieu Beauvois** de sa liste.

**Matthieu Beauvois : [💣] Terminé.**

Elle se tourna vers Lucius, qui la regardait en silence.

« Un de moins, » dit-elle calmement.

Lucius acquiesça. « Qui est le prochain ? »

Delilah ne répondit pas immédiatement. Elle savait que chaque mort la rapprochait de sa propre descente dans les ténèbres, mais c'était un chemin qu'elle s'était juré de suivre jusqu'au bout.

Elle posa son regard sur la liste et sourit froidement.

« **Bill Carlson**. »








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