Le lendemain matin, Delilah se sentait comme si elle avait été déchirée en deux. Sa confrontation avec **Elle** la veille l'avait laissée épuisée, mentalement et émotionnellement. Les autres membres du Hell's Sons étaient déjà éveillés, prenant leurs petits-déjeuners ou s'occupant de leurs motos. Mais aujourd'hui, quelque chose était différent. L'atmosphère semblait lourde, presque électrique, et Delilah le sentait dans chaque fibre de son corps.
Elle s'efforça de garder la tête haute en traversant la salle principale, ignorant les regards furtifs qui se tournaient vers elle. Mais à chaque pas, ses pensées devenaient plus confuses, plus chaotiques. **Elle** chuchotait encore, insidieuse, se faufilant dans son esprit comme une ombre qu'elle ne pouvait pas repousser.
« Ils te regardent tous, » murmura **Elle** dans son esprit. « Ils savent que tu es brisée. Ils attendent que tu tombes. »
Delilah serra les poings, ses ongles s'enfonçant dans ses paumes. Elle essayait de se concentrer sur quelque chose, n'importe quoi, pour ne pas céder à la voix qui la poussait vers l'abîme. Mais les murmures ne s'arrêtaient pas. La tension dans son corps s'intensifiait, et soudain, tout devint trop lourd à porter.
Elle s'arrêta net au milieu de la salle, les yeux fixés sur le sol, sa respiration devenant de plus en plus erratique. **Weeb**, qui était en train de bricoler un ordinateur à quelques mètres, remarqua immédiatement le changement en elle.
« Delilah ? Ça va ? » demanda-t-il, la voix pleine d'inquiétude.
Elle ne répondit pas, ses mains tremblant légèrement alors qu'elle essayait désespérément de retrouver son calme. **Elle** riait maintenant, un rire froid et moqueur résonnant dans sa tête.
« Regarde-toi. Une pauvre fille perdue dans sa propre folie. »
Le monde autour d'elle commençait à se brouiller. Les voix des membres du club devenaient des échos lointains. **Joker**, qui venait d'entrer, s'approcha, remarquant son visage pâle et tendu.
« Hey, D, qu'est-ce qui se passe ? » demanda-t-il, une lueur d'inquiétude dans ses yeux.
Mais **Delilah** ne l'entendait plus. Ses pensées étaient noyées dans une cacophonie de souvenirs, de douleurs, de rires cruels. Tout ce qu'elle avait enduré, tout ce qu'elle avait infligé, revenait à la surface avec une violence inattendue.
Elle lâcha un cri rauque, reculant brusquement, ses mains s'agrippant à ses cheveux comme si elle essayait d'arracher la voix de son esprit.
« TAIS-TOI ! » hurla-t-elle, attirant l'attention de tout le club. Le silence tomba instantanément dans la salle. Tous les regards étaient maintenant braqués sur elle, la stupéfaction se lisant sur chaque visage.
Swart fit un pas en avant, prêt à intervenir, mais il n'eut pas le temps de réagir. **Delilah** se laissa tomber à genoux, ses mains toujours serrées autour de sa tête, ses larmes coulant librement maintenant.
« Je n'en peux plus... » murmura-t-elle entre deux sanglots, sa voix brisée. « Faites-la taire... faites-la partir... »
Les membres du club échangèrent des regards perplexes. Personne ne savait quoi faire ou dire. Tous avaient vu **Delilah** comme une femme forte, implacable, celle qui menait sa mission de vengeance avec une froide détermination. Mais là, devant eux, elle s'effondrait complètement, submergée par un fardeau qu'elle ne pouvait plus supporter.
C'est à ce moment-là que la porte du bureau d' El Diablo s'ouvrit.
El Diablo, s'avança lentement, son regard sombre et impénétrable fixant sa fille à genoux. Il savait depuis longtemps que quelque chose clochait chez elle, qu'elle était déchirée entre sa vengeance et ses démons intérieurs. Mais la voir ainsi, brisée devant tous, c'était une vision qu'il n'aurait jamais imaginée.
Il s'approcha doucement, écartant Swart et Joker d'un geste de la main, et se pencha vers Delilah. Son cœur se serra à la vue de sa fille dans cet état, mais il savait qu'il devait rester calme pour elle.
« D... regarde-moi, » murmura-t-il d'une voix grave, mais douce.
Delilah secoua la tête, toujours perdue dans son délire, ses mains griffant presque son propre visage.
« Je n'y arrive plus... elle est là... elle ne part pas... » sanglotait-elle.
El Diablo posa doucement ses mains sur ses épaules, serrant légèrement pour capter son attention. « Hey... je suis là. Papa est là. Regarde-moi. »
Les mots atteignirent Delilah, perçant la brume dans son esprit. Elle leva les yeux vers son père, ses larmes inondant son visage, mais quelque part, elle trouva la force de se raccrocher à ce qu'il représentait. Son père, son roc.
« Je... je suis désolée, » murmura-t-elle faiblement.
El Diablola tira doucement vers lui, l'enveloppant dans une étreinte protectrice. Il pouvait sentir à quel point elle tremblait, à quel point elle était au bord du gouffre. Tout ce qu'elle avait enduré depuis qu'il l'avait retrouvée la consumait de l'intérieur.
« Chut... ça va aller, » dit-il en caressant ses cheveux. « Je suis là, Delilah. Tu n'as pas à porter tout ça toute seule. »
Il s'éloigna légèrement pour la regarder dans les yeux, sa voix toujours calme mais ferme. « Tu es forte, mais même les plus forts ont besoin d'aide. Tu n'es pas seule dans cette bataille. »
Delilah hocha la tête faiblement, ses sanglots se calmant peu à peu sous l'effet de sa présence apaisante.
« J'ai... j'ai peur de devenir comme eux, » avoua-t-elle enfin, sa voix brisée. « Comme ceux que je déteste. »
El Diablo la regarda avec une intensité nouvelle. « Tu n'es pas eux. Tu ne le seras jamais. Ce que tu fais, c'est pour réparer ce qu'ils t'ont volé. Mais tu dois trouver une autre voie. Parce que si tu continues comme ça, tu vas te perdre. Et je refuse de te voir sombrer. »
Un silence s'installa entre eux. Le reste du club, bien qu'encore présent, semblait lointain. Tout le monde respectait ce moment, personne n'osant interrompre cette conversation entre un père et sa fille.
« Papa... » murmura Delilah, ses yeux implorant. « Comment tu fais pour... pour supporter tout ça ? »
El Diablo soupira doucement. « On supporte parce qu'on a pas d'autre choix. Mais on survit grâce aux gens qu'on aime. Et tu as des gens qui t'aiment ici. Moi, Swart, Joker... on est là pour toi, même si tu ne nous laisses pas entrer. »
Il la serra un peu plus contre lui. « Mais tu dois te battre. Pas seulement contre eux, mais contre toi-même. Tu dois trouver un moyen de te libérer de ce fardeau. »
Les mots de son père résonnèrent en elle, et pour la première fois depuis longtemps, Delilah sentit une brèche dans le mur qu'elle avait érigé autour d'elle. Peut-être qu'il avait raison. Peut-être qu'elle devait cesser de lutter seule.
Elle hocha lentement la tête contre son torse, ses larmes coulant toujours, mais cette fois, elles n'étaient plus remplies de la même douleur destructrice. Elles étaient un début, un pas vers la guérison, même si ce chemin semblait encore long et tortueux.
El Diablo murmura doucement à son oreille, « Je t'aime, Delilah. Quoi qu'il arrive. N'oublie jamais ça. »
Elle ferma les yeux, se laissant aller à cet instant, à cette promesse silencieuse. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sentit en sécurité, même au milieu de ce chaos.
Mais au fond de son esprit, **Elle** restait tapie, attendant le moment opportun pour revenir...

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El Diablo
Fiksi UmumDelilah, une jeune fille orpheline de 16 ans ,qui a toujours eu une vie mouvementée et tourmentée, se retrouve plongée dans le monde des Bikers . Dans un club dirigé par El Diablo. Elle devra démêler le vrai du faux et faire confiance aux bonne pers...